La visite présidentielle d’Emmanuel Macron à Marseille, dont nous vous annoncions, en juillet dernier et en exclusivité, la tenue, va connaître un tour qui n’était pas anticipé par le pouvoir. L’actualité des faits-divers marseillais, en particulier les règlements de comptes meurtriers dans les quartiers nord, en lien avec le trafic de drogue, a rattrapé l’Elysée. Le président de la République consacrera la première journée de sa visite au sujet des stupéfiants et de l’insécurité chronique dans les quartiers défavorisés de Marseille.
Jour 1 : cité, sécurité et cannabis
Arrivé à Marseille en début d’après-midi mercredi 1er septembre Emmanuel Macron devrait se rendre dans une cité de la ville. Ces dernières semaines, les ministres de la Justice et de l’Intérieur, Eric Dupond-Moretti et Gérald Darmanin, sont venus tenter de déminer un terrain qu’aucun pouvoir en place n’est parvenu à contenir, à défaut d’espérer le maîtriser, et encore moins le stopper. La semaine qui vient de s’écouler a été l’occasion pour les partisans d’une légalisation contrôlée et accompagnée, le député François-Michel Lambert (LEF) et l’adjoint à la mairie de Marseille Sébastien Barles (EELV) en tête, de relancer le débat sur le cannabis. Mais il y a peu de chance qu’Emmanuel Macron change de ligne face pourtant à des faits bien têtus qui démentent l’efficacité du tout répressif. Le maire de Marseille, Benoît Payan, a fait aussi monter la pression en demandant la création d’un parquet spécial, basé à Marseille et dédié à la lutte contre le trafic de drogue.
Jour 2 : écoles, transports… l’Etat s’engage
Après les côtés sombres de la ville, l’espoir devrait dominer la deuxième journée jeudi 2, jour de rentrée scolaire. Le président de la République devrait accompagner les petits marseillais dans l’une des écoles de la ville. Un plan d’aide majeur doit être annoncé à cette occasion. Pour financer les opérations de rénovation des établissements marseillais, estimées à un milliard d’euros, un établissement public ad-hoc pourrait être créé. Le sujet était d’ailleurs au cœur des discussions lors la première rencontre, à l’Elysée, entre Emmanuel Macron et Benoît Payan en mars dernier. La Ville a cherché cet été l’assistance d’un cabinet d’études pour explorer la faisabilité d’une structure publique de portage (voir nos précédentes informations). L’objectif est bien sûr d’éviter la polémique qui avait éclaté lors du lancement par la précédente municipalité d’une procédure de partenariat public-privé dénoncée par l’opposition de l’époque.
Des milliards d’euros, il en sera encore question dans la journée de jeudi lors de l’évocation des moyens que l’Etat va mettre sur la table pour financer un réseau de transports métropolitains pollué, défaillant à plus d’un titre et régulièrement asphyxié. Le serpent de mer que constitue localement la création d’une société publique de transport, à l’instar de celle créée en Ile de France, pourrait connaître un nouveau rebondissement avec la décision de lancer enfin une étude de préfiguration.
Huit ministres sur le pont
La dernière mission interministérielle consacrée aux transports à Aix-Marseille Provence, qui suivait la précédente d’une poignée d’années, a semble-t-il achevé son travail. Emmanuel Macron qui devrait être accompagné de huit ministres, dont Jean-Baptise Djebbari, en charge des Transports, pourrait annoncer une aide d’un milliard pour le financement de l’agenda métropolitain, fléchés notamment sur le tramway et le réseau de BHNS. Une partie serait versée en subvention (250 millions d’euros ?), l’autre en avance remboursable (la somme de 750 millions est évoquée de source bien informée). Mais dans ce dossier, chacun ici a appris à être particulièrement prudent face aux annonces gouvernementales. La période électorale qui s’ouvre n’est d’ailleurs pas forcément la garantie d’une volonté irréversible de l’Etat.