La présidente (LR) le la Métropole Aix-Marseille Provence s’est lancée dans ce qu’elle appelle une « opération vérité » sur le thème des transports. Qualifiée de « priorité », la mobilité représente un enjeu majeur en matière d’attractivité. Rendre les moyens de transports fiables et accessibles à tous tout en répondant à l’urgence écologique, c’est l’objectif de la Métropole, sur un territoire qui affiche beaucoup de retard dans ce domaine. Dans le cadre de l’agenda de la mobilité métropolitaine, lancé en décembre 2016, 3,5 milliards d’euros ont été budgétés pour les projets liés à la mobilité d’ici à 2025. Pour les vingt prochaines années, le montant grimpe à 12 milliards.
Martine Vassal, qui a pris les rênes de la Métropole en septembre dernier, maintient le principe du phasage de l’agenda de la mobilité. Première étape : 2016-2020. Pour le financement, elle rappelle tout l’engagement du Département des Bouches-du-Rhône a mis la main à la poche à hauteur de 300 millions d’euros pour mener à terme des projets comme le Boulevard urbain sud (BUS), la requalification du Jarret et du cours Lieutaud, le BHNS Aixpress, la ligne ferrée entre Aix et Marseille, et des pôles d’échanges multimodaux. 274 millions ont été utilisés pour ces réalisations. Deuxième phase : 2019-2021 période pour laquelle le Département a voté une aide supplémentaire de 300 millions d’euros lors de la séance plénière du mois de décembre 2018. « C’est un effort particulièrement important en direction de la mobilité et des projets structurants » avait alors indiqué Martine Vassal.
Les 220 millions d’euros annoncés par la présidente à l’occasion d’une conférence de presse, mercredi 6 février 2019, dans les locaux de la Métropole situés dans la tour La Marseillaise, proviennent de cette enveloppe. Ils permettront « de maintenir le rythme soutenu de réalisation des projets inscrits à l’agenda de la mobilité métropolitaine ». De poursuivre la mise en place du Réseau Express Métropolitain (ex-Métro Express), de remplacer les rames de métro pour son automatisation, ou encore financer des études notamment dans le cadre des extensions du tramway Nord/Sud de Marseille entre La Castellane et La Rouvière, ou jusqu’à la place du 4 septembre dans le 7e arrondissement de Marseille de maintenir le rythme soutenu de réalisation des projets inscrits à l’agenda de la mobilité métropolitaine ».
Le Val’Tram de retour dans l’agenda de la mobilité
Cette somme permettra également de relancer les études du Val’Tram du pays d’Aubagne et de l’Etoile. Après avoir été stoppé en raison de son « insoutenabilité financière », par l’ancien vice-président de la Métropole Jean-Pierre Serrus, le projet retrouve sa place dans l’agenda de la mobilité métropolitaine. Les études reprennent donc pour permettre au projet de voir le jour sachant qu’en mars 2018, la présidente du conseil du Pays d’Aubagne et de l’Etoile, Sylvia Barthélémy parlait de 10 millions d’euros déjà engagés. Sur le terrain des chiffres, la nouvelle enveloppe prévoit 136 millions d’euros au total, un peu en-dessous donc des 150 millions d’euros jugés insoutenables par Jean-Pierre Serrus. Reste à savoir la part qui sera supportée par la Métropole… Les 80 millions restants de l’enveloppe votée en décembre par le Département n’ont pas encore été fléchés.
La prochaine phase, elle, est encore soumise à une inconnue. « A partir de 2022, il faudra que l’Etat prenne ses responsabilités. Nous ne pourrons pas avancer sans le concours de l’Etat », insiste Martine Vassal. Elle a adressé un courrier à la ministre des transports, Elisabeth Borne, pour solliciter l’aide de l’Etat, en insistant notamment sur la création d’un établissement public de la mobilité. Pour rappel, cette structure qui permet d’accélérer et financer les travaux ne figure pas dans la loi d’orientation pour les mobilités (LOM). C’est pourquoi, l’élue en appelle aussi à l’ensemble des parlementaires du territoire pour l’aider à convaincre le sommet de l’Etat sur la nécessité de mettre en place cet outil, « et faire des questions écrites au gouvernement. Le président de la République manifeste de l’amour pour Marseille, j’attends des preuves de cet amour. Il ne faut pas des incantations mais des contrats et des engagements fermes », souligne-t-elle.
« Je ne ferme pas la porte au téléphérique »
Parmi les dossiers en cours, la station de métro du capitaine Gèze reste un point d’attention. Les tests techniques devraient intervenir au printemps. Ils permettront de confirmer ou non l’ouverture au mois de septembre 2019… avec trois ans de retard. Sur ce volet, Yannick Tondut reconnaît que « tout le monde s’est trompé, il y a eu une mauvaise conception du système au départ. On a tout repris à zéro », tout en insistant sur la complexité de ce chantier.
Quant au téléphérique ? Martine Vassal estime que « c’est important mais pas indispensable. On va concerter, regarder les différentes propositions techniques qui nous permettent de ne pas défigurer le paysage, mais je ne ferme pas la porte au téléphérique ».
Pour démontrer que la priorité aux transports s’incarne bien sur le terrain, Martine Vassal présentera, dès jeudi 7 février, les projets du prolongement du tramway Nord-Sud de Marseille et de la future place Castellane semi-piétonnisée (photo ci-dessus) au terminus de la ligne de tramway T3 Castellane. Elle se rendra ensuite au parking-relais de La Rose, afin de présenter le projet de rénovation qui sera lancé au deuxième semestre 2019.
Les critiques de Jean-Pierre Serrus sur le mode de financement
Jean-Pierre Serrus, ancien vice-président de la Métropole et maire (LREM) de la Roque-d’Anthéron a suivi la conférence de presse de Martine Vassal retransmise sur les réseaux sociaux. Il partage avec la présidente la conviction que l’agenda de la mobilité métropolitaine définit bien ce qu’il y a lieu de faire pour résoudre les problèmes de mobilité des métropolitains. C’est sur la question du financement du déploiement de l’agenda que son avis diverge. Selon lui, le budget de la Métropole pour l’année 2019 ne donne pas suffisamment la priorité aux investissements liés à la mobilité. « Les 110 millions d’euros de dépenses d’investissement votés le 13 décembre affichent un décrochage de 34 millions par rapport aux 144 millions inscrits initialement pour 2019 dans la trajectoire d’investissement de l’agenda. Ce décrochage devrait s’accentuer en 2020 puis en 2021», explique-t-il à Gomet’. Depuis 2016, Jean-Pierre Serrus préconise « un débat de fond pour orienter plus radicalement les ressources de la Métropole vers cette priorité tant attendue par les métropolitains, quitte à pénaliser d’autres compétences et à diminuer le retour aux communes».
Jean-Pierre Serrus constate que le Conseil départemental continue à apporter une aide substantielle au financement des projets de mobilité métropolitaine. Cette aide s’opère majoritairement au travers d’emprunts qui accentueront la dette du Département qui atteint 850 millions d’euros en 2019, et qui pourrait atteindre 1 milliard d’euros en 2020. « Avec un tel chiffre, le Conseil départemental des Bouches-du-Rhône aurait une dette de l’ordre de 520 euros par habitant, supérieure à la moyenne des conseils départementaux. En 2016, la dette par habitant était de 350 euros.»
Favoriser « une collaboration étroite avec l’Etat »
Les endettements respectifs de la Métropole et du Département ne sont pas sans poser des questions dans la perspective de leur fusion qu’il appelle de ses vœux. Il réclame un aggiornamento de l’utilisation des ressources de la Métropole et du Conseil départemental, « dans le but d’élaborer des budgets plus conformes aux besoins prioritaires des citoyens et des entreprises qui en sont les principaux contributeurs. Cette démarche exemplaire irait de pair et favoriserait une collaboration étroite avec l’Etat afin de définir son indispensable contribution. »
Document source :
Lien utile :
> Retrouvez ici tous nos reportages et dossiers consacrés à la mobilité.