Edouard Baldo est conseiller municipal à Aix-en-Provence, président du groupe d’opposition Démocratie Pour Aix (élus socialistes, société civile et Partit Occitan). Avocat de profession, il est également membre du Parti Socialiste, qui l’avait investi pour les élections municipales dans la ville de Cézanne. Nous l’avons rencontré et il nous a livré son point de vue sur les attaques de Paris. Il est aussi revenu sur l’actualité.
Gomet’ : Comment avez-vous vécu les attentats du 13 novembre ?
[pullquote] J’ai revu quelque chose que je croyais avoir oublié : la photographie de « l’Echo d’Alger »[/pullquote] Edouard Baldo : J’ai été élevé quand j’étais gamin en Algérie au moment de la guerre d’indépendance. J’avais sept ans quand les premiers attentats ont été perpétrés et 14 ans à la fin du conflit. Les attentats du 13 novembre ont ravivé mes souvenirs. J’ai revu quelque chose que je croyais avoir oublié : la photographie de « l’Echo d’Alger », le quotidien de l’époque, qui illustrait un attentat qui s’est produit dans le casino de la corniche à l’occasion d’un bal pour la jeunesse. Il y a eu 200 morts, et des jeunes avec des jambes arrachées à cause d’explosifs placés sous l’orchestre. C’est d’ailleurs à l’époque de la guerre d’Algérie, en 1955, qu’a été votée la loi sur l’état d’urgence.
Gomet’ : Pensez-vous que l’état d’urgence, instauré par le gouvernement en réaction aux attentats du 13 novembre soit légitime ?
E.B. : Vue la situation, vus les attentats, vu le nombre de radicalisations, la moindre des choses c’est d’instaurer l’état d’urgence de manière à pouvoir mener les enquêtes nécessaires. Moi, je suis un avocat, l’Etat de droit c’est un Etat avec lequel je suis en phase. Mais dans des circonstances normales. Là, nous sommes dans une période anormale. Nous sommes à la poursuite de personnes qui n’ont pas encore été attrapées, pas encore été repérées. L’état d’urgence s’impose donc. Lorsque l’urgence s’apaise, on peut revenir à l’Etat de droit.
Gomet’ : Ces attentats posent, pour certains observateurs, une nouvelle fois la question de la radicalisation dans l’islam. Quelle est la situation des musulmans à Aix-en-Provence ?
[pullquote]Imaginez que les catholiques n’aient pas d’églises ![/pullquote] E.B. : Ici, il y a six lieux de cultes pour les musulmans. Mais pas de mosquées institutionnelles. Et la démonstration est apportée que lorsqu’il y a des mosquées institutionnelles comme il y a des églises, des temples et des synagogues, les gens peuvent exprimer leur religion normalement. Et les religieux modérés arrivent à se débarrasser des excités. Lorsque les choses se passent dans des caves ou dans des lieux qui ne sont pas adéquats comme à Aix-en-Provence, et dans beaucoup d’endroits en France, on assiste à des radicalisations. La collectivité publique ne peut pas construire de lieux de culte, c’est la loi. Mais les associations peuvent en construire. La liberté religieuse fixée par la Constitution n’a aucun sens s’il n’y a pas de lieu pour exprimer sa liberté religieuse. Imaginez que les catholiques n’aient pas d’églises !
Gomet’ : Le groupe Démocratie pour Aix, que vous présidez, a connu des difficultés avec M. Politano en septembre. Pouvez-vous nous raconter ce qu’il s’est passé ?
E.B. : Jean-Jacques Politano nous a dit qu’il voterait le Plan Local d’Urbanisme (PLU). Nous avons reçu dans les mois qui ont suivi plusieurs mails de sa part, nous disant qu’il allait quitter le groupe. En juillet dernier, nous votons contre le budget de la mairie, il s’est abstenu. Donc ça n’a pas été une surprise qu’il quitte le groupe. C’est plutôt la manière qui nous a étonné. Le 23 septembre, nous faisons notre préparation du conseil municipal. Nous décidons de la liste pour le conseil métropolitain. Il devait y avoir trois élus. Nous présentons Gaëlle Lenfant en première position, notre ami Castronovo en deuxième place et Mme Ciccolini troisième. Jean-Jacques Politano avait demandé d’être le dernier. Le 24, il écrit à l’administration municipale pour déclarer qu’il ne veut pas être candidat, et donc ne pas figurer sur la liste. Et au conseil municipal [lundi 28 septembre], nous avons une candidature Politano qui recueille 6 voix. La liste que nous avions présenté recueille 5 voix. 6 et 5 font 11. Nous n’étions que 9. Il s’agit donc d’une opération soutenue par l’équipe Joissains. J’ai reçu le vendredi 29 cette enveloppe postée le 28 dans laquelle il y avait une lettre écrite par M. Politano, m’exprimant sa volonté de démissionner du groupe. Nous lui avons demandé de démissionner des commissions auxquelles il représentait le groupe d’opposition.
Gomet’ : Le maire d’Aix-en-Provence, Maryse Joissains, a pris des mesures pour la ville d’Aix en réaction aux attentats du 13 novembre : la fermeture du cours Mirabeau à la circulation, des mesures de protection supplémentaires pour les agents municipaux, une présence policière à l’entrée de la mairie. Qu’en pensez-vous ?
E.B. : Il est clair que la ville d’Aix n’est pas en première ligne. Mais la protection des bâtiments à usage du public se fait dans toute la France. La protection des bâtiments à usage du public, c’est dans toute la France. Le renforcement de la protection des agents publics, ça tombe sous le sens. Le cours Mirabeau interdit à la circulation, qui plus est en cette période avec le marché de Noël, j’y suis favorable. Donc je n’ai rien à reprocher aux mesures prises par Madame Joissains dans le cadre de l’état d’urgence.
Gomet’ : Le député d’Aix, Jean-David Ciot, est actuellement en procès pour son licenciement de son poste de directeur de cabinet au Conseil Général. Mercredi dernier, le procureur a requis contre lui six mois de prison avec sursis. Quel est votre avis sur la question ?
E.B. : Si Jean-David Ciot est relaxé, il n’y a rien à dire. Et s’il est condamné, il se pourvoiera certainement en cassation. Et dans ce cas-là, nous saurons s’il est définitivement condamné que l’année prochaine ou l’année suivante. A l’heure actuelle, je n’ai donc rien à signaler en l’état. Personnellement, j’ai signé la charte Anticor [Anticor est une association qui lutte contre la corruption NDLR]. C’est ma réponse à votre question.