Alors qu’il vient d’annoncer la 6e édition du Delta festival à Marseille du 29 juin au 3 juillet 2022, Matthieu Predal,son co-fondateur d’origine marseillaise, entend doubler le nombre de festivaliers, passant de 90 000 à 180 000, pour 5 jours d’événements sur les plages du Prado (8e) avec plus de 250 artistes. Outre la programmation musicale, les jeux gonflables, les stands de maquillage et de photos, l’équipe organisatrice a étoffé son offre de villages sur le festival. Le petit nouveau sera dédié à l’international, en plus d’un village santé, start-up, environnement ou gastronomie…
Le Delta festival : une expérience globale, conçue pour et par la jeunesse, que Matthieu Predal souhaite étendre au-delà d’une rencontre annuelle. (Interview réalisée fin août 2021)
Quelles étaient vos motivations pour créer un festival ce cette ampleur, qui plus est à Marseille ?
Matthieu Predal : Avec Olivier Ledot, on avait 24 ans. C’était en 2014. On voulait créer un gigantesque rassemblement pour la jeunesse, car en France, de manière générale, on trouvait qu’il y avait un problème d’expression des jeunes sur le plan politique et décisionnel. On a donc créé un événement-vitrine pour montrer aux décideurs que les jeunes peuvent faire des choses, qu’ils savent s’organiser et surtout qu’ils ont le droit à la parole… En somme, le but était de les interpeller sur le fait que cette partie de la population doit peser dans les décisions.
Quels sont les atouts du Delta pour qu’il réunisse de plus en plus de jeunes ?
M.P : On ne se considère pas uniquement comme un festival de musique. Le Delta est un festival construit autour de plusieurs thématiques qui intéressent la jeunesse. Même si la musique est un des vecteurs principaux pour la rassembler, nous lui proposons huit villages dont le « village des possibles » où 60 start-up sont présentes pour échanger avec les jeunes sur des innovations, des projets, des possibilités d’emploi. En plus de cette offre, je souhaite créer deux nouveaux villages : un sur le « vivre ensemble » qui traiterait des sujets de xénophobie, d’homophobie, d’inclusion sociale, d’égalité femmes-hommes, car on a un monde à construire ensemble, et l’autre serait un « village international » où j’aimerais inviter des délégations étrangères d’Australie, de Côte d’ivoire, d’Allemagne… pour faire découvrir ces cultures aux jeunes et les faire voyager (Ndlr : ce village a été annoncé jeudi 3 février 2022 au Dock des Sud lors du lancement de la nouvelle édition).
[En direct] Le @FestivalDelta annonce 5 jours de fête du 29 juin au 3 juillet 2022 ! Plus de 180 000 festivaliers sont attendus (soit deux fois plus qu’en 2021) pour 250 artistes 🎉 pic.twitter.com/IpYwofxGdG
— Gomet' (@Gometmedia) February 3, 2022
Votre événement représente un coût global de 4,5 millions d’euros. Quel est votre modèle économique ?
M.P : Nos revenus dépendent majoritairement(88%) de la billetterie et des ventes de boissons et repas sur place. Par ailleurs, 5% des recettes proviennent de fonds privés comme les entreprises présentes sur le « village des possibles » qui payent une modique somme 350 euros pour trois jours, et 7% de subventions publiques de la Ville de Marseille, de la Métropole Aix-Marseille-Provence, du Département des Bouches-du-Rhône.
Quelles sont vos relations avec les élus locaux, notamment avec la Ville de Marseille ?
M.P : Nous travaillons toute l’année avec la Ville de Marseille. C’est clairement notre plus gros partenaire. Grâce à la Ville, nous pouvons nous installer sur les plages du Prado. Ce lieu est un argument de taille pour attirer les jeunes de la France entière. Il faut savoir que 30% des festivaliers viennent des Bouches-du-Rhône, mais que les 70% restants viennent d’ailleurs. Ainsi, le Delta draine beaucoup de touristes, tous les hôtels et Airbnb affichent complets pendant cette période… Ce flux touristique se répercute positivement sur l’économie de Marseille.
En 2021, vous avez tissé un partenariat avec l’Office de la mer pour les parades maritimes allant du Vieux-Port aux plages du Prado. Avez-vous tiré des bénéfices de cette synergie ?
M.P : Le partenariat avec l’Office de la mer Marseille Provence nous permet de toucher une autre cible, un public plus vieillissant. C’est aussi ça, préparer 2024 ! Nous voulons montrer que Delta France associations sait organiser des événements autour du nautisme. Nous voulons envoyer un maximum de jeunes participer au Jeux Olympiques. Ils ne doivent pas être privés de cette opportunité.
Faire un festival sur les plages représente une empreinte écologique élevée. Avez-vous des actions concrètes pour la compenser ?
M.P : Outre le fait que l’on sensibilise sur la préservation de l’environnement sur les villages, en témoigne les dizaines d’associations présentes, nous trions les déchets et nous recyclons les huiles des foodtrucks. Notre mesure phare en 2021 est la suppression des bouteilles d’eau à usage unique. C’est une perte financière considérable mais la Région Sud nous soutient pour la mettre en œuvre. Aussi, nous avons également créé la Delta Family avec plus de 1 000 bénévoles, au sein de la communauté du Delta, qui participe aux actions de certains partenaires comme « Un déchet par jour » qui incite au ramassage des déchets. Si le bénévole participe à trois actions dans l’année, nous lui offrons une place pour le festival.
Quelles sont vos ambitions en 2022 et après ?
M.P : Notre croissance est de 70% par an… Donc je ne dis pas qu’on va s’étendre mais on va rajouter une journée (Ndlr : 2 jours ont été ajoutés depuis) ou imaginer un événement en simultanée. En revanche, notre ligne de mire c’est 2025. Nous voulons proposer à la Ville que Marseille soit la « Capitale européenne de la Jeunesse ». Nous travaillons déjà avec la Commission Européenne et le Parlement Européen, et il serait important pour nous de proposer une programmation annuelle à Marseille, rythmée par une ribambelle d’évènements dédiés à la jeunesse. Bon… et puis j’ai un projet qui me tient à cœur dont je vais vous parler. Je veux organiser un concert en mer en 2022 avec une scène au bord l’eau à rejoindre par bateau. Il pourrait y avoir 300, 400 bateaux autour de la scène ! Et le but serait de le faire dans les quartiers Nord de Marseille pour rapprocher le Nord et le Sud de la ville.
L’affiche des artistes présents en 2022
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