« Le PLFSS est un marronnier, explique Jean-Paul Benoît. Sauf que cette année pour la première fois, la santé a été placée au cœur de la campagne présidentielle. Nous assistons ainsi aux premières mises en œuvre de la réorganisation du système de santé. » La Mutualité française Paca soutient l’objectif de retour à l’équilibre de la Sécurité sociale bien sûr, ainsi que certaines mesures comme la pérennisation de la télémédecine (article 36), l’augmentation du prix du tabac, l’obligation vaccinale et le cadre d’expérimentation de construction d’un véritable parcours de santé (article 35).
Mais elle est en désaccord sur d’autres projets, comme l’augmentation de 2€ du forfait hospitalier, qui correspond à la participation du patient aux frais liés à son hospitalisation. Actuellement, il est de 18€ par jour en hôpital et de 13,50€ en psychiatrie. « C’est le retour aux vieilles recettes et aux transferts de charge du régime obligatoire vers les complémentaires, dénonce Jean-Paul Benoît. Ce forfait hospitalier est purement et simplement une taxe sur les patients hospitalisés. La ministre de la Santé Agnès Buzyn expliquait en outre qu’il était « payé par les mutuelles, ce ne sont pas les Français qui le paient ». Mais qui paie les mutuelles, sinon les Français ? Et que dire des 3 millions d’assurés qui ne disposent pas d’une complémentaire santé ? Cette hausse qui représente 200 millions d’euros supplémentaires se traduira forcément par une augmentation des cotisations. »
Coût de la santé et déserts médicaux
Le président de la Mutualité française est d’autant plus inquiet que, selon lui, la dégradation du système de santé se poursuit. Selon des chiffres de la CPCAM du Gard, 25% des assurés sociaux renoncent aux soins médicaux. En cause : un facteur économique et une problématique d’accès aux soins. « Les renoncements les plus importants concernent l’optique, l’audioprothèse et le dentaire », précise Jean-Paul Benoît. Le prix moyen dans le département d’une paire de lunettes est de 424€ par exemple, avec un reste à charge de 148€. Le prix d’une prothèse auditive est quant à lui de 1497€ en moyenne dans les Bouches-du-Rhône, avec un reste à charge de 803€.
Les difficultés d’accès à un praticien, généraliste et spécialiste, restent également l’une des préoccupations majeures de la Mutualité française. Délai de rendez-vous, désert médical, méconnaissance du système de santé participent du renoncement aux soins. « L’Agence régionale de santé souligne que la région est surdotée en praticiens. Certes, mais ils sont si mal répartis que des zones blanches existent, et pas seulement dans les régions alpines mais également dans les quartiers nord de Marseille, ou du côté de Berre-l’Etang. »
« Parallèlement à cette crise de la médecine libérale, chaque année l’hôpital subit un coup de rabot, alors qu’il est au bout du rouleau. Mais sans continuité des soins, les patients se rabattent forcément sur l’hôpital ! » La Mutualité préconise ainsi le développement des maisons et des centres de santé ainsi qu’un décloisonnement entre médecine de ville et hospitalière. « C’est toute l’offre de santé du territoire qui doit être réorganisée. Mais les financements ne sont pas à la hauteur », conclut le président.
La Mutualité française présente son Observatoire-Place de la Santé
Le 1er décembre dernier, la Mutualité Française lançait PlacedelaSante.fr, un site participatif de rencontre et débat en vue des élections présidentielle et législatives 2017. L’objectif : mettre la santé au cœur des débats électoraux. « Ce site internet se transforme à présent en baromètre annuel, afin de poursuivre le débat public sur l’avenir de notre protection sociale », précise Jean-Paul Benoît. Ce premier Observatoire est ainsi consacré aux postes les plus importants en matière de santé : l’audioprothèse, le dentaire et l’optique. On découvre que le département des Bouches-du-Rhône est plutôt bien loti, puisque le prix moyen d’une prothèse dentaire est de 434€, quand la moyenne nationale est de 452€. En outre, 7 audioprothésistes pour 100 000 habitants sont installés dans le département, alors que la moyenne nationale est de 5. De même, il existe 86 chirurgiens dentistes pour 100 000 habitants dans les Bouches-du-Rhône, contre 64 de moyenne nationale.Liens utiles
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