Dimanche, seize nouveaux députés des Bouches-du-Rhône investiront l’Assemblée nationale. Parmi les dossiers brûlants qu’ils auront à traiter : la fusion entre le département et la métropole, souhaitée par Emmanuel Macron.
« Il faut fusionner le département avec la Métropole Aix-Marseille-Provence » . Cette phrase est signée Emmanuel Macron. Interrogé sur le sujet à la mi-avril, celui qui n’était alors que candidat à l’élection présidentielle proposait de réduire le millefeuille administratif en supprimant les départements dans les zones structurées par des métropoles. Cette mesure, si elle est appliquée, concernerait 25 départements en France, dont les Bouches-du-Rhône. « Ce dernier comporte une vingtaine de communes hors de cette Métropole (29 exactement sur un total de 112, NDLR). Est-ce que cela a beaucoup de sens de garder un département? Non», estimait alors le futur président.
Une mesure qui s’immisce de nouveau dans le débat, alors que le gouvernement tente de construire une majorité au Parlement. Fusionner ou pas ? Dans les circonscriptions des Bouches-du-Rhône, le positionnement des candidats aux législatives varie en fonction de leur famille politique.
Les candidats investis par La République en Marche s’alignent derrière leur chef de file. A commencé par François-Michel Lambert. Le député sortant, candidat dans la 10e circonscription des Bouches-du-Rhône, est favorable à l’amendement. «Il faut mettre un terme aux sketchs pagnolesques qui entourent les rivalités Aix-Marseille. Arrêtons cette culture locale, coopérons!», s’agace-t-il. Son souhait : appliquer ici, comme c’est déjà le cas pour le Grand Lyon, une métropole influente. Et ce, sans forcément se calquer sur les frontières départementales. «Il ne faut pas rester obnubilé par les schémas de découpages fait il y a plus de deux siècles», estime François-Michel Lambert. « Par exemple, au lieu d’être absorbée et reléguée au fin fond de la métropole, Arles devrait plutôt faire figure de phare entre Nîmes et Avignon». Des projections qui ne sont pour l’heure qu’au stade embryonnaire. Et pour cause. Le dossier de fusion n’a même pas encore été ouvert que déjà de nombreuses voix s’élèvent contre.
Un vivier d’opposants dans les rangs adverses
Valérie Laupiès, candidate FN dans la 16e circonscription, reste catégoriquement opposée à cette mesure. « L’objectif est de faire comme aux USA: des mastodontes qui concentrent tous les acteurs économiques, tandis que les villes périphériques, exclues, seront inexistantes». À l’opposé de l’échiquier politique, le candidat étiqueté France Insoumise dans la 5e circonscription, Hendrik Davi, ne montre pas non plus un enthousiasme effréné. «Si la mesure vise à supprimer la métropole pour revenir à un département plus fort, et non pas l’inverse, je suis d’accord. Après tout, les personnes de la métropole ne sont pas élues directement, ce qui pose un problème démocratique», juge-t-il. Développement économique, compétences sociales, transports, tourisme… Le candidat, seul représentant de son mouvement encore en lice pour le second tour, avec Jean-Luc Mélenchon, s’interroge sur les prérogatives accordées à la nouvelle entité. « Cela pose aussi la question de l’avenir des régions ?».
Des interrogations partagées par Stéphane Paoli, candidat Les Républicains dans la 14e circonscription à Aix-en-Provence. « La vraie problématique, ce n’est pas la fusion ou on. C’est de savoir ce que l’on fait concernant l’ensemble des collectivités locales», estime le trentenaire. « Il ne faut pas supprimer des institutions, mais rationaliser leur budget en poussant la réflexion sur une inter-opérabilité». Selon Stéphane Paoli, cette disposition nécessiterait plus de souplesse entre les administrations internes. « Il faudrait, par exemple, créer un fichier commun pour l’urbanisme ou créer un titre de transports commun, sur tout le territoire, aussi bien pour les bus que pour le rail». Un ticket unique. L’idée, déjà soumise dans le cadre du plan de la mobilité métropolitaine, devrait justement voir le jour d’ici la fin de l’année.