La course au leadership des données du commerce maritime mondial s’accélère et le marseillais Traxens veut rester en tête. Pour financer sa croissance, il vient de boucler une nouvelle levée de fonds de 20 millions d’euros auprès de Bpifrance, via le fonds Psim géré dans le cadre du programme d’investissements d’avenir, Supernova Invest via le fonds Crédit Agricole innovations et territoires et surtout le groupe Itochu Corporation, troisième plus gros conglomérat du Japon.
Itochu, le troisième plus grand conglomérat du Japon
Créé en 1858, Itochu est devenu l’un des plus grands groupes de l’archipel nippon en développant le commerce intérieur et extérieur de tous types de produits : textile, métaux, minéraux, énergie, produits chimiques, alimentation, technologies de l’information et de la communication, finance… Il détient notamment FamilyMart, la troisième chaîne de magasins de proximité au Japon. « Nous allons accélérer la présence de la société sur nos marchés historiques mais aussi en Asie, forts de ce partenariat commercial avec Itochu qui démontre tout le potentiel de notre solution », explique Jacques Delort, le directeur général de Traxens dans son communiqué.
La présence au capital d’un géant japonais devrait lui ouvrir les portes d’un marché asiatique réputé difficile sans un appui local. Pour Itochu, Traxens offre l’opportunité de développer son business en dehors des marchandises classiques et de s’imposer sur le commerce de la donnée, le produit du futur. « Traxens va nous permettre de développer des produits et services novateurs dans le domaine du Big Data et de l’IoT, ce qui cadre parfaitement avec la stratégie de croissance du groupe », avance Shunsuke Noda, directeur digital et informatique chez Itochu. Traxens a pour objectif d’équiper 100 000 conteneurs d’ici 2020 avec ses boitiers connectés et ce chiffre devrait même être révisé à la hausse, après l’annonce de l’entrée au capital de Maersk et une première commande pouvant aller jusqu’à 50 000 conteneurs.
De nouvelles applications sur mer et sur terre
Désormais, Traxens est appuyé par les trois principaux armateurs mondiaux comme actionnaire : CMA CGM, MSC et Maersk. Ils détiennent près de la moitié des conteneurs transportés dans le monde, environ 27 millions de boîtes chaque année. Avec Itochu, l’un des plus gros chargeurs d’Asie, le Marseillais va pouvoir compter sur une très grosse force de frappe commerciale. « Depuis le départ, j’avais dans l’idée de créer l’équivalent d’Amadeus (plateforme numérique pour le tourisme, NDLR) pour la logistique », explique Michel Fallah, le P-dg fondateur de Traxens. Il est peut-être sur le point de réussir son pari.
Aujourd’hui, les boitiers de Traxens peuvent analyser une quarantaine de type de données : choc, température, ouverture de portes… Son business porte sur la vente et l’analyse de ces informations précieuses pour les transporteurs et leurs clients. Cette dernière levée de fonds va lui permettre d’accélérer la commercialisation de ses boitiers mais aussi d’investir dans l’innovation pour offrir de nouvelles fonctionnalités. Par exemple, dès l’année prochaine, la société devrait ajouter un capteur d’humidité très intéressant par exemple pour l’alimentation. Grâce à sa technologie de suivi à distance, il souhaite également prédire à la minute près l’arrivée des marchandises pour optimiser les manœuvres à l’arrivée au port. Traxens a récemment lancé un projet pilote avec le port de Valence en Espagne pour améliorer l’efficacité opérationnelle des mouvements des conteneurs sur les terminaux. De plus, Traxens ne compte pas s’arrêter au maritime et travaille déjà au suivi sur terre avec des partenariats avec la SNCF en France ou encore CFL Multimodal. Ses boitiers sont désormais testés les wagons des trains de marchandises et pourquoi pas demain sur les camions.
En 2018, Traxens a réalisé un chiffre d’affaires de 2,2 millions d’euros et emploie environ 110 salariés. L’entreprise a signé jusqu’ici avec une soixantaine de chargeurs et souhaite dépasser les 200 avant 2020.
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