Rassembler au-delà des clivages politiques. C’est bien le souhait de Martine Vassal, présidente du Département des Bouches-du-Rhône, nouvellement élue à la tête de la Métropole Aix-Marseille Provence, jeudi 20 septembre. Pourtant, l’élection des vice-présidents démontre qu’il perdure des dissensions au sein de l’hémicycle. Les Républicains ont décidé d’envoyer un message au gouvernement en évinçant le seul candidat La République en marche de l’assemblée métropolitaine : Jean-Pierre Serrus, désormais ex-18e vice-président, en charge des transports, des déplacements et de la mobilité. Avec 89 voix contre 122, le conseiller du territoire du pays d’Aix et maire (LREM) de la Roque-d’Anthéron, a été battu par Christian Burle, maire LR de Peynier.
Depuis la création de la Métropole Aix-Marseille Provence, Jean-Pierre Serrus, sous l’autorité de Jean-Claude Gaudin, s’est employé à mettre en œuvre l’agenda de la mobilité métropolitaine. « Je pense que j’ai mis toute mon énergie pour faire avancer cette mission, et le sujet des transports », confiait-il à Gomet’, jeudi dans la soirée, après l’envoi d’un communiqué de presse. Une déclaration en deux temps, où il dit prendre acte du non-renouvellement de son mandat avant de passer au message politique. Déçu certes, mais fier du travail réalisé en collaboration avec les agents, les élus, les partenaires, opérateurs… il se dit aussi « satisfait » de l’élaboration et du déploiement de l’agenda de la mobilité, avec des totems comme le pass intégral métropolitain, la marque unique, le réseau express… « des chantiers ont avancé. J’ai été très attaché à bien faire mon travail et je pense l’avoir bien fait ».
Le soutien de Bruno Le Maire
Naturellement, il analyse son éviction, non pas sur les résultats mais en raison de son appartenance politique. Ex-LR, puis macron-compatible, Jean-Pierre Serrus a rejoint LREM en janvier 2018. Il est d’ailleurs grand favori pour reprendre le poste de référent départemental. Cette adhésion au parti d’Emmanuel Macron, le mécontentement après l’abandon du projet du Val’Tram à Aubagne, son positionnement trop “pro” métropolitain… Jean-Pierre Serrus était déjà depuis quelque temps dans le viseur. Deux jours avant l’élection, Christian Burle avait clairement indiqué sa volonté de se présenter face à lui. « Je ne me suis pas présenté pour la délégation transport, nous confie le maire Les Républicains de Peynier, après l’élection. Je me suis présenté face à lui pour des questions politiques, parce qu’il est difficile maintenant de soutenir le président Macron, mais Jean-Pierre Serrus est quelqu’un que je respecte et pour lequel je n’ai aucune animosité ».
L’éviction de Jean-Pierre Serrus est en « contradiction avec les déclarations répétées des hauts responsables de la majorité métropolitaine en faveur de la continuité de l’exécutif », affirme l’ex-vice président, alors qu’il avait rencontré la présidente par intérim pour acter cette suite sans changement. « On était tous d’accord pour assurer la continuité de cet exécutif ». A peine sorti de l’hémicycle, il avait au bout du fil, le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, dont il est proche et qui lui apportait tout son soutien. « Moi j’en tire les conséquences et je peux même préciser que pour certains, il faudrait préalablement mesurer ces conséquences, prévient Jean-Pierre Serrus. Ce n’est pas forcément le cas aujourd’hui ». Il n’en dira pas plus… Pour lui, il y a Les Républicains, mais surtout une conception de la Métropole. Le vrai sujet reste à ses yeux de savoir « si on se donne les moyens de donner la priorité à une politique métropolitaine ».
Martine Vassal assurait à l’occasion de la conférence de presse qui a suivi l’élection avoir « pris un engagement avec Jean-Claude Gaudin de continuer sur l’exécutif.» Et d’ajouter : « chacun doit faire sa campagne, on est en démocratie. J’essaie de regarder vers l’avenir, de construire pour que l’on puisse réussir cette mutation, et ce territoire. », prédisant un week-end studieux pour réfléchir à l’attribution des délégations.
La déception de Jean-Claude Gaudin
Dans un communiqué de presse envoyé dans la soirée, dans lequel Jean-Claude Gaudin se félicite de l’élection de Martine Vassal, il dit également « déplorer » que Jean-Pierre Serrus n’est pas été réélu. « La démocratie a parlé, mais il est dommage que le remarquable travail qu’il a accompli pour améliorer l’offre de transports ait ainsi été négligé. Je regrette cette situation et lui renouvelle toute mon amitié. J’espère que l’action qu’il a menée sera poursuivie avec autant d’efficacité. Plus que jamais, je souhaite voir notre territoire continuer à relever tous les défis et renforcer son attractivité ! »
Les comités LREM du pays d’Aix n’ont pas manqué de réagir à cette éviction. « Sur un sujet aussi vital que celui des transports, nous regrettons le choix de la majorité métropolitaine d’avoir fait primer l’étiquette partisane sur les compétences », indiquent-ils dans un communiqué, saluant le travail et l’engagement de Jean-Pierre Serrus, sur cette question centrale qu’est la mobilité.
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