Ce vendredi 31 mars 2017, Les Villages clubs du soleil inaugurent un nouveau village “à domicile” : Marseille – Belle de mai. Un village urbain, premier du genre, qui ouvre de nouvelles perspectives à cette société, créée en 1960 tout d’abord sous forme associative par un groupe de marcheurs marseillais et devenue désormais leader sur le secteur des vacances familiales. Rencontre avec Alex Nicola, président du directoire.
Gomet’ : D’où vient cette idée d’un Village club du soleil dans Marseille même ?
Alex Nicola : Cela remonte à 1984. Nous avions mené une réflexion sur Marseille comme destination, avec Jean-Pierre Daniel qui dirige depuis l’Alhambra, et nous avions monté le projet « Accueillir pour découvrir Marseille ou Marseille-sur-Mer » pour héberger les visiteurs dans les cabanons, qui n’étaient occupés que les mois d’été, et faire découvrir Marseille dans sa tradition culturelle comme aller à la pêche à bord de barques marseillaises. Nous avions obtenu une subvention du Fonds d’investissement culturel (FIC) mais le projet n’a pas abouti. J’ai gardé cette idée en tête et en 2005, j’ai commencé à rechercher un lieu sur Marseille. J’ai visité les locaux de France Telecom à Bonneveine, ceux d’EDF sur le Prado et ceux de la BPPC sur le boulevard Michelet. Ces derniers me plaisaient beaucoup mais la proximité de la Cité radieuse rendait le projet compliqué pour l’architecte des bâtiments de France. Puis, en 2011, Serge Pizzo, président du CIQ Belle de mai, me parle d’une maternité en friche, squattée sur laquelle il y avait un projet d’université du cinéma, avec de nombreux recours, et insiste pour que je vienne voir le lieu. Il faut dire qu’entretemps, le siège des Villages clubs du soleil avait quitté ses locaux boulevard Notre-Dame pour s’installer au Silo et, à partir de là, on nous a reconnu un peu plus sur la place marseillaise. Je vais donc voir le lieu un soir et j’ai eu un vrai coup de cœur. Ce n’était pas gagné mais j’avais trouvé l’endroit.
Gomet’ : Qu’est ce qui a été difficile sur ce parcours ?
A.N. : Le projet a failli capoter une nouvelle fois car on nous posait des conditions comme celle d’obtenir d’Atout France une étude et un audit favorables. Et voila qu’Atout France a estimé que ce n’était absolument pas jouable d’installer un tel village « dans l’un des quartiers les plus pauvres de Marseille, au milieu de nulle part ». Il a fallu se battre contre des idées reçues sur le tourisme et la formule hôtelière. Je leur ai dit « Vous qui habitez Paris, la Belle de mai c’est chantant, ça devrait vous parler ». Au final, le permis n’a eu aucun recours, une belle surprise, la Ville nous a signé un bail emphytéotique sur 45 ans et la Caisse des dépôts s’est associée dans la SCI Marseille sur Mer créée pour gérer ce programme.
Gomet’ : L’origine des Villages clubs du soleil est dans la volonté d’offrir la possibilité de partir en vacances à la montagne à un coût maîtrisé, et mieux encore lorsqu’on est marcheur. Avec Marseille-Belle de mai, c’est un nouveau type de village que vous proposez ?
A.N : Le village en ville® est un projet urbain qui trouve ses racines dans le concept des Villages clubs du soleil : le tout compris. Peut-être qu’on marche moins mais visiter le Vieux-Port est une destination. Chez nous, le forfait des remontées mécaniques est compris dans le prix du séjour à la montagne, ici, c’est le city pass qui donne accès aux transports urbains et aux musées. Et puis nous avons salarié un accompagnateur pour ceux qui souhaitent découvrir le GR 2013, les calanques ou la Sainte-Victoire.
Gomet’ : Vous ciblez la clientèle traditionnelle des clubs de vacances mais également le tourisme d’affaires. Comment situez-vous ce programme dans l’offre générale de la ville ?
A.N : Aujourd’hui, il y a un réel intérêt pour le tourisme urbain mais notre offre est complémentaire, pas concurrentielle. Il n’y avait pas de village de vacances sur la ville. Quant au tourisme d’affaires, c’est plus pour lisser le taux de remplissage sur l’année, Atout France n’y croyait pas et je refuse déjà des demandes. Notre cœur de cible reste la famille et les seniors.
Gomet’ : Est-ce un programme test pour vous ?
A.N. : Un village à la montagne vit six mois – quatre en hiver, deux en été -, et deux mois pour un village à la mer. Le village en ville®, c’est une piste de diversification. Nous sommes ouverts depuis un mois et nous accueillons déjà 200 à 300 personnes par semaine. Il faut compter trois ans pour la rentabilité mais je peux vous dire que je suis en pourparlers pour le collège Jean Macé à Lille. Suivra peut être Bordeaux. Nous sommes très attentifs aux capitales régionales, à l’Italie ou l’Espagne mais Paris ne nous intéresse pas actuellement.
Gomet’: Comment se porte la société ?
A.N. : En 2014, nous avons absorbé le groupe Renouveau Vacances qui perdait 4 millions par an. Cette acquisition nous a apporté dix nouveaux établissements pour diversifier nos destinations avec Morzine, La Baule… Nous sommes en bonne voie pour un retour à l’équilibre, même si la saison 2016/2017 ne sera pas évidente pour la filière, entre la neige qui n’arrivait pas en décembre, les calendriers des vacances scolaires et les élections à venir. Mais cela ne représente que 0,5% de notre prévisionnel, l’épaisseur du trait comme on dit. Nous maintenons l’objectif de 65 millions d’euros de CA et 820 000 nuitées sur nos villages.
(Alex Nicola est arrivé en 1973 aux Villages clubs du soleil. De 1986 à 2002, il a été notamment directeur des ressources humaines, puis responsable qualité. En 2005, il est nommé directeur général et depuis 2010, président du directoire.)
Informations et chiffres clés :
> Marseille – Belle de Mai : Ouverture à l’année – 2, sur François Simon – 3°
– 340 lits pour 125 chambres de 2 à 4 lits
– Restauration d’environ 300 couverts
– Salons voûtés privatisables et salle plénière de 150 places
– Piscine extérieure chauffée, bassin enfants, sauna, jacuzzi…
> Architecte : Fradin Weck Architecte (Aix-en-Provence)> SCI Marseille sur Mer composée de 45% de la Caisse des dépôts et 55% des Villages clubs du soleil
> Investissement 13 millions d’euros dont 30% en nom propre
> 60 emplois créés.Les Villages clubs du soleil
> Création en 1960 de l’association
> 1999 : Les Villages clubs du soleil deviennent une S.A. dite par l’actionnaire d’économie sociale et solidaire. L’actionnaire étant associatif, il ne prélève pas de dividende.
> 2014 : Achat du groupe Renouveau Vacances
> La répartition est désormais 14% pour Renouveau Avenir et 86% pour Villages clubs du soleil.
> 21 destinations en France
> 9 500 lits
> 100 000 vacanciers accueillis chaque année
> 775 collaborateurs, plus de 1 000 postes de travail et 30 métiers différents
> Objectifs 2017 : 65 millions d’euros de CA et 820 000 nuitées> site internet : www.lesvillagesclubsdusoleil.com