En avril dernier le groupe Alstom faisait l’acquisition d’Hélion Hydrogène Power. Quelles étaient les intentions du groupe Alstom pour cette pépite discrètement abritée sous les pins de la technopôle de l’Arbois ?
Hélion est née en 2000 dans l’univers du CEA, spin-off de TechnicAtome (spécialisée dans la propulsion navale nucléaire), elle est devenue par la suite une business unit de Business Group Areva renouvelable. En 2010, elle prend le virage du stockage d’énergie et développe le premier système d’électrolyseur et pile à combustible entièrement intégré, la Greenergy Box. Hélion devient en 2013 Areva Stockage d’énergie.
Le groupe nucléaire, condamné au recentrage de ses activités, cède donc au printemps dernier cette filiale à Alstom. Le spécialiste du matériel roulant et de la signalisation, de 70 000 salariés, qui se revendique leader mondial de la mobilité durable voit dans sa nouvelle filiale aixoise « une pépite d’innovation, spécialisée dans les piles à combustible à forte puissance », qui complète le savoir-faire du groupe industriel en matière de technologie hydrogène.
Avec son acquisition, Alstom se félicite de renforcer « son ancrage géographique dans la Région Sud, en complément de ses sites actuels d’Aix-en-Provence et de Vitrolles. » « Alstom, déclare alors Jean-Baptiste Eyméoud, président d’Alstom France, va s’attacher à développer tout le potentiel de la technologie innovante et du savoir-faire de cette pépite. Cet achat s’inscrit dans la stratégie du groupe Alstom visant à étendre et à compléter ses expertises en matière de mobilité durable et intelligente ».
Constructeur de piles à combustible et de systèmes hydrogène
Hélion se positionne comme un constructeur de piles à combustible et de systèmes hydrogène avec deux lignes de produits : un générateur électrique à pile à combustible et une batterie hydrogène entièrement intégrée, nommée Greenergy BoxTM. Hélion propose des services d’ingénierie et des solutions hydrogène clé en main, incluant l’électrolyseur, la station de recharge en hydrogène, etc.
Dans l’univers régional Hélion est la seule unité industrielle Alstom. De fait, pour un groupe très enraciné dans l’est de la France, le Sud est un marché à développer. Et en remportant la compétition des TER régionaux et du métro de Marseille, Alstom doit faire œuvre de pédagogie vis-à-vis des élus et des populations qui financent des équipements lourds.
Un investissement de 100 millions à venir
C’est le sens de l’opération de relations publiques du 10 décembre dernier, une matinée portes-ouvertes destinée à convaincre élus et acteurs économiques des projets déterminés de développement au Sud d’Alstom. Une opération au cordeau pour faire découvrir les technologies et les savoir-faire de l’entreprise. Par groupes, dûment badgés et encadrés par des ingénieurs Hélion, chacun a pu voir, de près les robots et les fameuses piles assemblées, des « stacks » qui valent leur pesant de technologie entre 200 000 à 600 000€ pièce, capables d’alimenter une ville de 8 000 habitants, des bateaux à quai ou des postes de secours en cas de catastrophe.
Pour ses 20 ans, Hélion affiche 40 brevets et emploie 20 salariés. Vincent Maheo son président confirme « un investissement de 100 millions d’euros en R & D, vers la 5° génération de piles à combustibles ».
Jean-Baptiste Eyméoud, président, de la division France région d’Alstom confirme l’intérêt du groupe pour l’hydrogène, « nous avons affirme-t-il un projet de train à hydrogène, nous voulons maîtriser cette technologie. »
Un nouveau siège de 6000 m2
Alstom emploie 200 salariés dans la région, dont une centaine à Vitrolles. Le groupe projette à l’horizon 2023 de réunir ses équipes dans un nouveau siège au pied de l’Arbois. Un bâtiment qui allierait bureau et assemblage industriel sur 6 000 m2. Sophie Joissains, maire d’Aix-en-Provence a confirmé « son soutien à cette pépite du territoire et à l’implantation du futur site d’Alstom. »
Renaud Muselier président de la Région Sud, très en verve, félicite Altsom. « On a mis 270 millions d’euros pour 16 rames, vous avez gagné parce que vous avez été les meilleurs ».
Le président réaffirme l’engagement régional sur l’hydrogène : « nous avons tous les atouts, il faut arriver à la produire et à la distribuer, plus d’une centaine d’acteurs de notre région sont impliqués avec Cap Énergies et avec le Club H2Sud. » Sensible au développement de l’hydrogène et des piles à combustibles « 100 % made in France » Renaud Muselier avoue connaître très bien la pépite aixoise. Il redit qu’il « en a pris pour sept ans ferme » (il a été réélu en juin dernier à la présidence du Conseil régional) et qu’il a « la capacité à se projeter » : « Nous voulons devenir la première région verte d’Europe ».
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