Alors que les bêtes politiques s’écharpent par micros interposés, et devant les caméras des chaînes d’informations. D’autres, on fait le choix de mener une campagne sur le terrain, dans l’ombre des flashs des journalistes, laissant à ces politiciens de profession les honneurs des unes des quotidiens, pour aller à la rencontre des habitants. Tel est la volonté de Claire Pitollat, être proche des citoyens, et surtout à leur écoute. Selon elle, l’élu ne peut plus rester enfermé dans une tour d’ivoire, mais doit être au contact de la population, son leitmotiv : la politique est avant tout participative. Sans écoute, il est impossible de faire remonter les problèmes locaux au Palais Bourbon, sans écoute cela devient de la politique politicienne, où le peuple n’est pas une préoccupation, mais simplement un tremplin pour accéder à ses objectifs personnels et aux ors de la République.
L’expérience norvégienne
Ingénieur dans l’aéronautique de formation, la jeune marseillaise de 36 ans est mère de trois enfants et vit dans le 8ème arrondissement. Elle travaille pour EDF sur la production énergétique du groupe français. Quand elle parle, Claire Pitollat est mesurée, sa voix fluette laisse trahir une certaine timidité, de celle qui ne veut pas avancer trop vite pour ne pas trébucher. Elle découvre, observe et analyse. Un mode de fonctionnement sans doute acquis lors de son année passée en Norvège. Le pays frontalier de la Suède n’est pas particulièrement connu pour sa population extravertie, mais plutôt son « pragmatisme, et sa façon de faire face à la réalité. La nature est à la fois une source d’épanouissement et de contraintes. Ils sont constamment à la recherche de cet équilibre, ce qui m’a toujours plu. »
Pour une militante d’En Marche, le parti souhaitant briser les clivages entre la gauche et la droite, cette première expérience revêt un aspect quasiment prémonitoire. Il faut dire que la jeune femme n’a jamais connu les affres des joutes politiques, ni même une activité partisane. Le déclencheur de ce militantisme et de cet engagement repose entièrement sur les épaules d’Emmanuel Macron. « Son réalisme et son pragmatisme m’ont tout de suite séduit, dans un sourire qui en dit long sur l’admiration que la candidate porte envers le président. C’est une personne bienveillante, qui prône le savoir vivre. Il souhaite faire parler les gens compétents sur leur domaine de prédilection, il veut aussi simplifier pour libérer les énergies. » La simplification et la libération des forces créatrices, Marseille en a bien besoin selon elle, à l’heure où la ville opère sa mue.
Claire Pitollat ne cesse d’être émerveillée par sa ville natale. Que se soit en empruntant, la route sous Notre-Dame-de la Garde qui lui donne des faux airs de vacances, ou la Campagne Pastré provocant à chacune des balades dominicales une sensation d’ébahissement. Mais la deuxième ville de France n’est pas seulement le cocon de bonheur d’un 8ème arrondissement protégé, elle est aussi une ville difficile où certains problèmes de sa circonscription méritent d’être remontés au Palais Bourbon «l’élan doit venir du terrain. En rencontrant les citoyens, je me suis rendu compte qu’il y a beaucoup de questionnement sur la propreté, l’environnement et les difficultés d’accès, de petites délinquances.» Petites comme grandes, toutes les causes méritent, selon elle, de figurer dans les préoccupations du gouvernement.
En attendant le verdict, et même si elle avoue ressentir une certaine appréhension, le saut vers l’inconnu la fascine. La jeune mère de famille souhaite apporter sa pierre à l’édifice. Une abnégation, une force paisible et une curiosité propre à cette nouvelle génération de candidats issus de la vie civile.
« Je me suis dit qu’il n’était plus possible de se plaindre sans ne rien faire »
Comment voyez-vous votre peut-être futur rôle ?
Claire Pitollat : Je souhaite être à l’écoute du local pour le faire remonter au national, et l’intégrer au programme. Cela nécessite vraiment d’être la majorité du temps ici, d’écouter et faire participer les citoyens. Les propositions doivent venir de ce que vivent les gens, c’est l’intérêt de faire intégrer la société civile à l’Assemblée nationale, avoir des personnes qui sont confrontées au quotidien. Qui lui-même peut peser, peut manquer de souplesse, use les gens et donc peut empêcher de consacrer de l’énergie à la création, à l’innovation ou l’entrepreneuriat.Pourquoi vous êtes-vous engagée dans ces élections ?
C. P. : Je m’inscris dans une démarche participative. Je me suis intéressée au mouvement d’Emmanuel Macron à la fin de l’année dernière. J’ai commencé à en parler dans mon cercle proche, puis il y a eu cet appel lancé aux femmes, où il a questionné « comment je peux respecter la parité si je n’ai que 10% de candidatures féminines ? ». À partir de là, mes proches ont commencé à me dire, toi qui es toujours volontaire à aider le collectif et qui as des bonnes idées, tu dois te lancer. Ces messages ont déclenché chez moi une alerte, je me suis donc dit qu’il n’était plus possible de se plaindre que la politique ne fonctionnait plus et de ne rien faire pour changer les choses.
Quelle fut votre réaction lorsque vous avez appris votre investiture ?
C. P. : Je ne dirais pas panique, car c’était une très grande joie. Je me suis alors retrouvée projeté dans l’inconnu, même si tout cela est très vite devenu concret. On a l’impression d’un grand saut.
Et pour faire face à cette aventure, comment avez-vous fait ?
C. P. On a constitué une équipe, avec des gens volontaires dans cette démarche collective pour que ça avance et que les choses bougent. En marche est un mouvement, donc on se doit d’avancer. C’est une grande aventure humaine, pleine d’apprentissages nouveaux. On met toute notre énergie pour que le deuxième tour soit le notre.
Comment compose-t-on une équipe politique, un peu à la dernière minute ?
C. P. À partir de connaissances rencontrées lors des réunions de militants, puis des gens qui se sont manifestés, en proposant leur service. Puis j’ai communiqué mon mail aux différents responsables de comité pour qu’ils puissent le faire circuler aux militants, et recueillir les propositions. Il n’y a aucune personne ayant une quelconque expérience politique.
Comment définiriez-vous votre circonscription ?
C. P. Tout d’abord, le 7ème arrondissement représente une attache affective particulière pour moi, parce que j’ai grandi là-bas. Puis je repense toujours à mes amis qui ne connaissaient pas Marseille, et quand je les emmenais sur la Corniche, ils étaient tous époustouflés. La beauté des différents lieux m’inspirent. Mais surtout ce qui me donne envie de me bouger, c’est que l’on a toujours ce sentiment que l’on pourrait faire bien plus par rapport aux autres villes. Il serait vraiment dommage de continuer à s’asseoir sur la beauté des lieux, parce qu’il y beaucoup de choses à faire en terme d’accessibilité et de simplification du quotidien. J’ai découvert lors de mon retour à Marseille que pour prendre le métro, je devais porter mon bébé et sa poussette, que je descende les escaliers avec ça, puis il restait encore les portiques. Ce n’est pas normal pour une ville de cette taille, on doit faire mieux. Même si à ce niveau cela reste un problème municipal, je pense que le programme présidentiel en terme d’accessibilité, d’accès à la culture, les infrastructures, les transports… peut remettre Marseille au rang des plus grandes villes de France.
REPERES :
Plus d’informations sur la 2e circonscription des Bouches-du-Rhône avec notamment l’ensemble des candidats en lice.