« On a commencé à Marseille car les acteurs locaux se sont montrés volontaires ». Dans l’espace “éthique” de l’hôpital de la Timone (5e), Hela Ghariani et Raphaël Beaufret, responsables du numérique en santé, délégation rattachée au ministère de la Santé et de la Solidarité, entament leur tour de France des régions. Un périple en 18 villes étapes au cours duquel ils présenteront, à chaque fois, aux professionnels locaux, une ébauche de la nouvelle feuille de route 2023-2027 du numérique en santé, alors qu’une concertation publique court jusqu’au 14 mars. Ce document stratégique, sur lequel les équipes de l’ANS planchent depuis près de six mois, vise avant tout à « optimiser le fonctionnement d’un système qui en a bien besoin », nous confie Raphaël Beaufret.
En 2019, une première feuille de route avait été établie pour « rattraper le retard de la France dans ce domaine ». Après trois années « d’actions intenses », sous fond de pandémie de Covid-19, le Conseil numérique de santé (CNS) a publié un bilan de cette mission en août dernier. Elle a notamment abouti à la création de la plateforme en ligne “Mon espace santé“, déployée à l’ensemble du territoire – près de 98% des Français ont aujourd’hui un compte. « Maintenant que le rattrapage technique est réussi, il faut mettre le numérique au service de la santé », explique Raphaël Beaufret.
« Ethique, souveraineté et durabilité »
La nouvelle feuille de route fixe une toute nouvelle politique basée sur « l’éthique, la souveraineté et la durabilité ». Elle présente quatre axes prioritaires, dont trois sont qualifiés de “priorités de santé”. À savoir l’augmentation de la prévention, de la qualité de prise en charge, et bien sûr de l’accès à la santé. Le dernier axe identifié, plus global, concerne le renforcement d’un cadre propice pour les professionnels et les patients. L’idée étant, encore une fois, de réguler le numérique en santé. Cette partie doit notamment aboutir à une cybersécurité accrue.
Numérique en santé : la nouvelle feuille de route soumise à une concertation
Pendant ce temps, la concertation publique lancée le 14 décembre dernier par le Conseil du numérique en santé se poursuit – elle a recueilli pour le moment 70 contributions, et s’achève à la mi-mars. Sont particulièrement invités à participer ; les patients ou associations de patients, les professionnels ou syndicats, et les entreprises spécialisées (ex : Softway Medical). Cette concertation doit permettre aux responsables du numérique en santé de proposer une version définitive et co-construite de la feuille de route 2023-2027.
Avec cette stratégie “collective”, qui implique à la fois les acteurs privés et publics, l’État souhaite stimuler le numérique en impliquant tout l’écosystème santé. Une manière d’éviter que les acteurs privés, comme Amazon ou Doctissimo, ne prennent le lead dans un contexte de crise. Conscient des maux qui frappent en ce moment la filière, Raphaël Beaufret affirme, pour conclure, que dans le secteur santé, le numérique est « un levier qui fait consensus, et qui peut résoudre pas mal de problèmes ».
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