Arrivé en seconde position avec 19,86% des voix, derrière le Front national (23,06%) Saïd Ahamada est plus que jamais déterminé à remporter ce second tour des élections législatives. Un match serré dans cette 7e circonscription des Bouches-du-Rhône, où le candidat de la République en marche ne peut se résoudre « à laisser passer les extrêmes ».
« Le Front national est à nos portes, il est inconcevable qu’il passe. Il a déjà fait assez de mal dans le 13-14e, hors de question qu’il arrive ici ». Salina ne mâche pas ses mots. Elle qui vit dans le secteur de Saïd Ahamada a décidé de l’aider à aller chercher les voix qui lui manquent pour gagner dimanche prochain. Pour elle, le candidat de La République en Marche est désormais le seul rempart à la conquête de ce territoire par l’extrême droite. Alors elle tente de mobiliser, de réveiller les consciences dans ces dernières et intenses journées de l’entre-deux-tours.
Saïd Ahamada, c’est celui dont certain(e)s disent qu’il a « des airs de Barack Obama ». Toujours en costume, qu’importe les terrains qu’il arpente, avec ses lunettes de soleil et son allure, quelques-uns y voient des légères ressemblances. Mais loin de la Maison- Blanche, c’est à l’Assemblée nationale qu’il espère bien œuvrer pour la 7e circonscription, dans laquelle il a été investi. Un secteur qu’il connaît par cœur, lui l’enfant des quartiers Nord.
Arrivé tout jeune de La Réunion c’est ici que le jeune garçon grandit. Cité Félix-Pyat d’abord, durant une quinzaine d’années, puis la cité de La Solidarité dans le 15e arrondissement. Il met à mal tous les clichés selon lesquels les jeunes des quartiers ne sont destinés à rien d’autre qu’à devenir dealer, « chouf » ou pire encore, à mourir sous le feu des balles ; dont l’une avait mortellement atteint Ibrahim Ali. C’était il y a 22 ans, en pleine campagne présidentielle, le jeune Marseillais originaire des Comores, était abattu par des militants du FN. Il avait 17 ans. Cette tragédie, Saïd Ahamada, comme beaucoup d’autres, la garde en mémoire. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles il met un point d’honneur à gagner. « Si on ne réussit pas on fait le lit du Front national. La pire des choses qui puisse arriver pour cette circonscription et pour Marseille c’est d’élire un député FN ».
« Faire enfin passer le pays au XXIe siècle »
Lui qui était promis à une carrière de trader a finalement décidé de changer de voie après six mois, pour donner du sens à ses actions. « Gagner de l’argent pour gagner de l’argent ça ne m’intéressait pas ». Le haut fonctionnaire dans l’administration territoriale (DGA de la mairie d’Avignon), s’engage dans un parcours associatif avec volonté. « J’ai été de tous les combats ». Outre l’affaire Ibrahim Ali, le crash de la Yémenia, il œuvre pour la mise en œuvre du soutien scolaire dans les quartiers… Il préside aussi durant plus de six ans, la chambre de commerce Franco-Comoriennes, qu’il a créée, tout en gardant un œil attentif sur le monde politique ; puisqu’il devient adjoint au maire des 15 et 16e arrondissements de Marseille, délégué à l’économie.
Pourtant, Saïd Ahamada n’a jamais cru dans les clivages gauche-droite, et « je ne me voyais pas adhérer au PS, ni à… », le nom lui échappe, « l’UMP à l’époque. Je cherchais une maison dans laquelle je me sentirais à l’aise ». C’est au MoDem, dont il contribue à la création, qu’il trouvera un temps ce chez lui qui lui manquait, avant de le quitter en 2015, « car je ne me reconnaissais plus dans les valeurs. » Orphelin un temps, il va trouver un nouveau parti d’adoption : celui d’Emmanuel Macron. « Son positionnement, sa volonté d’arrêter tout clivage et de faire enfin passer le pays au XXIe siècle, ça m’a plu. Et plus encore, le renouvellement politique à Marseille, ça a du sens ».
Renouveler les visages et la manière de faire de la politique fait écho dans les lieux où il se rend, et cela même si la première image qu’il renvoie reste forcément celle de l’homme politique en campagne. « On a bien vu au premier tour que les électeurs ont envie de nous faire confiance », commente le candidat avouant aussi être confronté à une réalité indéniable : « Beaucoup nous disent qu’ils ne sont pas intéressés par la politique, parce qu’ils ont vraiment été déçus et ne veulent pas allés voter ».
«Quelqu’un qui leur ressemble…»
Une fin de non-recevoir dont ne se contente jamais Saïd Ahamada, parce qu’au cours des échanges une autre réalité apparaît : « On arrive sur des conversations plus personnelles du type « je sais ce que tu as vécu, moi aussi je viens d’ici, je sais qu’à telle date tu vas avoir des problèmes pour prendre ton bus… » Son enfance dans les quartiers nord, il en a fait un atout. Une partie de l’engouement autour de sa candidature est liée au fait « qu’on se reconnaît en moi et en mon parcours c’est un fait. J’arpente ces quartiers depuis longtemps, il y a ma famille, c’est là que j’ai joué au ballon… sourit-il. Les gens voient d’un très bon œil qu’enfin il y ait une personne qui leur ressemble, qui soit le candidat d’un parti présidentiel et ça, ce n’était jamais arrivé ».
La Castellane, cité Jean-Jaurès, les Aygalades, ou encore Consolat, une tournée en trois jours, avant la grande réunion publique de ce soir. « On continue à faire campagne sur le terrain. La campagne du premier tour a été courte, seulement trois semaines et là c’est encore plus court. Marseille c’est énorme comme ville, donc on fait ce qu’on peut avec nos moyens. On a quand même de grosses équipes mais les journées ne durent que 24 heures, donc on se focalise sur les lieux à la fois où il y a beaucoup de monde mais aussi où l’abstention a été importante au premier tour. »
Dans cette course effrénée qui va bientôt prendre fin, Saïd Ahamada a pris une vingtaine de minutes pour aller saluer la ministre des sports, dont il a rapidement soumis le problème des piscines. Une situation dont elle était bien au fait. Symboliquement, ce soutien est important car Laura Flessel « est un exemple de réussite par le travail, par l’effort et le goût de l’effort surtout, c’est quelque chose qu’on doit réinsuffler. » Une importance également en termes de « représentativité. Il est important qu’une ministre comme elle vienne à Marseille, parce qu’elle aussi elle nous ressemble. On ne parle pas à Laura Flessel, comme on parle à un autre ministre quand on est à Marseille… »
Dimanche, il espère que les électeurs vont se mobiliser pour lui permettre de passer devant la candidate du FN, Sophie Grech, qu’il dit « n’avoir jamais croisé sur le terrain. On l’a vu tourner le soir du premier tour dans les bureaux de vote… Si on ne réussit pas ma suppléante et moi, clairement, on aura sacrifié une génération ».
Réunion publique ce soir. Saïd Ahamada et sa suppléante, Rachida Tir, présidente de l’Association d’entraide « Alliance Savinoise », donneront une réunion publique pour clore cette campagne des législatives, aujourd’hui à 18 heures, au Salon Magallon, 4 boulevard de Magallon (15e arrondissement).
> Retrouvez la présentation de la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône.
> La présentation des seize circonscriptions des Bouches-du-Rhône.