Un an après l’effondrement meurtrier des immeubles des numéros 63 et 65 de la rue d’Aubagne à Marseille, un an après les huit morts qui ont sidéré la population et l’opinion, Gomet’ prend du recul avec Michel Péraldi. Anthropologue, sociologue directeur de recherche honoraire au CNRS, il est un observateur incisif de Marseille, de ses habitants, de son urbanisme et de son monde politique.
Le 5 novembre 2018 restera-t-il comme un événement équivalent, dans l’histoire de Marseille, à l’incendie des Nouvelles Galeries en 1938 (1) ?
Michel Péraldi : C’est un événement qui construit le temps : il y a un avant et un après ! Avant tout le monde s’en fout et laisse faire le délabrement du logement en centre-ville. Après le 5 novembre, le laisser faire, l’absence de soins apportés au logement des faibles revient à la tête de la municipalité. Mais le logement des plus démunis n’est pas qu’un problème municipal : l’État, les bailleurs sociaux, les marchands de sommeil, les propriétaires privés, tout le monde est éclaboussé par ce scandale.