par Christian Apothéloz
Corneille [1] nous donne les clefs de la suite (lire notre précédent volet) : « Que dans tous vos discours la passion émue Aille chercher le cœur, l’échauffe et le remue. (…) Le secret est d’abord de plaire et de toucher : Inventez des ressorts qui puissent m’attacher. »
Au risque de désespérer ceux qui rédigent des programmes et croient à l’empreinte du faire, l’élection est ici un choix humain, L’électorat marseillais jauge et juge l’homme ou la femme, il scrute autant et plus le comportement que la promesse. Il veut du répondant, de la résistance, de la force. Cette ville ne se donne pas, elle se prend. Et c’est bien une histoire d’amour qui se tisse. Le candidat devra aimer les gens et apporter la preuve de son amour. Qu’importe la forme, il faut une légitimité puissante pour entrer à l’hôtel de ville.
Gaston Defferre n’avait pas le contact facile et immédiat, mais il avait, dans la résistance, démontré sa bravoure et son attachement viscéral à la ville. Quand il fut ministre et cru que Marseille lui était acquise, en 1983, les Marseillais boudèrent son « Nouveau Marseille » fabriqué par RSCG. Il ne sauva son siège que par un retour sur le terrain, et de justesse.
Le grand chelem de Robert Vigouroux
Robert Vigouroux avait la réputation du grand docteur, du neurochirurgien qui avait sauvé nombre de patients. Marseille avait besoin d’un médecin qui panse ses blessures il fit le grand chelem dans les huit mairies de secteur, un record inégalé.
Et Jean-Claude Gaudin a toujours su, malgré des bilans sévères, malgré une lassitude devant tant d’inaction, toucher les Marseillais par sa faconde, par son jeu d’acteur et en tout cas montrer et démontrer qu’il aimait la ville… plus que l’autre.
Un vieil acteur quitte la scène, d’autres vont tenter de ravir le siège. Leurs propositions seront discutées, leurs programmes bien léchés, leurs équipes actives, mais, in fine, les Marseillais vont choisir celui, ou celle qui saura témoigner de son amour et envoyer des preuves d’amour.
[1] Corneille (1606-1684), extraits du Discours de la tragédie et des moyens de la traiter selon le vraisemblable ou le nécessaire.
Repère : Résultat du premier tour des présidentielles à Marseille 2017
Candidat
Voix
Voix
Jean-Luc MÉLENCHON
90 847
24,82 %
Marine LE PEN
86 633
23,66 %
Emmanuel MACRON
74 823
20,44 %
François FILLON
72 516
19,81 %
Benoît HAMON
19 417
5,30 %
Nicolas DUPONT-AIGNAN
11 026
3,01 %
Nombre d’inscrits
500 296
Nombre de votants
372 905
Taux de participation
74,54 %
Votes blancs (en % des votes exprimés)
1,33 %
Votes nuls (en % des votes exprimés)
0,50 %
Lire nos précédents volets :
[Analyse] Municipales 2020 Marseille : tout peut changer très vite (1/5)
[Analyse] Municipales 2020 à Marseille : la tectonique des plaques (2/5)
[Analyse] Municipales 2020 Marseille : Citoyen, a voté… citoyen a fuité… (3/5)
[Analyse] Municipales Marseille 2020 : une tragédie grecque (4/5)