Ce drame rappelle l’existence à Marseille d’un centre-ville pauvre. Est-ce une exception par rapport aux autres métropoles en Europe ?
M. P. C’est un fondement de l’histoire urbaine de Marseille. Les classes populaires vivent encore au centre. Il y a des pauvres et de la grande pauvreté dans le 3e arrondissement, et surtout des classes populaires dans le 1er ou le 2e arrondissements. C’est une caractéristique que Marseille partage avec Naples en Méditerranée. Gênes a des fragments de quartier du port avec un habitat très dégradé, Barcelone avait jusqu’aux jeux olympiques de 1992 les Barcelonnettes qui étaient des quartiers populaires. Aujourd’hui, Marseille et Naples sont les deux villes en Europe du Sud dans lesquelles le centre reste un lieu d’habitat, le lieu d’une centralité populaire, associative, culturelle.
C’est historique ou contemporain ?
M. P. Marseille a très longtemps négligé l’habitat populaire, bien avant Gaudin. 75 % du logement social public existant a été construit entre 1962 et 1975. Et 90% de ces logements sont dans les 13e, 14e et 15e arrondissements. À la fin du XIXe Marseille avait déjà un habitat fragile dégradé. Les Californies, comme les appelait Horace Bertin, autour de la Gare Saint-Charles, étaient déjà des bidonvilles intra-muros.
Il n’y a jamais eu ici de politique ambitieuse de logement social, contrairement à Lyon.