Alors qu’est organisé à Marseille ce lundi 5 mai le lancement de la conférence nationale Ambition France Transports (lire notre article) en présence du Premier ministre François Bayrou, Gomet’, attaché à la vitalité du débat local, donne la parole à Hervé Menchon, adjoint écologiste au maire de Marseille. Il livre dans cette tribune sa vision des transports pour Marseille en prenant exemple sur le dossier sensible d’aménagement dans la cité phocéenne du Boulevard Urbain Sud.
Ce lundi 5 mai, à l’occasion de l’ouverture de la conférence nationale « Ambition France Transports » par le Premier ministre François Bayrou, je souhaite, en tant qu’élu Les Écologistes-EELV à Marseille, directement concerné par le tracé du Boulevard Urbain Sud (B.U.S), rappeler les priorités qui doivent guider toute politique de mobilité digne des enjeux du XXIe siècle : justice territoriale, cohérence écologique et responsabilité face à l’urgence climatique.
Marseille est aujourd’hui à la croisée des chemins, pourvu que ce ne soit pas une croisée de rocades. Oui, notre ville a besoin d’investissements massifs dans ses infrastructures de transport en commun, après des décennies de sous-financement et une prise de conscience trop tardive des pouvoirs publics, notamment de la Métropole.
Les efforts restent encore flous ou trop limités face à l’ampleur des enjeux climatiques, sociaux et territoriaux
La Métropole a récemment amorcé certaines évolutions avec l’annonce de projets en faveur des transports en commun et des mobilités douces. Mais ces efforts restent encore flous ou trop limités face à l’ampleur des enjeux climatiques, sociaux et territoriaux. Pendant que d’autres métropoles françaises accélèrent leur transition et prennent de l’avance, Marseille reste engluée dans un retard structurel, hérité mais toujours entretenu : nous étions déjà les derniers en matière de transports publics et de part modale des mobilités actives ; au rythme de Martine Vassal, nous ne rattraperons aucun retard.
Et cela ne saurait justifier que l’on continue, à rebours des objectifs climatiques affichés, à gaspiller des millions pour dérouler des kilomètres de rubans de bitume à travers des espaces verts ou naturels précieux.
Le projet actuel du B.U.S menace trois sites majeurs du patrimoine arboré du sud marseillais : les jardins familiaux Joseph Aiguier, le parc de la Mathilde et la pinède du Roy d’Espagne. Ces espaces ne sont pas de simples zones vertes : ce sont des poumons pour nos quartiers, des refuges pour la biodiversité et des îlots de fraîcheur devenus vitaux sous un climat qui se réchauffe de plus en plus violemment. Je demande leur sanctuarisation complète et donc le contournement intégral de ces espaces par tout projet d’infrastructure.
J’appelle également à ce que la pinède du Roy d’Espagne soit classée en Espace Boisé Classé (EBC), afin de la protéger durablement de toute artificialisation.
Dans le contexte actuel, il est incompréhensible que des financements publics soient encore dirigés vers des projets du passé et dépassés, conçus prioritairement pour l’usage individuel de la voiture, alors même que les ministres appellent eux aussi à une décarbonation massive du secteur des transports.
Nous devons cesser de financer des infrastructures routières dont la finalité demeure l’augmentation du trafic automobile
Nous devons cesser de financer des infrastructures routières dont la finalité demeure l’augmentation du trafic automobile qui provoque tant d’émissions de carbone, de pollution atmosphérique et d’atteintes à la santé. L’État fixe aujourd’hui des objectifs ambitieux en matière de mobilité durable ; il est de notre devoir de les respecter, sans faux-semblant, avec cohérence et exigence.
Un autre projet que le B.U.S est non seulement possible, mais vital. Il existe des alternatives concrètes, plus sobres et mieux pensées, qui répondent aux besoins de mobilité des habitants sans sacrifier nos espaces naturels. En s’appuyant sur les voiries existantes, en renforçant les transports en commun et en développant les mobilités actives, nous pouvons proposer une vision plus intelligente, plus économique et plus durable de la mobilité à Marseille.
Chaque aménagement urbain devient un acte politique lourd de conséquences
Ce que je propose, ce n’est pas l’immobilisme : c’est un changement de cap. Ce n’est pas un refus d’agir, mais la volonté de mieux faire. Alors que les effets du dérèglement climatique se font chaque jour plus tangibles, provoquant des pertes humaines et des déséquilibres environnementaux majeurs, chaque aménagement urbain devient un acte politique lourd de conséquences.
Il est temps d’assumer pleinement une vision contemporaine, responsable, à la hauteur des enjeux. Les villes et les métropoles qui s’adapteront seront celles qui auront su renoncer au confort clientéliste du court terme pour embrasser une politique courageuse et lucide du long terme. Je resterai pleinement mobilisé pour porter cette exigence.
Marseille mérite mieux qu’un projet hérité d’un autre siècle. Elle mérite des infrastructures pensées pour demain, à la hauteur de ses habitants, de son territoire et des défis climatiques de notre époque.
Hervé Menchon
Adjoint au maire de Marseille en charge de la Biodiversité Marine, de la Gestion, de la Préservation et de l’Aménagement des Espaces Marins, Littoraux et Insulaires, des Plages et des Équipements Balnéaires, du Nautisme, de la Voile et de la Plongée, du Développement de la Tradition de la Mer et du Large.
Conseiller métropolitain, représentant du Maire de Marseille au Parc national des Calanques,
représentant du Maire de Marseille au Plan Bleu, président marseillais du Comité de Baie