Ils veulent interpeler les collectivités et l’Etat. Ce lundi 19 juillet, l’Agence Régionale des HLM (AR-HLM), qui représente les bailleurs sociaux de la région, a tenu une conférence de presse pour alerter sur l’impossibilité, en 2021, d’atteindre les objectifs fixés par l’Etat en matière de construction de logements sociaux. « Sur la région Paca-Corse, l’objectif du gouvernement est d’agréer 11 740 logements sur la période 2021-2022. Or, à ce jour, nous identifions au maximum 7500 logements qui pourront l’être. Encore une année pas brillante … », constate Pascal Friquet, président de l’AR-HLM Paca-Corse et de la société Logis Familial Varois. A ses côtés, Pascal Gallard, directeur de l’AR-HLM, partage ce constat. Il faut dire que, dans la région, la demande est forte, en raison d’un taux de pauvreté élevé. En 2020, les objectifs n’avaient pas non plus été atteints, avec seulement 7301 logements agréés, c’est-à-dire acceptés par l’Etat. Des logements qui verront le jour dans six ans minimum, le temps de la construction.
Les raisons de cette décrue du parc locatif social sont multiples. D’abord, le covid-19, qui a considérablement retardé les procédures d’agrément et de construction. Ensuite, les dispositions, jugées démesurées, de la loi Solidarité et de Renouvellement Urbain (SRU) du 13 décembre 2000. En effet, l’article 55 de cette loi exige des communes de plus de 3500 habitants qu’elles comptent au minimum 20 à 25% de logements sociaux, faute de quoi, les communes concernées s’exposent à des pénalités.
Parmi les pénalités envisagées, un arrêté de carence qui vise les communes et une confiscation aux communes concernées de la gestion des logements sociaux, au profit du Préfet. Des mesures « contre-productives », selon l’AR-HLM, car elles conduisent les élus à refuser des permis de construire pour logements sociaux, alertent les responsables de l’AR-HLM. « Les maires concernés se sentent traités en parias et, punis pour punis, préfèrent faire de la résistance », poursuit l’association. Conséquence : la Région Paca est en tête du palmarès des villes carencées en logements sociaux. Dans les Bouches-du-Rhône, plusieurs communes sont concernées sur la période 2017-2019 : Allauch, Carry-Le-Rouet, Sausset-Les-Pins, Gemenos, Ceyreste …
La coûteuse réhabilitation des logements anciens
La frilosité des élus s’explique aussi par une logique de « zéro artificialisation nette » : ceux-ci préfèreraient privilégier la réhabilitation de logements en cœur de ville. C’est notamment le cas de Mathilde Chaboche, adjointe à l’urbanisme à la Ville de Marseille, qui expliquait déjà à Gomet’ en août 2020 vouloir « refaire la ville sur la ville, (…) éviter l’étalement » et « redonner à Marseille sa couronne rurale pour servir de lieu de respiration ». « La ville doit se tricoter là où elle existe déjà », jugeait-elle alors.
Or, ce type d’opération appelé « acquisition-amélioration » est coûteux, bien davantage que pour la construction ex nihilo d’un immeuble entier. « En moyenne, le prix d’une construction d’un bâtiment social avoisine les 1400 euros par mètre carré. Dans le cadre d’une acquisition-amélioration, ce montant frôle les 2000 euros par mètre carré », chiffre Pascal Friquet. Jusqu’alors, poursuit-il, les aides allouées pour la construction des logements sociaux ne distinguaient pas les constructions neuves de la réhabilitation. Avec le Plan de Relance, une enveloppe de 500 millions d’euros sera désormais dédiée à la réhabilitation du parc locatif social.