Rebondir ? La question du financement du redémarrage offensif de l’économie hante tous les acteurs politiques ou économiques. L’option du prêt participatif a fait florès pour prendre le relais des PGE. « Wait and see ! » semblent dire les entrepreneurs. Dans ce contexte, les Obligations Relance se veulent un outil nouveau du Plan de relance du ministère de l’économie, et un outil offensif pour nourrir la croissance, le rebond, l’innovation de PME matures. Les assureurs, 19 compagnies, et la Caisse des dépôts se sont mobilisés en mettant sur la table 1,7 milliard d’euros. Ce fonds « Obligations Relance » a été co-construit par les assureurs de la Fédération française de l’assurance, en coopération avec l’AFG, l’Association des sociétés de gestion de portefeuille et France Invest, le réseau du capital développement, sous l’égide de la direction générale du Trésor. 10% du dispositif global, sera abondé par les sociétés de gestion et leurs investisseurs propres. Les « Obligations Relance » seront détenues par le fonds « Obligations Relance » qui bénéficiera de la garantie de l’État à hauteur de 30%. Les Obligations Relance peuvent être émises par les entreprises jusqu’au 31 décembre 2023. Une société de gestion faîtière, FundRock France, société de gestion luxembourgeoise, implantée en France, est chargée de gérer ce 1,7 milliard d’euros et surtout de décaisser les fonds selon les décisions prises par les gestionnaires de fonds.
Originalité de cette opération, les assureurs ont fait appel à ceux qui sont au plus près des besoins en financement de long terme des entreprises : les sociétés de gestion de fonds, nationales ou régionales, proches du terrain. Sept sociétés de gestion ont été sélectionnées à l’issue d’une mise en concurrence organisée par les assureurs : Amundi, Bpifrance Investissement, Eiffel, Eurazeo, Siparex, Tikehau et Turenne. Ces groupements, différents dans leur configuration, rassemblent 33 acteurs de la gestion d’actifs couvrant l’ensemble du pays, ils auront chacun plus de 200 millions d’euros à investir.
Les avantages d’une Obligation Relance
Ce produit financier est particulièrement attractif. Sa première qualité est de conjuguer deux impératifs : il intervient en haut de bilan, donc il conforte durablement les fonds propres, mais il n’est pas dilutif, car l’Obligation Relance n’est pas convertible. Les Obligations Relance coûtent moins de 6% par an et sont remboursables au bout de huit années. Un terme qui permet alors à l’entrepreneur si, son business plan porte ses fruits, d’aller vers un remboursement simple de l‘obligation à son terme, vers une augmentation de capital ou un autre crédit.
« L’Obligation Relance, explique à Gomet’ Pierre Grand-Dufay, le président fondateur de Tertium, finance l’investissement, la croissance, le BFR, (besoin en fonds de roulement) ou une nouvelle implantation par exemple ou des acquisitions. Elle peut venir en complément d’une ouverture du capital, et son caractère non dilutif permettra au manager de garder la maîtrise de sa boîte, tout en investissant massivement ». Le niveau de souscription ira de deux millions à 10 voire pour certains dossiers 100 millions d’euros : c’est bien la PME de croissance qui est visée.
Outre BPI France qui intervient sur tout le territoire, notre région compte trois acteurs impliqués dans ce dispositif : Tertium, Turenne Capital et Smalt Capital
Siparex et Tertium avec le groupement Territoires de croissance
C’est la société lyonnaise Siparex qui a pris le lead d’un réseau régional inédit : le groupement Territoires de croissance. Il réunit des acteurs différents : La Banque postale asset management (LBP AM), Acofi Gestion, Arkéa Capital, IRD Gestion, IRDI Capital Investissement, Picardie Investissement Gestion et dans notre région Tertium Invest. Territoires de croissance s’est vu confier une enveloppe totale de 200 millions d’euros et revendique un maillage de toutes les régions de France avec un réseau de 20 bureaux situés à Paris, Lyon, Marseille, Montpellier, Toulouse, Bordeaux, Nantes, Rennes, Brest, Rouen, Amiens, Lille, Strasbourg. Chaque acteur a son territoire et des objectifs atteignables. « Nous envisageons 8 à 10 opérations sur la région », confirme Pierre Grand-Dufay. Le groupement affiche les besoins du « temps long et d’une vision en proximité » . Les Obligations Relance pourraient bien être selon ses promoteurs « le vrai levier de la reprise ».
Smalt Capital et Eurazeo
Smalt Capital, a été sélectionné dans un groupement avec Eurazeo Investment Manager, Trocadero Capital Partners et Zencap Asset Management. Smalt Capital a l’ambition d’investir au moins 40 millions d’euros. Une somme à déployer sur son territoire la Région Sud, l’Occitanie, la Corse, et La Réunion. Antoine Kraus, gérant chez Smalt Capital (1) « est très fier de pouvoir participer à ce dispositif qui vise à renforcer la croissance des entreprises à la suite de la crise sanitaire. En tant qu’investisseur de proximité accompagnant des dirigeants ambitieux qui savent allier croissance et enjeux ESG, les critères environnementaux, sociaux et de bonne gouvernance, nous sommes entièrement en phase avec la philosophie du dispositif » .
Turenne Groupe et Geneo Partenaires
Turenne Groupe est le chef de file de ce groupement. « Ce fonds relève Christophe Deldycke, président du directoire, a pour objectif de soutenir les entreprises qui se sont montrées résilientes dans la crise. Ces Obligations relance sont un produit simple et accessible aux PME ». Le groupement gérera lui aussi une enveloppe de 200 millions d’euros. Turenne (2) s’est associé à Geneo (3), partisan de la finance positive et bénéficiera du soutien de plusieurs banques régionales « ayant le souci d’accompagner leurs clients dans leurs projets de développement ». Pour Mathilde Paoli, directrice associée de Geneo, « ce dispositif est essentiel pour que les entreprises aient les ressources nécessaires pour aller de l’avant et poursuivent leurs investissements d’avenir : croissance externe, innovation et compétitivité » .
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(1) Adossée à la Caisse d’Epargne CEPAC depuis octobre 2019, Smalt Capital compte plus d’un milliard d’euros gérés ou conseillés depuis l’origine et 36 collaborateurs.
(2) Turenne réunit 70 professionnels dont 54 investisseurs, est implanté à Paris, Lille (Nord Capital Partenaires), Lyon, Bordeaux, Marseille, Nice et Metz, et accompagne 290 chefs d’entreprise.
(3) La raison d’être de Geneo Partenaires est “de mettre à disposition des PME et des ETI une finance positive”. Société de gestion indépendante fondée et détenue par son équipe actuelle, elle gère Geneo Capital Entrepreneur, une société d’investissement et d’accompagnement de 270 millions€ sous gestion.