Port-de-Bouc met à profit la réhabilitation de 3000 logements sociaux (qui hébergent 40% de la population de la ville) et de 23 bâtiments municipaux pour revoir l’efficacité énergétique de la ville avec pour objectif d’améliorer les ressources financières des habitants en diminuant leurs charges et la qualité de vie. Le projet Seanergies voit le jour en 2016 : un audit énergétique est mené sur tout le patrimoine afin d’étudier les gisements en énergies renouvelables (EnR). Le résultat est encourageant et montre la pertinence de la production d’énergie électrique et thermique, via des panneaux photvoltaïques et d’une boucle d’eau de mer couplée à des pompes à chaleur.
Le projet, labellisé Flexgrid en 2017, se décline en plusieurs axes et prévoit l’autoproduction et l’autoconsommation collective des EnR, avec un système de pilotage énergétique reliant les sources de production, de consommation et de stockage. « L’idée est de partager la chaleur et l’électricité entre tous les bâtiments reliés par le réseau de chaleur, dévoile Séverine Mignot en charge du projet Seanergies. Son tracé est ainsi en cours de réalisation : le réseau d’eau tempérée sera constitué de 13 ilôts en production locale, pour une consommation en chauffage et eau chaude sanitaire et une puissance totale de 18 MW par an. « Plusieurs bâtiments communaux alimenteront le réseau grâce à des panneaux photovoltaïques ainsi que le réseau d’arrosage des espaces verts de la ville. » Le projet Thalasolar dédié à la production conjointe d’énergie et d’eau dessalinisée complète le dispositif.
Les résultats attendus sont chiffrés : jusqu’à 80% d’électricité EnR en autoconsommation collective, 100% de consommation thermique renouvelable au terme du programme de rénovation et plus de 50% dès la mise en service du réseau collectif, jusqu’à 97% de réduction de l’empreinte carbone, la stabilisation des tarifs des énergies pendant 25 ans, et jusqu’à 500€ HT par an et par foyer d’économies pour les habitants. « Cette gestion énergétique pilotée de façon commune et citoyenne apporte la maîtrise des données de fonctionnement, la sécurité des données dans les échanges énergétiques voire transactionnels et fournit des outils d’accompagnement des habitants dans leur comportement énergétique. »
Les bureaux d’études à l’oeuvre
La mairie de Port-de-Bouc mise aussi sur une mobilisation de la population, avec la création d’un groupement d’intérêt public, la mise en place de comités d’usages et de classes énergie avec en tête, la requalification de l’image du quartier. « Nous comptons sur la mise en œuvre d’organisations de partage de l’énergie et de modèles économiques permettant de sécuriser les investissements tout en réduisant et stabilisant les coûts de l’électricité pour les habitants du quartier », résume Séverine Mignot, en charge du projet Seanergies.
Pour le moment, aucune entreprise n’est encore engagée dans ce projet, seulement des bureaux d’études tels que H3C, Naldéo, Catsim, Berim, Lin’k ou encore Tangram, pour analyser la mise en place pré-opérationnelle du smartgrid photoélectrique, la faisabilité, ainsi que la rénovation urbaine. Les porteurs du projet comptent ensuite sur des subventions de l’Ademe, de l’Etat et de la Région, puis lanceront des consultations à destination des entreprises spécialisées en smartgrids en en développement durable mais aussi en isolation et en matériel urbain par exemple. Côté budget, c’est encore le flou. « 4 millions d’euros seront nécessaires pour la réhabilitation du parc privé, précise Sylvie Mignot. A ce coût s’ajoutent la mise en place d’ombrières photoélectriques, la réhabilitation des bâtiments publics et l’installation du réseau de thalassothermie ainsi que celle de l’arrosage avec récupération des eaux de pluie. » La mise en service du projet global n’interviendra ainsi pas avant 2022 ou 2023.
Repères
Les autres projets Flexgrid sur le territoireSmart Agricultural Greenhouse
Le projet prévoit le déploiement sur 5 hectares d’un concept de serre agricole high tech, autour de Berre l’Etang.
– Autoconsommation d’EnR thermiques et électriques (biomasse et photovoltaïque), un management énergétique des installations favorisant des pratiques culturales intensives à faible consommation d’intrants et d’eau.
– Mise au point de serres semi fermées régulant tous les paramètres de croissance des plantes, la luminosité, l’hygrométrie, la température, la distribution des nutriments.
– Stockage de l’énergie via des ballons d’eau chauffée et grâce à la capacité des plantes à accumuler de la chaleur.Frais Vallon
Le projet Frais Vallon s’inscrit dans un contexte de rénovation architecturale, énergétique et urbaine d’un quartier de 5000 habitants à Marseille, incluant 1350 logements sociaux sur 14 bâtiments et une multiplicité d’équipements (commerces, école, collège, maison de retraite, éclairage extérieur…). Il consiste à développer des technologies et des démarches « d’intelligence collective énergétique » :
– Déploiement de l’autoproduction-autoconsommation photovoltaïque collective associé à un système de pilotage énergétique reliant toutes les sources de production, de consommation et de stockage.
– Implication des habitants dans l’autoconsommation et aux économies d’énergie par le biais d’une monnaie locale donnant accès à des services urbains pour favoriser les démarches engageantes et les comportements vertueux.
– Mise en œuvre d’organisations de partage de l’énergie et de modèles économiques permettant de sécuriser les investissements tout en réduisant et stabilisant les coûts de l’électricité pour les habitants du quartier.Megagrid
Le projet est articulé avec la plate-forme Mégasol du CEA Tech (plateforme de 38 ha de démonstration et d’expérimentations de technologies solaires diversifiées). Il vise à optimiser, avec des unités de stockage, les modalités de raccordement des productions EnR afin de lisser l’intermittence des productions solaires, augmenter les capacités de transit et de éduire les coûts de raccordement.