Le premier TER à batteries va bientôt voir le jour. Jean Baptiste Eyméoud, président d’Alstom France, Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs ainsi que Jean-Aimé Mougenot, directeur délégué TER SNCF Voyageurs ont dirigé la présentation du premier TER à batteries à Clermont Ferrand. Cet événement a été organisé dans le cadre des Rencontres nationales du transport public (RNTP) du 17 au 19 octobre 2023.
À l’horizon 2050, la SNCF a pour objectif d’atteindre « zéro émission net » de gaz à effet de serre et s’engage d’ici 2030 à réduire les émissions de ses activités de transport de 30% par rapport à 2015. Pour y parvenir, l’entreprise développe des solutions alternatives aux motorisations diesel, plus durables et adaptées aux territoires, comme le train à hydrogène, le train hybride et le train à batteries.
Alstom et la SNCF veulent ainsi remplacer les moteurs à diesel par des batteries lithium-ion. Ce changement permet d’optimiser le matériel existant et de limiter les coûts financiers et environnementaux. Ainsi ces TER bi-mode électrique-diesel deviendront bi-mode 100 % électrique et circuleront sur les voies électrifiées grâce à l’énergie transmise par le fil des caténaires, et sur les voies non électrifiées grâce à l’énergie stockée dans les batteries. Le train disposera également d’une réserve d’énergie jusqu’à 20 km.
80 kilomètres d’autonomie
Ces batteries se rechargent sur les portions électrifiées et en gares, l’énergie du freinage sera récupérée et utilisée pendant les phases d’accélération dans le but de réduire la consommation d’énergie.
Christophe Fanichet se félicite de cette innovation. « C’est une grande fierté pour nous, ce train aura 80 kilomètres d’autonomie, cela rentre dans l’objectif fixé avec les régions, celui d’avoir un mode complètement écologique et décarboné à l’horizon 2030 pour l’ensemble des TER. » Ce train pourrait également atteindre une vitesse maximale de 160km/h, sans nuisance sonore pour les voyageurs.
Pour expérimenter cette solution, la SNCF s’est associée aux régions Auvergne-Rhône-Alpes, Hauts-de-France, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Ce projet se fera en quatre étapes clés avec :
- la modification des rames à partir de mars 2022
- les essais en 2023
- la mise en service commercial d’une rame par région partenaire fin 2024
- une décision de déploiement de la série en 2025, si l’expérimentation est concluante.
Un budget global de 40,2 millions d’euros
Selon la SNCF, huit voyageurs TER sur 10 circulent déjà sur des zones électrifiées et le TER à batteries pourra réduire 80 % d’émission de CO2, un élément important pour la décarbonisation.
Joint en direct de Bar-le-Duc par visio au centre d’essais ferroviaires de la SNCF, Mikaël Sellier, chef de projet TER à Batteries, explique le processus d’essai. « Ce centre d’essais ferroviaires est parfait pour pouvoir travailler, nous avons une ligne de 12 km pour faire rouler le train à 160 km/h, sans perturber les autres. Nous allons tester l’acoustique, les courbes et vérifier la performance en tractions pour vérifier si le train peut s’inclure dans l’infrastructure ferroviaire. »
Le budget intégral de l’opération de transformation cinq rames automotrices à grandes capacités (AGC) s’élève à 40,2 millions d’euros co-financés par les partenaires : les cinq régions à hauteur de 5,74 millions d’euros, Alstom va apporter 5,5 millions d’euros et la SNCF 6 millions d’euros.
Jean-Pierre Serrus (Région sud) : « ce projet rentre parfaitement dans notre stratégie »
Présent pour l’événement, Jean-Pierre Serrus, vice-président en charge des transports et de la mobilité durable, représentant Renaud Muselier, président de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur a évoqué les deux lignes Marseille – Briançon et Nice – Tende faisant partie des 50 % des lignes non électrifiés sur la région Paca.
« Nous avons à cœur de transformer deux lignes, Marseille – Miramas, la ligne de la côte bleue, un véritable belvédère sur la Méditerranée ainsi que celle entre Avignon et Carpentras, elle s’y prête bien avec une distance de 35 km. Ce sont de bons terrains d’expérimentation. »
Il ajoute : « ce projet rentre parfaitement dans notre stratégie, nous gardons une cop d’avance, il s’agit d’une expérimentation emblématique qui sera la solution. Nous souhaitons plus d’offres, d’abord pour les usagers, puis pour l’environnement, dans des conditions financières et techniques irréprochables. »
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