Longtemps, Paul Delvaux a peint des gares. De sa chambre à coucher, le jeune Belge observe le tram qui passe sous ses fenêtres, rue de la Régence, à Bruxelles. Et se laisse emporter, à l’aube des années 1920, par ce qui est à l’époque le symbole d’une modernité émergente. Élève aux Beaux-Arts de Bruxelles, il s’applique alors à peindre la réalité avec fidélité, dans la veine des réalistes les plus classiques. C’est quelques dizaines d’années plus tard qu’il bifurquera vers des motifs plus étranges, énigmatiques et poétiques, qui l’emportent vers les pentes du surréalisme, sans réellement appartenir officiellement au courant d’André Breton. Pourquoi ? Delvaux tient à sa liberté. « C’était surtout un artiste solitaire et très individualiste, contre l’idée même de groupe ou d’appartenance », explique Olivier Cousinou, conservateur au musée Cantini et co-commissaire avec Laura Neve de cette exposition. « Il peignait dix à douze heures par jour, même la nuit, et quand il ne peignait pas, il dessinait… Finalement, il n’était pas très à l’aise dans les activités sociales », poursuit le conservateur.
[pullquote]« C’était surtout un artiste solitaire et très individualiste, contre l’idée même de groupe ou d’appartenance», explique Olivier Cousinou, conservateur au musée Cantini et co-comissaire de l’exposition[/pullquote] « Il y a deux ans, le musée d’Ixelles nous a écrit comme à plusieurs musées. Ils venaient de recevoir un dépôt d’œuvres de la part d’un grand collectionneur qui souhaitait garder l’anonymat, raconte Olivier Cousinou, qui a réussi à transmettre à Christine Poullain, directrice des musées de Marseille, sa passion pour le peintre belge. Il y avait là entre 300 et 500 tableaux, dessins et aquarelles de Delvaux, une collection très riche qui couvre toute la trajectoire de sa vie ». 70% des 90 toiles de Delvaux que l’on peut admirer au musée Cantini proviennent de cette collection. Le reste est le fruit d’emprunts faits à Gand, Charleroi ou Bruges… Quant à l’exposition d’Ixelles, elle aura lieu à Bruxelles après le 21 septembre 2014, lorsque celle de Marseille sera décrochée.
Découvrez trois oeuvres du peintre belge :
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Un artiste rarement exposé en France
Delvaux est indépendant. Une indépendance qui s’exprime dans les thèmes évoqués par l’artiste, notamment l’homosexualité féminine, qu’il parcourt dans ses tableaux dès 1930. Chez Delvaux, la femme est une énigme qui s’avère, au final, inaccessible. Ses mystères sont trop profonds, si bien que dans ses toiles, en retour, la relation lesbienne se voit représentée comme « plus aisée, plus intime et spontanée que celles qu’entretiennent les sexes opposés ». La vie sentimentale de l’artiste n’est peut être pas étrangère à cette vision.
Mais là où Delvaux s’exprime le mieux, le plus intensément, c’est bien dans ses tableaux inspirés de l’Antiquité. Adolescent, il se passionne pour L‘Iliade et L’Odyssée, et réalise une première toile inspirée par un thème mythologique : le Retour d’Ulysse. Inachevée, celle-ci n’est pas signée. Dix ans plus tard, sa peinture évoque sa découverte du travail de Giorgio de Chirico et prend des allures de Salvador Dali : les fresques parfois inquiétantes qu’il représente s’apparentent à des scènes oniriques, où les escaliers en ruine côtoient les perspectives colorées et les portes ouvertes qui mènent vers l’horizon. Ou bien tout simplement vers nulle part.
Rarement exposé en France, Delvaux « bénéficie auprès du public d’une grande notoriété, depuis toujours en Belgique et depuis une trentaine d’années à l’international », explique Christine Poullain, directrice des musées de Marseille.
C’est tout l’intérêt de la centaine d’oeuvres montrées dans cette exposition, réalisée d’ailleurs en collaboration avec le musée d’Ixelles de Bruxelles : raconter l’intensité du travail de Delvaux, peintre insolite et original, qui mérite sûrement mieux que la relative discrétion derrière laquelle on ne le distingue que difficilement.
> Et vous, êtes-vous allés à cette exposition ? Qu’en pensez-vous ? Laissez nous votre avis dans les commentaires.
Informations pratiques :
Paul Delvaux, le rêveur éveillé au Musée Cantini
Du 7 juin au 21 septembre 2014
Tarif : 5 euros / Réduit : 3 euros
Visites commentées les samedis et dimanches à 11 h et 14 h
Et du 1er juillet au 31 août : visites tous les jours à 11 h et 14 h
19 rue Grignan, 13006 Marseille