Nicolas Drouillet est le directeur d’Orange Grand Sud Est (régions Provence Alpes Côte d’Azur, Corse et Auvergne Rhône Alpes) depuis mai 2023. Il est la tête de 14000 salariés occupés dans de nombreuses activités. Il fait le point avec Gomet’ sur les grands défis de sa mission.
Quelle est votre méthode depuis que vous êtes en poste. Est-ce qu’il y a une page Nicolas Drouillet ?
Nicolas Douillet : Je suis quelqu’un de très opérationnel. J’aime bien comprendre les sujets, mettre les mains dans les activités, et être au contact des équipes qui sont elles-mêmes au contact des clients.
Comment caractériser l’évolution de la présence d’Orange à Marseille et dans les Bouches-du-Rhône ?
N. D. L’ancrage sur le territoire reste très fort. Nous avons uniquement sur Marseille 1600 salariés et 2000 au total dans les Bouches-du-Rhône. Nous avons 12 boutiques sur le département dont quatre à Marseille. La représentation des activités du groupe est assez large, d’une part les métiers traditionnels comme la distribution, les techniciens, des plateaux d’appel, les commerciaux, et d’autres part des segments plus spécifiques comme la filiale e-santé du groupe, Enovacom, avec plus de 200 personnes ou encore Orange Cyber Défense pour laquelle on a ouvert un campus fin 2022 et Orange Marine spécialisée dans les câbles sous-marin. Deux chiffres pour caractériser notre activité sur le territoire : concernant la fibre, aujourd’hui, 82% des foyers des Bouches-du-Rhône sont éligibles à la fibre, et on continue de la déployer; sur la 5G, 88% de la population du département est couverte, et on ne va pas s’arrêter là.
Comment évolue ce dispositif ?
N. D. : En terme de compétences et de sujets, nous sommes plutôt dans la continuité. Le nouveau plan stratégique d’Orange affiche l’ambition de continuer d’être un leader des réseaux, du très haut débit, de la fibre, la 5G et la nouveauté, l’offre satellite. Nous souhaitons continuer à accompagner les entreprises dans leur transformation numérique dans un moment où le marché change beaucoup avec la recherche de solutions nouvelles dans la voix et les données, avec des dispositifs de plus en plus collaboratifs, et dans le cloud. Le monde du réseau et le monde des entreprises de service numérique se mixe de plus en plus. Il ya des grands enjeux de transformation de compétences à accompagner. En toile de fond, ce sont tous les défis en matière de sécurité qui sont posés d’où le développement d’Orange Cyber Défense. Toutes les entreprises, petites et grandes sont concernées. Enfin, au coeur de notre stratégie, le volet responsabilité sociale d’entreprise (RSE) demeure fondamental, d’une part l’impact environnemental avec tout ce que l’on fait pour limiter nos émissions, et d’autre part, l’inclusion numérique avec l’accompagnement des entreprises et des personnes qui ne sont pas forcément à l’aise avec les nouvelles technologies numériques.
Pourquoi avoir décidé de lancer une offre satellite ?
N. D. : Nous l’avons lancée le 16 novembre. Il s’agit d’élargir la proposition très haut débit d’Orange en France métropolitaine en venant compléter l’offre qui est avant tout fibre et mobile 4G, 5G. C’est un complément technologique derrière ces solutions déjà existantes. L’offre est commercialisée dans les canaux de distribution d’Orange et opérée par Nordnet, une société du groupe, spécialisée dans l’internet par satellite depuis une quinzaine d’années. Concrètement l’offre permet d’avoir 200 mégabits en descendant, soit du très haut débit. C’est un offre illimitée voix et datas sur la France et de nombreuses destinations. Technologiquement, nous avons choisi du mettre du wifi 6, dernière génération, en sortie. C’est une chose d’amener le débit dans la maison, cela en est une autre de le faire rayonner sur l’ensemble des terminaux afin d’aller jusqu’au bout d’une connectivité très haut débit.
Comment Orange répond aux besoins des entreprises en matière de cloud ?
N. D. : Nous avons différents centres de compétences regroupés dans Orange Business, l’objectif étant de proposer des solutions bout en bout, modulaires, en fonction de la taille des clients. Plus on va vers des tailles importantes, plus nous aurons des solutions dédiées et spécifiques. L’idée générale est bien d’accompagner les entreprises vers des solutions qui sont en effet de plus en plus hébergées dans le cloud dans des data-centers, en y ajoutant la couche de sécurité avec notre filiale cyber défense.
Entreprises : « la question de la sécurité est cruciale »
Nicolas Drouillet
Comment évoluent les préoccupations et les attentes des entreprises ?
N. D. : Il y a de plus en plus de logiciels collaboratifs pour partager la donnée et les informations comme on peut le voir avec toutes les applications de visio-conférences. Et puis les entreprises vont vers des réseaux de plus en plus souples et configurables possibles. La première étape est de séparer le matériel et le logiciel avec le cloud. Ensuite avec des solutions innovantes, il y a des besoins pour la mise en place de réseaux consommables à la demande. Tout cela est installé dans des data-centers partagés où la question de la sécurité est cruciale. Il faut savoir que les attaques cyber augmentent de 15% chaque année et ciblent essentiellement (75%) des PME. Le plus grave est que l’on estime qu’une PME sur deux ne s’en remet jamais. La cyber sécurité est donc un enjeu fondamental.
Comment intervient Orange Cyber Défense ?
N. D. : Sur toute la chaine. Nous réalisons à la fois des audits et de la protection, mais aussi de la détection. Et nous pouvons aussi nous occuper de le remédiation, après une attaque, pour à la fois récupérer un maximum de données, faire en sorte qu’elles soient le moins contaminées possible, récupérer un système sécurisé. En général, lorsque l’on a été victime d’une attaque, la volonté est de mettre en place un système plus robuste.
Il y a eu ces derniers années de nombreuses attaques de structures du secteur public (collectivités, hôpitaux, universités). Est-ce que vous adressez également ce secteur ?
N.B. : En effet. Nos services s’adressent également au secteur public : les communes, les régions, les départements, etc. Nous avons des offres orientées vers ce type de clients. Et nous avons des équipes à la fois des équipes commerciales et des délégués régionaux qui parlent avec les collectivités à la fois pour les sensibiliser et leur présenter nos solutions pour les accompagner.
Deux nouveaux câbles sous-marins installés par Orange Marine en 2024
Comment se développe l’activité des câbles sous-marins ?
N.B. : 99% des communications téléphoniques et données qui passent entre les continents transitent par des les câbles sous-marins. Et évidemment, avec le développement de l’internet mondial, les besoins sont de plus en plus forts. Le choix fait à Orange a été de garder des compétences sur l’ensemble de la chaîne de connectivité. Et nous sommes l’un des rares opérateurs dans le monde à maîtriser cette technologie, c’est à dire savoir poser des câbles et savoir les réparer. La filiale dédiée s’appelle Orange Marine, avec notamment une implantation près de Toulon avec des bateaux basés à La Seyne-sur-Mer. Celle-ci a posé plus de 255 000 kilomètres de câbles sous-marins (plus de six fois le tour de la Terre !). Le dernier navire câblier de notre flotte, le Sophie Germain, a été inauguré en septembre 2023. Marseille est devenu l’un des principaux hub européen d’arrivée de câbles. Il y en a seize au total. Orange opère la moitié des points d’atterrissage et le dispatching de l’ensemble des données vers les centres de données. Cette étape de récupération est gérée par les équipes techniques d’Orange composée d’une quinzaine de personnes en plus de l’effectif de même taille d’Orange Marine basé à La Seyne.
Est-ce qu’il y a de nouveaux projets de câbles ?
N. B. Oui en effet. Deux projets sont en cours. L’un s’appelle Medusa. Il sera installé cette année et reliera neuf pays d’Afrique du nord et d’Europe du sud. L’autre est prévu pour une mise en service également en 2024 sur une très longue distance. Sea Me We 6, c’est son nom, partira de Marseille pour relier Singapour.
Recyclage, nouvelles technologies, mobilités douces : objectif de net zéro carbone en 2040
En matière de RSE, Orange déploie de nombreuses initiatives. Commençons par l’environnement. Quelle est votre politique en matière climatique ?
N. B. : Nous avons pour objectif d’atteindre d’être net zéro carbone d’ici à 2040, soit 10 ans avant la cible des accords internationaux. L’industrie du numérique à l’échelle mondiale représente entre 3 et 4% des émissions de CO2 globale. Notre industrie doit à la fois réduire ses émissions mais elle contribue aussi à réduire les émissions d’autres secteurs qui l’utilise pour lutter contre leur impact comme dans les transports. C’est la construction des terminaux et du matériel (mobiles, boxes, équipements réseaux, etc) qui fait l’essentiel de nos émissions. Donc la première action est orientée vers le recyclage et la récupération des terminaux usagers. Nous avons des centres de collecte, parfois en partenariat comme avec la Ville de Marseille. Le deuxième axe est le recyclage : près de la moitié des PC utilisés par les collaborateurs d’Orange sont recyclés. Cette démarche se prolonge dans la revente de produits recyclés qui sont présents dans toutes nos boutiques à côté du matériel neuf. Nous avons d’autres axes. Sur les réseaux et les technologies, nous allons vers des solutions de moins en moins consommatrices en énergie. La 5G c’est trois à quatre fois moins que le 4G, la fibre c’est trois fois moins d’énergie que le cuivre. Les nouveaux data-centers consomment beaucoup moins que les anciens data-centers. Nous travaillons aussi sur la mobilité douce en encourageant le co-voiturage, le développement de la flotte interne de véhicules électriques et puis nous regroupons nos équipes sur des campus avec des sites moins nombreux.
L’autre volet important de votre RSE est la partie inclusion numérique. Quelles sont vos actions ?
N.B. : Selon notre constat, un Français sur six peine encore à utiliser les outils numériques du quotidien, et une entreprise sur deux déclare manquer de compétences internes pour accompagner la montée en puissance des pratiques liées au numérique. C’est un axe stratégique pour Orange qui a décidé de rassembler ses actions sous une même bannière : l’Orange digital center. A Marseille, l’Orange Digital Center de Marseille Provence a été lancé en juin dernier. Nos actions se déploient aussi avec des associations, dans des collèges, pour expliquer le numérique, sensibiliser au cyber-harcèlement. Nous accompagnons des femmes entrepreneuses. Nous avons une offre “coup de pouce” à bas prix selon certaines conditions. Et nous organisons également des opérations de dons de matériel. Par exemple, 57 associations de Marseille ont reçu un total de plus de 1000 ordinateurs afin d’aider à l’inclusion.
2024 sera marquée par les Jeux Olympiques organisés en France. Comment êtes-vous impliqués ?
N.B. : Nous sommes l’unique partenaire technique. C’est la première fois que les organisateurs des JO décident de s’appuyer sur un unique partenaire, à Tokyo il y en avait cinq ! Nous allons connectés 120 sites olympiques. Les JO sont l’équivalent d’une trentaine de championnats du monde en simultané. C’est colossal. Au moment de l’événement, nous aurons plus de mille salariés mobilisés dont une centaine dans le grand sud-est. 50 collaborateurs sont d’ores et déjà, dans la région, à pied d’oeuvre jusqu’aux épreuves. Nous nous préparons depuis quatre ans. Nous entrons dans la dernière ligne droite. Sur le territoire grand sud, il y a cinq sites concernés dont quatre stades (Marseille, Nice, Lyon et St-Etienne) et la marina à Marseille où nous avons fait des tests. Dans les stades, en tant que partenaire de la Coupe du monde de rugby, on a pu également évaluer les dispositifs. Tout s’est bien passé lors de ces tests. On sera prêt pour les JO. C’est à la fois un super défi pour les équipes et beaucoup de fierté.
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