C’est dans sa permanence parlementaire, 2 rue de la République, que Patrick Mennucci, député PS de la 4e circonscription a lancé sa campagne des législatives, aux côtés de sa suppléante, Nassera Benmarnia. Et il était visiblement très attendu par les médias nationaux. Mais avant de commenter tout autre actualité du jour, il a d’abord rappelé les différents rendez-vous qui vont ponctuer cette campagne, et les actions qu’il a menées à l’Assemblée nationale depuis son élection le 17 juin 2012.
Membre de la commission des lois, il entend poursuivre son travail dans un esprit de construction avec le nouveau gouvernement Macron. « Il y a des choses sympas dans son programme, d’autres plus désagréables », souligne Patrick Mennucci qui n’ira pas en l’encontre de mesures qu’il jugera utiles voire nécessaires, comme le dédoublement des classes de CP dans les écoles qui relèvent de l’éducation prioritaire. « Comment ne pas être d’accord avec ça, dans une circonscription qui compte 41 écoles. Je ne peux clairement pas aller contre, mais ce qui sera difficile c’est de trouver les locaux pour avoir des groupes de douze élèves maximum et surtout trouver l’argent pour le faire… ». Autre mesure qu’il n’envisage pas de contrer : la suppression de la taxe d’habitation.
Rapidement, l’actualité du jour s’est invitée au lancement de cette campagne, puisque Jean-Luc Mélenchon a, deux heures plus tôt, sur un plateau de télévision, annoncé sa « probable » candidature à Marseille. Les hypothèses allaient bon train sur le numéro de la circonscription marseillaise visée par le leader de la France insoumise. La 4e circonscription reste celle dans laquelle il a réalisé son meilleur score avec 39,09%, lors du premier tour de l’élection présidentielle. Perplexe, non seulement Patrick Mennucci estimait ce matin que « que rien est encore fait », mais qu’en plus « je n’y crois pas ». Selon lui, le positionnement de Jean-Luc Mélenchon dans l’entre-deux tours n’a pas été très apprécié et pourrait avoir des conséquences dans les urnes en juin prochain « Allez voir dans certains quartiers… ». Et si d’aventure celui qu’on a surnommé le « tribun » se décidait à venir sur son territoire, ce serait pour lui « attaquer la gauche », et surtout cela n’aurait aucun sens. « Mieux vaut aller sur les terres du sénateur-maire FN Stéphane Ravier dans la 3e circonscription ».
«Ici, on ne joue pas avec le péril Front national»
Visiblement Jean-Luc Mélenchon a choisi. Dans une lettre à ses adhérents, Jean-Luc Mélenchon écrit que son choix se portait sur la 4e circonscription marseillaise, selon les informations de nos confrères de La Provence. «Une clarification», mais aussi «une erreur fondamentale» à laquelle Patrick Mennucci a apporté une réponse cinglante : «En venant dans la seule circonscription de l’arc méditerranéen où le Front national n’a aucune chance d’être au second tour (14,3% au premier tour de la présidentielle), où la droite ne peut l’emporter (10,8% au premier tour du même scrutin), il montre que son seul combat, le sens de son engagement politique est le combat gauche contre gauche.» Il fustige « parachutage, petits arrangements pour son propre intérêt, manoeuvres dans le microcosme politique marseillais ». Patrick Mennucci taxe Jean-Luc Mélenchon de « nomade électoral » et poursuit encore plus virulent : « S’il est élu, jamais il ne reviendra dans cette circonscription, jamais il prendra à bras le corps les problématiques marseillaises comme j’ai pu le faire sur la métropole, les écoles ou encore la défense du commerce en centre-ville. Mais monsieur Mélenchon doit savoir que Marseille n’est pas et ne sera jamais son marche pied.» Et persiste et signe : «Ici on ne joue pas avec le péril Front national, on ne met pas sur le même plan Macron et Le Pen. Ici on ne glorifie pas les frontières, on est attaché à la construction européenne et aux brassages des populations. Ici quand on parle des travailleurs étrangers on ne les accuse pas de voler le pain des travailleurs français comme l’a fait Jean-Luc Mélenchon au parlement européen. Enfin ici, on n’a pas des pudeurs de gazelle au moment de parler des atrocités de Bachar El Assad et des crimes de Vladimir Poutine».
« Ce ne sera pas facile »
Ce matin pourtant, Patrick Mennucci semblait plus serein. Même s’il connaît beaucoup d’électeurs sur sa circonscription ayant voté pour Mélenchon au premier tour, puis Macron au second, et que les résultats de Benoît Hamon qui peine à 8,68% n’enthousiasment guère, les enjeux sont différents. Député de terrain, il compte sur cette visibilité et cette proximité avec ses électeurs scellées depuis toutes ces années. Par ailleurs, il mise aussi sur « ce socle fort d’électeurs du PS », même s’il représente peu, « parce qu’il fallait quand même vouloir voter pour Hamon et ceux-là- voteront pour moi ». Qu’importe les candidats en face de lui, il sait que « ce ne sera pas facile. Et puis le choix du premier ministre peut changer beaucoup de choses ».
Durant ces cinq années à l’Assemblée nationale, Patrick Mennucci a été le rapporteur de la commission d’enquête sur la surveillance des filières et des individus djihadistes, qui regroupait des membres de gauche comme de droite, ainsi que des experts, des policiers, intellectuels, ministres, responsables religieux et associatifs… « L’essentiel des propositions que nous avons formulées sont aujourd’hui appliquées et renforcent la France dans son combat contre le terrorisme ».
Président du groupe d’amitié France-Algérie à l’Assemblée nationale, son feuillet de campagne retrace son implication sur les réformes sociales de la législature, s’arrête sur la création de la métropole Aix-Marseille Provence ou encore sur la loi sur la transition énergétique. Patrick Mennucci « député présent et actif » comme il se présente, se concentre désormais sur sa campagne. Rencontres citoyennes, « pour une démocratie active », dans chaque quartier de la ville, réunions publiques et tractages sont au programme des semaines à venir. Lui qui avait perdu sa mairie de secteur en 2014, face à Dominique Tian, espère conserver ce mandat. “Les Marseillais devront faire un choix le 11 juin : soit ils votent pour Jean-Luc Mélenchon, un député plateau-télé, qui sera invisible à l’Assemblée comme il l’est aujourd’hui au parlement européen. Sinon pour moi, un député qui leur est utile, qui connait leur réalité et qui veut se battre pour eux. Je pense avoir rempli cette mission les cinq dernières années. » Quant à Jean-Luc Mélenchon, qui tel Ulysse embarque pour sa nouvelle Odyssée, il sera présent demain dans la cité phocéenne. Il attend l’approbation des militants locaux de la France insoumise avant d’annoncer officiellement sa candidature marseillaise.