Astrophysicien, auteur de « Entre peur et raison, La métropole Aix-Marseille-Provence » (éditions de l’Aube, 2015), ancien président du conseil de développement de Marseille Provence Métropole, Jacques Boulesteix, est un scientifique renommé et un citoyen averti et impliqué. Soutien du Printemps marseillais lors de la campagne des dernières municipales, il réagit dans cette tribune (*) à la démission mardi 15 décembre, de Michèle Rubirola de sa fonction de maire de Marseille.
L’élection de Michèle Rubirola en juillet dernier a suscité un grand espoir, celle d’une expérience inédite à Marseille, mêlant engagement politique et implication des citoyens. Le Printemps Marseillais a été porté par cet élan : l’émergence d’une citoyenneté portée par des collectifs et de simples citadins souhaitant s’impliquer dans le renouveau de leur ville, sur fond de rupture avec une classe politique inefficace, clientéliste, trop impliquée dans de multiples “affaires”. L’élection municipale a suscité un intérêt national. Marseille devenait une terre d’innovation sociale et politique.
Il ne faudrait pas que la démission de la Maire brouille ce signal. Au-delà de cette décision, prise en petit comité, c’est sur le développement et la réussite de toute cette dynamique de renouveau que doit porter l’attention de tous ceux qui sont attachés au renouvellement des pratiques politiques. L’implication des Marseillais est indispensable à cet aggiornamento, qui ne doit pas être que de façade.
Le succès des politiques publiques dépend aujourd’hui autant des habitants que des élus.
Jacques Boulesteix
Le succès des politiques publiques dépend aujourd’hui autant des habitants que des élus. Les citoyens peuvent inventer, proposer, participer, agir et contrôler. A Marseille, qui concentre les inégalités, le chômage, la pauvreté, les écoles délabrées, l’habitat insalubre, ce besoin est encore plus manifeste. Plus qu’ailleurs, le développement ambitieux de la démocratie participative est ici nécessaire. Des initiatives concrètes sont indispensables.
Le Printemps Marseillais doit allier l’efficacité politique et la citoyenneté. Au-delà du difficile message politique d’un changement d’attelage, il lui faut maintenant beaucoup plus solliciter, entendre, mobiliser et impliquer collectivement et individuellement les Marseillais. Cela nécessite sans doute une grande créativité. Mais la politique ne se joue pas en vase clos. C’est l’affaire de tous.
Jacques Boulesteix
(16/12/2020)
(*) Gomet’ Media, attaché à la vitalité du débat local, publie régulièrement des tribunes de contributeurs extérieurs. Ces points de vue n’engagent pas la rédaction.