En pleine crise du Covid-19, en avril 2020, l’Assistance publique et hôpitaux de Marseille (AP-HM) a créé son fonds de dotation « Phoceo ». La structure, portée par la secrétaire générale Virginie Negri, entend devenir un trait d’union entre les acteurs économiques et l’hôpital public, afin d’augmenter l’attractivité du troisième centre hospitalier universitaire (CHU) de France, premier employeur de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
« Phoceo est un outil de valorisation du territoire », décrit Virginie Negri interrogée par Gomet’. Cette valorisation, ou recherche de l’excellence, se traduit par trois ambitions concrètes : l’amélioration de l’accueil et de séjour des patients et de leurs familles, l’amélioration des conditions de travail du personnel soignant et le soutien à la recherche. Pour répondre à ces missions, le fonds a récolté depuis sa création 1,5 million d’euros de dons de 1 500 particuliers et entreprises tels que la CMA CGM, Lyondellbasell ou Axa, mais aussi de plus petites entreprises du territoire comme l’imprimerie Caractère, basée à la Valentine.
Pour illustrer l’action du fonds de dotation, Virginie Negri évoque trois projets financés par Phoceo.
Rénover 80 chambres de garde pour les internes
« Si la France a tenu pendant le Covid-19, c’est grâce aux soignants. Ils ont fait front. Quand il manquait des équipements le personnel était quand même présent. Chez Phoceo nous avons monté un programme pour embellir les chambres de garde des internes.Si l’hôpital n’a pas d’internes, il ne tient pas. Ils vont avoir des chambres toutes neuves décorées avec du joli mobilier et une belle salle de bain. Avec 3 000 euros, nous refaisons totalement une chambre de garde pour qu’ils soient dans de bonnes conditions et qu’ils puissent exercer la nuit. Nous en avons 80 à rénover sur les quatre sites de l’AP-HM. »
Améliorer la prise en charge des patients avec des casques de réalité virtuelle
« Nous avons acheté 10 casques de réalité virtuelle pour mieux gérer la douleur des patients. Dans certains cas, l’utilisation d’un casque permet aux soignants de ne pas avoir recourt à l’anesthésie générale. Ils couplent l’utilisation du casque à de l’hypnose pour que le patient soit opéré sans anesthésie lourde. Cela fait des économies énormes pour le service public, puisque nous utilisons une nuit en chambre en moins et nous diminuons le recours aux médicaments. Nous avons installé les dix premiers casques pour la chirurgie orthopédique, les grands brûlés en réanimation et au pôle psychiatrie (site de la Conception) pour combattre les phobies : comme monter dans un avion, le vertige… Chaque casque coûte entre 3 500 et 5 000 euros. »
Accompagner les projets de recherche à l’étranger des jeunes médecins
« Nous avons attribué les six premières bourses de 10 000 euros pour soutenir des jeunes médecins brillants d’entre 30 et 40 ans en moyenne. Nous avons des jeunes médecins-chercheurs qui ont l’obligation de publier des articles de recherche. Et parmi eux, certains cherchent dans des domaines à la pointe, et ils peuvent donner des réponses à certaines maladies comme l’endométriose ou la schizophrénie. Pour approfondir leurs recherches, ils doivent parfois partir étudier à l’étranger dans les plus grandes universités du monde, avant de revenir travailler à l’AP-HM. Ces études coûtent en moyenne 70 000 euros, et en plus ils perdent leur salarie ici. C’est pourquoi, les bourses peuvent les aider à financer ce voyage à l’étranger. On souhaite également ouvrir ses bourses aux professions paramédicales pour que les infirmières puissent monter en compétences sur certaines innovations à l’étranger. Nous l’idée c’est de soutenir l’excellence. On peut tous regretter la fuite des cerveaux, mais il faut agir. L’excellence doit rester sur le territoire. »
Selon Virginie Negri, le tissu économique majoritairement composé de petites et moyennes entreprises (PME) n’empêche pas de contribuer aux projets de Phoceo. Au contraire, « une PME peut financer un projet en totalité pour 2 000 euros et en être fière », estime la secrétaire générale. Et de poursuivre : « Chacun de ces projets peut sauver la vie d’un patient, d’un soignant, d’un chercheur. L’entreprise peut vraiment laisser une trace. »
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