Dans le cadre du 22ème congrès des clubs d’affaires franco-allemands qui a eu lieu du 29 septembre au 1er octobre à Marseille, Pascal Kuhn, directeur des ressources humaines France chez Airbus Helicopters à Marignane, a donné un aperçu des coulisses de l’entreprise : Airbus a dû faire face à des turbulences, mais aujourd’hui, le vent lui serait de nouveau favorable.
Fort de 25 ans d’expérience diversifiée dans les domaines des ressources humaines, de la production et de la qualité, Pascal Kuhn est ingénieur de formation avec un master en conseil d’entreprise. Après avoir travaillé chez Peugeot, Valeo et Daimler en Allemagne, en France et en Chine, il a rejoint Airbus en 2014. Depuis 2017, il occupe le poste de directeur des ressources humaines dans l’entreprise aéronautique.
Confirmez-vous la reprise de l’activité d’Airbus ?
Pascal Kuhn : En ce qui concerne le marché des hélicoptères, nous avons connu une crise au cours des 5 à 10 dernières années, tant pour le marché civil que pour le marché militaire. Ces derniers mois, nous constatons que la situation s’améliore nettement. Pour les hélicoptères civils, nous recevons beaucoup plus de demandes et concluons beaucoup plus de contrats. La demande vient surtout des États-Unis, d’Asie et d’Amérique du Sud.
Quels sont les facteurs responsables de cette reprise ?
P.K : L’économie se porte généralement mieux et se remet de la crise sanitaire. À Marseille, l’industrie connaît un essor économique avec par exemple la CMA CGM, STMicroelectronics ou l’industrie pharmaceutique. Pour les hélicoptères, les clients du monde entier expriment davantage de besoins. Et ce sont souvent ceux qui se sont tenus à l’écart ces dernières années qui ont maintenant besoin de rattraper leur retard. Et il faut malheureusement dire aussi que sur le marché militaire, il y a des besoins en armement à la suite de la guerre en Ukraine, cela génère aussi du chiffre d’affaires.
Est-ce que Airbus recrute actuellement ?
Pascal Kuhn : Absolument et nous avons une offre très diversifiée. Nous recherchons beaucoup d’ingénieurs, mais aussi des personnes directement responsables de la production. Si je devais citer les « top jobs », je dirais : des ingénieurs de développement, des ingénieurs de qualité et des techniciens pour le site de Donauwörth (Allemagne), Paris et Marignane.
Au cours de la journée, les programmes d’échange franco-allemands ont été mentionnés à plusieurs reprises. Cherchez-vous spécifiquement des allemands qui viennent travailler ici ou des français pour travailler en Allemagne ?
Pascal Kuhn : Oui, mais pas seulement. Le thème de la diversité est très important pour nous. Nous remarquons aussi que nous n’employons pas assez de femmes, environ 20 % seulement. Nous aimerions augmenter ces chiffres et aller vers les 50 %. Nous recherchons aussi des personnes qui ne sont ni allemandes ni françaises. De notre point de vue, la diversité est un atout, car notre marché est mondial.
Quelles sont les mesures prévues pour atteindre ces objectifs ?
Pascal Kuhn : Dans les semaines à venir, il y aura beaucoup d’actions publicitaires et nous sommes surtout en contact avec les écoles. On entend en permanence dire qu’il n’y a pas assez de femmes dans l’industrie. Que peut-on faire pour y remédier ? Nous voulons commencer dans les écoles, dès le plus jeune âge, au collège. Mais il faut dire aussi que les parents sont souvent réticents parce qu’ils pensent que ce n’est pas un environnement idéal : trop de bruit, des problèmes de sécurité etc.. Alors que ce n’est pas du tout le cas. S’ils venaient sur notre site à Marignane, ils verraient tout de suite que ça n’a plus rien à voir avec les standards d’usine d’il y a 30 ou 40 ans.
Diriez-vous donc que vous avez un problème d’image à résoudre ?
Pascal Kuhn : Tout à fait. Dans ce contexte, nous avons également développé un jeu qui sera mis en ligne début novembre. Avec ce jeu, vous pouvez vous promener virtuellement dans différentes entreprises ici à Marseille. Avec des vidéos, vous pouvez découvrir différents emplois et mieux encore : il y a une matrice où vous pouvez vous inscrire à des appels vidéo pour parler des différents métiers avec des professionnels du secteur. Il s’agira aussi de collaborateurs plutôt jeunes qui expliqueront leur métier dans le langage des jeunes. Ce dispositif, nous l’avons développé spécialement pour la région Sud. Et nous l’avons entendu ce matin de la bouche de Jean-Pierre Serrus (vice-président de la région Sud en charge des mobilités et du transport, NDLR) : à Marseille, le taux de chômage est supérieur à 10 %. Nous voulons atteindre ces personnes là et les motiver.
« La Région Sud séduit l’Allemagne » tel était le slogan de la réunion organisée par le Le Club d’Affaires Franco-Allemand de Provence (CAFAP) qui se tient chaque année dans une ville allemande ou française différente. Dans le cadre de cette manifestation, il a été question de la coopération économique et politique entre l’Allemagne et la France en tant que « moteur de l’Europe », mais aussi des liens économiques entre le territoire et le pays voisin, notamment avec des installations comme Airbus Helicopters, Sartorius, Bosch ou Haribo. Le but de cette rencontre : renforcer les relations franco-allemandes et envisager des futurs projets dans la région Sud avec l’Allemagne, qui est la 3eme destination des exportations du territoire et le 2eme pays source de projets d’investissement.
« L’Allemagne est l’un des principaux investisseurs étrangers en région. La priorité est d’attirer davantage d’investissements allemands sur le territoire dans les domaines de la microélectronique et l’Intelligence Artificielle, des énergies renouvelables mais aussi dans le biomédical » – Patrick Privat de Garilhe, président du CAFAP.
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