La période estivale est marquée par les règlements de compte à répétition liés au trafic de drogue dans la cité phocéenne. Pour endiguer ce problème, des élus réclament l’expérimentation la légalisation du cannabis. Elle est selon eux la solution contre la violence dans les quartiers populaires de Marseille. C’est le cas de l’adjoint à la transition écologique de la Ville de Marseille et membre du « Groupe écologiste et citoyen pour une ville plus juste, plus verte et plus vertueuse » Sébastien Barles. Son groupe au conseil municipal, composé de six élus de la majorité, avait déjà lancé un appel en ce sens en juillet dernier. Dans une nouvelle lettre ouverte au Président de la République, il persiste : « La légalisation peut permettre de faire baisser le trafic et de mettre un terme à la lutte armée entre trafiquants pour le contrôle du territoire. C’est aussi une opportunité de mener une vraie politique de santé publique, à la fois de prévention des risques et d’accompagnement des usagers dépendants. L’idée est de mener une politique similaire à celle menée pour le tabac et l’alcool ».
Il invoque aussi des motifs économiques : « La guerre contre le trafic est perdue d’avance. Chaque année la France consacre 600 millions d’euros à l’arsenal répressif contre le trafic. Cet argent serait plus utile en le redéployant dans les quartiers populaires autour d’une police de proximité et de médiateurs. Un marché régulé en France du Cannabis rapporterait selon Terra Nova (think tank français, ndlr) deux milliards par an de recettes fiscales très utiles pour mener des politiques structurelles dans des quartiers abandonnés depuis des décennies et il pourrait y avoir plus de 20 000 emplois créés dans la production et la commercialisation du cannabis ».
Le député Lambert porte plainte contre Gérald Darmanin
Même son de cloche du côté du député de la 10e circonscription François Michel-Lambert. Ce dernier réagit dans un premier communiqué : « La prohibition du cannabis, c’est le laxisme et des morts », écrit-il le 19 août. Il s’appuie sur la mission d’information sur la légalisation du cannabis remise en mai dernier, dont le député fait partie, qui conclut en faveur de cette légalisation.
Dans un communiqué ultérieur, il va plus loin et annonce porter plainte contre le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. « Légaliser le cannabis ? Soyons sérieux, pensez-vous que des voyous qui gagnent 100 000 € par jour vont monter une petite échoppe et payer des cotisations ? La drogue est un poison qui sème la mort et la violence, vouloir légaliser le cannabis est une défaite morale », tweete ce dernier mardi 24 août. Une phrase qui met le feu aux poudres : « « Face à ces propos irresponsable, j’ai décidé de porter plainte pour diffamation contre Gérald Darmanin : être pro-légalisation du cannabis ce n’est ni lâche ni insultant, c’est au contraire responsable car c’est la seule voie de réussite en matière de lutte contre l’insécurité due au cannabis, comme la représentation nationale l’a démontrée et validée. G Darmanin ne peut se permettre de remettre en cause le travaux parlementaires », s’emporte François-Michel Lambert.
Le député LREM de la Creuse Jean-Baptiste Moreau, rapporteur de la mission d’information, s’est également exprimé sur Twitter : « Après plus 100 auditions de la mission d’information cannabis, je ne peux que m’inscrire en faux contre cette affirmation. La légalisation et la régulation du marché du cannabis sont au contraire la manifestation du pragmatisme et du courage politique ». Aujourd’hui, seul le CBD, dérivé du chanvre contenant moins de 0,3% de THC est légal.
Après plus 100 auditions de la mission d’information #cannabis , je ne peux que m’inscrire en faux contre cette affirmation. La #légalisation et la régulation du marché du cannabis sont au contraire la manifestation du pragmatisme et du courage politique. https://t.co/q1Uqpq9nu4
— Jean Baptiste Moreau (@moreaujb23) August 24, 2021
Le député LREM des Bouches-du-Rhône Saïd Ahamada (7e circonscription) s’est à son tour mêlé au débat via une réponse à son tweet : « La légalisation ne mettra pas fin aux trafics qui ne sont que les symptômes d’un mal plus profond. Celui du recul de la République depuis des décennies dans ces territoires. Les trafiquants s’adapteront mais seront toujours présents », estime-t-il pour sa part.
Mon cher Jean Baptiste, la #légalisation ne mettra pas fin aux trafics qui ne sont que les symptômes d’un mal plus profond. Celui du recul de la République depuis des décennies dans ces territoires. Les trafiquants s’adapteront mais seront toujours présents. https://t.co/8C2o15ja0B
— Saïd Ahamada (@saidahamada) August 24, 2021
Document source : le rapport d’information relatif à la réglementation et à l’impact des différents usages du cannabis
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