Malgré la pandémie, les professionnels du tourisme pensent le monde d’après. La biodiversité est le capital immatériel de cette industrie et Natur’Act réfléchit, conçoit et lance des actions novatrices qui réunissent des acteurs qui se parlaient peu. Emmanuel Delannoy, économiste, consultant du Cabinet Pikaïa est à l’initiative de Natur’Act qui est soutenue par l’Ademe et la Région Sud. Pour Gomet, il fait le point sur cette initiative inédite.
Tourisme et biodiversité sont intimement liés : l’identité et le caractère d’un territoire, ses paysages et ses sites remarquables que les visiteurs aiment à découvrir et fréquenter sont le résultat d’interactions répétées, parfois pendant des centaines d’années, entre la biodiversité des écosystèmes et les activités humaines qu’ils abritent.
C’est sur la base du constat de ce qu’ils doivent à la biodiversité que plusieurs professionnels du tourisme et des activités de loisirs ont décidé de s’associer pour fonder la démarche Natur’Act. Parmi eux, des acteurs représentatifs de typologies d’établissements variés, de l’Hôtel Intercontinental – Hôtel Dieu à l’Auberge de Jeunesse des Calanques ou le Centre Léo Lagrange, mais aussi des traiteurs comme MetSens, des opérateurs d’activité de plein air comme Localanque, des commerçants comme le Lama blanc ou le Parc Aventure de Saint-Jérôme dans le 13e arrondissement de Marseille.
Natur’Act est soutenue par l’Ademe et la Région Sud, pour son ancrage dans les réalités du terrain et sa contribution à la transition écologique d’un secteur d’activité critique pour l’économie de la Provence. La Chambre de commerce et d’industrie Aix Marseille Provence et l’Office de tourisme de Marseille ont rapidement rejoint l’initiative en mobilisant leurs compétences et leurs adhérents.
Mobiliser les professionnels et leurs clients pour la préservation de la biodiversité
Initialement lancée dans la perspective du Congrès mondial de la nature qui devait se tenir en juin 2020 à Marseille (reporté en septembre 2021), cette initiative s’est depuis largement reconfigurée pour tenir compte de la crise sanitaire et de ses conséquences pour le secteur touristique en Provence. L’ADN du projet reste toutefois le même : mobiliser les professionnels et leurs clients pour la préservation de la biodiversité, et travailler ensemble à faire évoluer les pratiques dans le sens d’une économie circulaire de proximité, vertueuse pour le territoire.
Ces deux piliers se déclinent de la façon suivante :
1. Soutenir financièrement, et proposer à leurs clients de soutenir, sur la base du volontariat, des actions locales de restauration d’écosystèmes dégradés, des programmes de protection, de soutien au développement de l’agroforesterie ou de la permaculture, ou encore de nature en ville et d’agriculture urbaine. Plusieurs mécanismes sont possibles : arrondi solidaire en caisse, collecte de microdons, conventionnement, etc. 100 % des contributions sont versées au fonds de dotation Nature 2050, géré par la CdC Biodiversité et dédié au financement d’actions locales.
Une start-up innovante, Lokalero, a été associée au projet pour mettre en place chez les commerçants, hôteliers et restaurants participant au programme des bornes interactives ou des affichettes intelligentes permettant de faire très simplement – en approchant sa carte bancaire de la borne ou en scannant un QR code – un don de quelques euros pour soutenir des projets. Parmi les projets soutenus aujourd’hui, on peut notamment mentionner le projet CasCioMar, consacré à la restauration de la biodiversité des petits fonds côtiers et des nurseries de jeunes poissons, un projet d’agroécologie au Domaine des possibles à Arles, ou encore le reboisement de la réserve des Partias dans les Hautes-Alpes. D’autres projets, toujours localisés et complémentaires dans leurs approches, sont en cours d’instruction pour être à l’avenir soutenus.
2. Agir concrètement pour faire évoluer les pratiques des professionnels dans le sens de l’économie circulaire, la mise en œuvre de circuits courts, le compostage de proximité, la végétalisation des espaces urbains ou le soutien à des fermes urbaines. Natur’Act anime ainsi des ateliers d’innovation participative et de partage des pratiques pour passer, ensemble, à la vitesse supérieure. Les projets mis en œuvre dans le cadre de Natur’Act peuvent aussi contribuer à faire progresser les acteurs qui le souhaitent vers des dispositifs de reconnaissance nationale, voire internationale, comme le label « Clé verte », dont l’Office du tourisme Marseille Provence fait la promotion.