Le site Colbert de la faculté d’économie et de gestion d’Aix-Marseille Université, situé sur la place de la Halle Puget, à la croisée de la Porte d’Aix, de Belsunce et du quartier Colbert, pourrait fermer ses portes à cause de l’insécurité liée au trafic de drogue. C’est ce qu’a annoncé, Eric Berton, président d’Aix-Marseille Université, dans une lettre, dont l’AFP a obtenu la copie, envoyée au préfet et à la préfète de police des Bouches-du-Rhône, ainsi qu’à la procureure et au maire de Marseille. « Comme vous le savez, après des mois d’inquiétude et d’alerte, le doyen de la faculté d’économie et de gestion du site Colbert à Marseille a pris la décision de fermer l’accès à ce bâtiment aux étudiants et aux personnels, faute de pouvoir assurer leur sécurité. »
La fermeture du site Colbert, doit prendre effet vendredi après les cours et durer jusqu’au 13 octobre, dans l’espoir de trouver des solutions pour résoudre le problème, a précisé une source universitaire à l’AFP. Les étudiants peuvent suivre leurs cours à distance.
A la mi-septembre, lors d’une conférence de presse particulièrement inquiétante concernant la situation de la sécurité dans le centre-ville de Marseille, le président de la CCI métropolitaine, Jean-Luc Chauvin, avait alerté sur les conditions de la rentrée universitaire sur ce site de la halle Puget, tout comme Thérèse Basse, la responsable de l’association des commerçants de Belsunce.
Face à cette situation très dégradée, la préfecture de police a décidé de réagir. Une réunion s’est tenue, mercredi 4 octobre, à la préfecture de police à la demande de Frédérique Camilleri, la préfète de police des Bouches-du-Rhône. Le rendez-vous s’est déroulé en présence notamment d’Eric Berton, président d’Aix-Marseille Université, Yannick Ohanessian, adjoint au maire chargé de la sécurité et Sophie Camard, maire des 1er et 7e arrondissements. Le but était de faire le point sur la situation du site Colbert et de proposer des solutions. « On ne peut sortir de cette situation uniquement par le dialogue qui doit avoir lieu dès que les difficultés commencent. J’espère que cette réunion va permettre de sortir de la crise rapidement. » déclare à la presse la préfète à la suite de la réunion.
Halle Puget : « L’objectif est rassurer et rétablir les liens de confiance » (Frédérique Camilleri)
Frédérique Camilleri annonce « avoir proposé de mettre des policiers sur un point fixe de façon permanente, visible et plus durable, dès aujourd’hui, sur cette place pour pouvoir rassurer et rétablir ces liens de confiance avec le personnel et les étudiants et pour suivre [notre] renforcement de la présence policière et du démantèlement de tous les points de deal et les points de consommation qui ont lieu autour de ce quartier. »
🚨👮♂️La police est & restera présente pour sécuriser le site universitaire de Colbert :
— Préfète de police des Bouches-du-Rhône (@prefpolice13) October 4, 2023
👉En 1 mois, 29 interpellations pour trafic sur le secteur.
👉Pression maintenue : 42 opérations CRS en septembre, en complément de la présence quotidienne de @PoliceNat13. pic.twitter.com/tdfzhEdRju
Alors que de nombreux membres du personnel de la faculté Colbert ont décidé de se mettre au télétravail, la préfète de police assure « qu’un retour en présentiel est possible dès demain matin (jeudi), dans les conditions normales, car il est hors de question que le service public plie face à ces dealers. »
Plus généralement, elle explique que la préfecture de police est engagée avec la Ville de Marseille dans un plan d’augmentation du nombre de caméras, un outil indispensable pour les enquêtes selon elle. Outre le site de Colbert, Frédérique Camilleri demande à la police nationale « qu’à chaque fois qu’il y a des situations qui nuisent aux services publics, de pouvoir mettre le paquet pour qu’il n’y ait pas d’interruption et qu’il y ait un accompagnement des personnels concernés. »
« Un plan de reprise du centre-ville en termes de sécurité avec des patrouilles plus fréquentes »
Frédérique Camilleri
Elle annonce également travailler sur « un plan de reprise du centre-ville en termes de sécurité avec des patrouilles plus fréquentes à hauteur d’homme dans le but de ne pas laisser des situations compliquées s’installer et en arriver à des extrêmes comme celle du site de Colbert. »
Au sortir de la réunion, Eric Berton, se félicite de cette grande rapidité d’exécution. « C’est une grande satisfaction de voir ces problématiques être prises en considération rapidement avec des mesures concrètes qui vont rassurer tout le monde et qui vont répondre aux attentes de sécurité. C’est une grande avancée sur ce dossier et nous en sommes très satisfaits des solutions trouvées. »
Eric Berton : « Avec de telles mesures, les étudiants pourront reprendre rapidement les cours en présentiel »
Interrogé à propos d’une possible reprise des cours en présentiel très rapidement, Eric Berton va sonder les personnels du site de Colbert : « je vais les prévenir et je suis persuadé qu’avec ces conditions-là, ils vont pouvoir évoluer dans leurs réflexions. Je ne me fais peu de soucis, avec de telles mesures pérennes et concrètes, cela va bien se passer et les étudiants pourront reprendre très rapidement les cours en présentiel. »
Présent pour représenter la Ville, Yannick Ohanessian, adjoint au maire de Marseille chargé de la sécurité, annonce, à la suite de la réunion, « la mobilisation totale de la Ville sur ses questions, l’accompagnement et la solidarité avec AMU, mais aussi notre volonté de toujours travailler dans l’intérêt général aux côtés des forces de l’État et de la préfecture de police. »
Interrogé sur le rôle de la police municipale, il explique « qu’elle participe déjà dans les missions qui sont les siennes. Il y a un îlotage quotidien de la police municipale sur les quartiers Colbert-Belsunce, elle intervient tous les jours pour traiter des questions de tranquillité publique, de stationnement, de dégradations de matériels urbains. » En revanche, il affirme que « pour ces sujets-là aussi sensibles comme le trafic de drogue, c’est à la police nationale d’intervenir. »
Et de réaffirmer la volonté de la Ville : « nous serons présents, autant de fois que nécessaire, pour permettre à tout un chacun de vivre en toute tranquillité et en toute quiétude dans la cité phocéenne. Nous y mettrons tous les moyens nécessaires pour que cela se passe dans les meilleures conditions, il ne sera jamais acceptable de voir le moindre service public reculer face à la violence, face à un climat de peur, face à des délinquants de voie publique qui essaient d’organiser la terreur sur place pour faire fuir celles et ceux qui œuvrent au quotidien dans l’intérêt général pour donner un service au public. »