On connaît l’engagement du festival Marsatac dans de nombreux domaines sociétaux. A commencer par son application Safer qui vise à lutter contre les agressions sexuelles et sexistes et dont l’utilisation a largement dépasser le cadre du festival de hip-hop marseillais. Depuis trois ans, c’est moins connu, Orane, l’association organisatrice de Marsatac, a lancé une nouvelle initiative exploratoire, cette fois dans le domaine du son.
Les ambitions sanitaires et environnementales du décret Son de 2017, n’ayant pas fait l’objet d’études de faisabilité, mettent en effet désormais les festivals de plein air en grande difficulté face au respect du niveau d’émergence global. Cette obligation de résultat n’est pas tenable pour les festivals et événements musicaux de plein air, notamment ceux organisés intra-muros et c’est pourquoi le festival Marsatac continue ses efforts – entamés en 2022, poursuivis en 2023 et renouvelés en 2024 – à travers une expérimentation à visée nationale afin de trouver les solutions qui serviront à tout le secteur du spectacle vivant.
Si le point de départ est bien le décret Son, l’implantation du festival qui vient de fêter ses 25 ans, au Parc Borély depuis 2021, un site entièrement en extérieur et en ville, après une période au parc Chanot, a servi d’accélérateur. D’autant que le voisinage, dans le 8e arrondissement de Marseille, est proche et dense tout autour du site. La gestion du son en est rendu d’autant plus complexe que le Parc est vaste et logé dans une vaste plaine en bordure de mer avec des échos parfois imprévisibles selon la force du vent par exemple. Bref, une zone parfaite pour expérimenter et progresser afin de respecter le décret Son, se faire accepter des riverains mais aussi enrichir l’expérience des festivaliers et de ceux qui s’y produisent et qui y travaillent.
Le constat sur la complexité dans la gestion des émergences sonores est à l’origine de l’expérimentation nationale entamée sur le festival Marsatac en 2022 avec l’accompagnement d’Agi-Son, l’association qui défend au niveau national la création et la qualité sonore dans les musiques amplifiées Ce premier volet très suivi par le secteur a enclenché la volonté d’approfondir le travail en développant le deuxième volet de cette expérimentation nationale et d’utilité générale poursuivi en 2023.
Les objectifs de l’expérimentation :
→ La mise en conformité des festivals de plein air, en attente de solutions dans un contexte réglementaire complexe et face à des limites d’émergences inapplicables.
→ Le défi de faire converger la tranquillité des riverains et la qualité sonore pour les artistes et public
→ La garantie de la protection de la santé auditive des publics et équipes au travail
→ La mise en oeuvre globale et transversale de la gestion sonore à l’échelle de l’événement
→ L’identification des freins et la recherche de solutions reproductibles à l’échelle d’un secteur pour trouver des réponses bénéfiques et collectives aux festivals
Un laboratoire à ciel ouvert
Ce laboratoire à ciel ouvert illustre l’engagement constant de Marsatac à améliorer l’expérience festivalière, tout en renforçant sa politique RSO axée sur la responsabilité depuis toujours. Le bilan de ces résultats a été présenté à l’ensemble du secteur lors des Biennales internationales du spectacle à Nantes en janvier 2023 – dans un esprit de coopération et de mutualisation des connaissances – afin de pouvoir répondre collectivement à ce nouveau défi. Marsatac se fait alors terrain d’expérimentation au bénéfice du secteur des festivals en France.
Riche de ses deux premiers volets, Marsatac s’est lancé en 2024 dans l’acte 3 de cette expérimentation sonore. Au-delà de la reconduction des dispositifs déployés ayant prouvé leur efficacité sur les deux dernières années – notamment le contrôle et pilotage des émergences en direct et en dynamique via la pose de sondes environnementales sur l’ensemble du site et aux alentours, qui est mis en oeuvre dans une collaboration étroite avec la Ville de Marseille, travail sur la directivité du son, travail sur l’annulation des émergences, avec par exemple des installations complémentaires en arrière-scène, le festival va encore plus loin cette année sur sa gestion sonore.
Montée en compétences des professionnels
Ainsi, Marsatac a produit et financé une formation certifiante des techniciens et acousticiens cet hiver, en collaboration avec l’Afdas et Dushow (solutions techniques pour le spectacle vivant). L’objectif ? Valider les acquis des experts engagés sur le projet depuis le début de l’expérimentation, œuvrer à la montée en compétences des professionnels de la chaîne sonore liés à la gestion sonore sur un festival mais aussi leur permettre de renforcer leur connaissance du cadre règlementaire – dans le but final de la création de nouveaux métiers experts sur le sujet dans les différentes organisations oeuvrant à la production de festivals et autres événements de plein air.
Du matériel et de la recherche
Aussi, Marsatac accueille pour la première fois une configuration inédite sur son festival en termes de déploiement de ses systèmes de diffusion : trois scènes sur quatre sont équipées avec les systèmes des trois plus gros constructeurs mondiaux : L-Acoustics, Meyer Sound et D&B afin de proposer au public un système son en adéquation avec l’esthétique musicale associée à chaque scène. De surcroît deux scènes sur quatre ont été équipées du dernier matériel sorti d’usine de l’un de ces constructeurs.
Enfin, Marsatac devient également le laboratoire international de recherche universitaire sur le domaine en permettant la mise en relation entre ses riverains et le doctorant Charbel Hourani, de l’Université de Derby (Royaume-Uni) – sur la création d’une méthodologie répondant aux besoins de sa thèse sur La quantification subjective de la nuisance sonore due aux spectacles vivants. De la recherche et développement donc pour Marsatac toujours en défricheur du meilleur son.
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L’actualité de Marsatac dans les archives de Gomet’