Le lieu de rendez-vous était donné sur la place du Général-De-Gaulle, à proximité du Vieux-Port, à 11h30. Des syndicats aux partis politiques, en passant par les mouvements étudiants, l’appel à la mobilisation était important. Pour l’Union Départementale CGT Bouches du Rhône, il s’agit d’une grande réussite avec « 60 000 personnes à Marseille, plusieurs centaines à Aix et Arles pour la première journée de mobilisation contre la casse du droit du travail ». Pourtant, la préfecture de Police publie un comptage bien différent avec seulement 5 200 manifestants.
Sur les réseaux sociaux les participants parlent d’un véritable « flot humain », qui n’a toutefois pas laissé cour au moindre débordement. Après une pétition signée par plus d’un million d’individus, la mobilisation contre la loi El Khomri semble être grandissante. Les principaux acteurs de la manifestation de ce mercredi 9 mars exigent par conséquent un retrait immédiat de la loi, face à un gouvernement qui recule en optant pour des négociations.
La jeunesse mobilisée, en tête du cortège marseillais, y voit une attaque dont elle est la première cible. Caroline de l’Unef exprime ainsi son indignation « les jeunes, on peut les mettre à la poubelle ». L’Union Nationale des Lycéens y perçoit aussi une attaque au « droit à l’avenir » de la jeunesse. Lors d’une prise de parole, une des représentantes du mouvement accuse le gouvernement Valls d’« imposer la précarité à vie », notamment en facilitant le licenciement des jeunes travailleurs. L’Unef avait espéré une plus grande mobilisation de la part des jeunes. Toutefois, contrairement à ce qu’une journaliste de BFM TV a relaté, ce qui lui a valu d’être sèchement interpellée par les manifestants, la mobilisation ne comptait pas qu’une simple “poignée de jeunes“, mais un faible nombre d’étudiants par rapport au nombre de manifestants.
Du côté des travailleurs, l’Union Syndicale Solidaire du 13, Force Ouvrière et la Confédération Générale du Travail du département décrient cette « attaque au droit fondamental du travail », perçue comme une « destruction du Code du Travail ». En effet, René (FO) accuse directement le Medef et les organisations qui n’ont pas fait le choix du rejet intégral de la loi de « détricoter le Code du Travail ». Pierre Marie de la Fédération Syndicale Unitaire revisite la “flexicurité” prônée par le gouvernement : « plus de sécurité pour les employeurs et plus de flexibilité chez les salariés ».
[pullquote] Si cette loi passe, elle va faire beaucoup de dégâts[/pullquote] Ce qui scandalise Hervé (50 ans), un chauffeur routier mais aussi responsable syndical de la CGT Transport c’est qu’ « on perd tous nos acquis » et « la génération actuelle doit en prendre conscience ». « Les mois d’activité on pourra aller jusqu’à soixante heure par semaine, ce qui est pour moi de l’esclavage ! » s’exclame-t-il. « Si cette loi passe, elle va faire beaucoup de dégâts ». Les manifestants défilent donc avec comme slogan « Arrêtez vos Khomri ».
William Martinet, le président de l’Unef qualifie cette mobilisation de succès, et appelle à une nouvelle manifestation le jeudi 17 mars en espérant « doubler » la participation des jeunes. Le 31 mars, une autre mobilisation est déjà organisée. Les différents acteurs n’ont qu’un rêve : que le gouvernement renonce à ce projet de loi, comme pour le CPE en 2006. Toutefois, si le Premier ministre se dit prêt à négocier, Myriam El Khomri continue de défendre son projet de loi.