Les élections municipales de Marseille tiennent leurs promesses, telles que nous les avions narrées dans une série d’articles au printemps. C’est une dramaturgie, où les rôles se trament dans la dissimulation, où le discours cache l’enjeu et où les acteurs se jettent à corps perdu.
La grande séquence pré estivale et estivale a tenu ses promesses. La scène antique a vu se découvrir certains, se frôler d’autres, et se jouer en coulisse les rapports de force. Mais rien n’indique à cette heure quels seront les premiers et les seconds rôles, même si certains se sont déjà carbonisés sur le devant de la scène.
Une rentrée marquée par les pré-candidats
Tous ceux qui prétendent savoir ne savent rien et les jeux sont ouverts. L’auteur de ce drame phocéen nous laisse en haleine. À 150 jours du scrutin, l’on ne connaît pas encore les noms des leaders officiellement désignés des listes, à droite, à gauche, et ailleurs. (Sauf Stéphane Ravier pour le RN et l’imperturbable Bruno Gilles). La tension va encore durer tant les enjeux marseillais sont importants.
Le scrutin phocéen le soir du 15 mars et encore plus du 22 sera celui que les médias et les politiques commenteront le plus avec Paris. La situation de la ville, son lourd passif politique et social inquiètent tous ceux qui regardent avec lucidité le paysage régional.
Cette rentrée sera marquée par les débats autour des pré-candidats : ceux d’En marche, ceux de la droite républicaine et ceux de la mouvance des Verts, de la gauche, de l’extrême gauche et, s’ils existent comme force politique, des collectifs citoyens.
Huit secteurs de deux arrondissements
Contrairement à ce que certains avancent, il n’y aura pas un coup de baguette magique le 30 septembre. Prenons date ici pour novembre pour avoir une fresque des candidats clarifiée et pour une campagne qui sera raccourcie, dense et haletante, du 7 janvier (retour des vacances après l’Épiphanie) au 14 mars.
Mais à ceux qui croient annoncer le 15 ou le 22 le devenir de Marseille, rappelons les originalités de nos institutions locales. Sauf s’il y a un grand chelem, dont Vigouroux fut à ce jour le seul bénéficiaire en 1989, l’élection marseillaise, loi PLM oblige, se déroule dans 8 secteurs de deux arrondissements chacun. Des arrondissements mariés d’office, sans cohérence, ni sociale, ni politique, mais avec chacun une dynamique qui peut s’avérer mortifère pour un candidat. La proportionnelle majoritaire fait que chaque liste gagnante emporte 75 % au moins des sièges de conseillers d’arrondissements dans une mairie de secteur. Et qu’elle envoie à la maire centrale des conseillers municipaux désignés selon le même schéma.
Au soir du premier tour, les listes ayant plus de 10 % des voix peuvent se maintenir et fusionner, les listes ayant fait 5 % peuvent fusionner. En 48 heures se joue l’élection dans des tractations nocturnes et dont seule la tête de liste est le capitaine puisqu’il dépose personnellement en préfecture ses candidats pour le second tour.
Le premier tiers des élus de chaque liste siégera au conseil municipal, les suivants seulement au conseil de secteur. L’assemblée des conseillers venus de 8 secteurs compose le conseil municipal. Avec la polarisation ancienne droite/gauche, une majorité s’est toujours dessinée, sans ambiguïté, pour élire un maire. Mais avec l’émergence d’une force centrale comme LREM qui va prendre ses électeurs au centre droit, au centre gauche, chez les écologistes, avec des Européennes qui ont dynamité les Républicains et les Insoumis, le panorama peut être plus bigarré.
Vers un quatrième tour
La première session présidée par le doyen d’âge, pourrait être houleuse. Si aucune liste ne se dessine parce que les Marseillais auraient malicieusement éparpillé leur choix, il n’est pas interdit que soit élu un maire de Marseille qui n’était pas tête de liste. Ce sera le troisième tour et il sera décisif, il ouvrira tous les possibles !
Mais il y aura un quatrième tour. Le maire de Marseille a délégué une grande part de ses missions à la Métropole seule en capacité de financer des projets. Sur son bulletin de vote, le citoyen marseillais aura vu à côté des conseillers d’arrondissement, des conseils municipaux, les candidats « fléchés » vers la Métropole.
Ils se réuniront fin mars ou début avril en conseil métropolitain. Comme, à notre grand regret, la loi n’a pas changé, le conseil de la métropole est composé de 240 conseillers métropolitains qui représentent les 92 communes membres. Le conseil de la métropole élit en son sein un président, organe exécutif de la métropole.
Représentation des communes au conseil de la métropole :
- Marseille : 108 sièges
- Aix-en-Provence : 17 sièges
- Salon-de-Provence : 5 sièges
- Aubagne : 5 sièges
- Martigues : 5 sièges
- La Ciotat : 4 sièges
- Marignane : 4 sièges
- Vitrolles : 4 sièges
- Istres : 4 sièges
- Miramas : 2 sièges
Marseille n’a pas la majorité (>120) et sa délégation sera proportionnelle à son conseil municipal. C’est donc un jeu d’alliances improbables qui désignera au printemps celui qui aura les clefs de la bourse et les manettes politiques pour piloter la vie des Marseillais.
Au soir de ce quatrième tour nous connaîtrons le leader effectif de Marseille. Gomet’ suivra pour vous ce qui se dit, ce qui ne se dit pas, ce qui se murmure, et ce qui se décide. Bonne lecture et bonne rentrée.
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