Après deux mois de blocage à la suite des mouvements de grève contre la réforme des retraites, le port de Marseille constate les dégâts. Le préjudice est évalué à plus de 200 millions d’euros de pertes immédiates pour les entreprises. Les importations ont baissé de 21% et les exportations de 29%, soit une baisse de l’activité de 25% depuis décembre. « Nous avons terriblement souffert de ces conflits sociaux qui n’ont rien à voir avec Marseille mais on ne va pas laisser partir en fumée dix ans d’effort sans se battre », prévient Renaud Muselier. Le Président de la Région Provence-Alpes Côte d’Azur a réuni vendredi 21 février les décideurs de la place portuaire pour présenter leur « plan Marshall » afin de compenser les pertes de ces derniers mois. Pilotes, chargeurs, transitaires, logisticiens… les professionnels du maritime affichent un front uni pour relancer l’activité.
Une aide de 3 millions d’euros de la Région
A leurs côtés, la Région se présente comme la collectivité cheffe de file de ce grand « plan Marshall ». Renaud Muselier s’étonne d’ailleurs du silence des politiques pour soutenir le port de Marseille. « Pas une seule voix ne s’est élevée pour résoudre ce conflit en pleine campagne municipale », dénonce-t-il. Sans attendre l’appui de la Métropole ou de la Ville de Marseille, la Région annonce le déblocage immédiat d’un budget supplémentaire de trois millions d’euros à son fonds de soutien Région Sud Défensif. Treize dossiers d’entreprises sont déjà en cours d’instruction pour un montant de deux millions d’euros d’aides. « Ils seront officiellement approuvés lors de la prochaine commission permanente le 6 mars », promet Renaud Muselier.
Mais le port ne se repose pas seulement sur les aides publiques. « Nous allons mener une politique commerciale agressive, du jamais vu pour un port européen », assure Jean-Marc Forneri, le président du conseil de surveillance du GPMM.
Port de Marseille : des réductions de 30% à 50% sur les frais d’escales
Il annonce une batterie de mesures commerciales dont le coût est évalué à 5 millions d’euros. Pour les trois prochains mois, les armateurs qui maintiennent leurs lignes sur Marseille bénéficieront d’une réduction de 30% sur les frais d’escales. « Cela pourra même monter jusqu’à 50% pour ceux qui en mettent de nouvelles », ajoute Hervé Martel, le président du directoire. Le port promet également d’effacer les frais de stationnement pour les marchandises diverses bloquées à quai pendant les jours de grèves.
« Notre image est atteinte au niveau mondial. Cela va être difficile de regagner la confiance de nos partenaires »
Jean-Marc Forneri
Dans les semaines qui viennent, la direction va multiplier les voyages d’affaires à la rencontre de ses clients pour porter un discours rassurant. « Notre image est atteinte au niveau mondial. Cela va être difficile de regagner la confiance de nos partenaires », prévient Jean-Marc Forneri. Et d’ajouter : « Nous avons vu de nombreux clients partir chez nos concurrents de Barcelone et Anvers. On a perdu un gros contrat avec un constructeur automobile qui représentait près de 20 000 véhicules par an. Et un logisticien que je connais bien remet en question un gros investissement sur le port. On ne connaît pas encore les véritables conséquences, auxquelles vient s’ajouter la crise du coronavirus en Chine qui pèse lourdement sur nos trafics ». En attendant, le Grand port maritime a présenté son bilan d’activité 2019 avec une baisse globale du trafic de 2% (Voir le bilan dans son intégralité en bas de page).
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