Le dispositif Impact jeunes fête ses deux ans d’existence. A l’occasion d’un point presse organisé mardi 18 juin l’objectif est de mieux faire connaître ce programme qui vient en aide aux jeunes de trois quartiers classés prioritaires – Félix Pyat et les Lauriers à Marseille et la majorité de la ville de Tarascon, commune la plus pauvre des Bouches-du-Rhône-. Lauréat du Programme d’investissement d’avenir jeunesse -PIA- Impact jeunes s’appuie sur une intervention durable au plus près des 13 à 30 ans et pendant toutes les étapes du parcours d’insertion professionnelle. Le programme est porté par Apprentis d’Auteuil, accompagné de Marseille Solutions et de l’Ansa -Agence nouvelle des solidarités actives-.
Créer un lien de confiance
« Nous assumons le parti pris de faire la différence en nous concentrant sur une échelle micro mais de façon hyper qualitative », commente Nathalie Gatellier, responsable du programme Impact jeunes chez Les apprentis d’Auteuil. Au coeur du dispositif se trouvent les boosters. Ils sont trois pour l’instant – Julie Landon aux Lauriers, Ismail Rahaoui à Tarascon et Lucile Ranger à Félix Pyat- et sont de véritables relais pour les jeunes. « On est là dans un premier temps pour créer un lien de confiance avec eux. Un lien qui n’existait pas », explique la booster Julie Landon. « J’ai toqué à la porte des 600 appartements des Lauriers. Je suis allée les chercher chez eux : on est là où le jeune a envie d’être, on le met en confiance. Par la suite on peut mieux comprendre et mieux répondre ».
« On m’a rendu ma dignité »
Eli Soulaimana connaît Julie depuis un an. « C’est une structure avec une approche unique. Ils ne sont pas dans le reproche, on ne va pas se braquer, au contraire de dispositifs comme la Mission locale avec laquelle j’ai eu de mauvaises expériences », explique le jeune de 20 ans. Il va partir au Japon en septembre, un rêve pour lui. Il apprend le Japonais et a déjà une famille prête à l’accueillir. « Je vais travailler à fond pendant deux mois pour pouvoir me payer le visa et les cours de Japonais », s’enthousiasme Eli. Assis à côté de lui se trouve Haikle qui vit à Félix Pyat où il a rencontré Lucile. « Ce n’est pas une approche professionnelle mais personnelle. Je la vois comme une amie. Elle fait un travail psychologique important qui m’a apporté de la stabilité. En deux mois elle m’a trouvé du travail. On m’a rendu ma dignité », raconte avec beaucoup d’émotions Haikle désormais téléconseiller. Il va même obtenir un diplôme grâce à la VAE -validation des acquis par expérience-.
Sur 1 200 jeunes, soit 71% des jeunes des trois sites, Impact jeunes estime en avoir déjà touché 800. 200 ont déjà décroché un travail, 120 sont en formation et 150 autres – déconnectés de tout dispositif – sont aujourd’hui porteurs d’un projet sur la base d’un plan d’action. A ceux-là s’ajoutent 351 collégiens qui bénéficient de stage de 3e, de visites d’entreprises, de rencontres avec des professionnels, etc. 53% des NEETs -ni en emploi, ni en études, ni en formation professionnelle- accompagnés ont trouvé un emploi ou une formation. « Un jeune qui sort de chez lui, qui a un projet, un objectif, c’est 600 000 euros d’économisés pour la collectivité. », précise Nathalie Gatellier en se basant sur une estimation de l’Ansa. En effet, en 21 mois et grâce au retour à l’emploi de 127 NEETs, c’est plus d’un demi million d’euros d’économies qui ont été réalisées. A partir de 2020, trois nouveaux quartiers seront couverts par le dispositif, avec un appel à manifestation d’intérêt lancé il y a un mois.
« Booster doit devenir un métier »
120 entreprises se sont engagées -recrutements, stages, visites, témoignages- 32 projets sont financés et co-construits avec les associations du territoire et près de 30 jeunes sont engagés bénévolement aux côtés d’Impact jeunes pour eux aussi prendre la main et aider les autres jeunes à suivre le même chemin. Eli est l’un d’entre eux. « Beaucoup de gens, d’amis parfois, me disent qu’ils ne savaient pas que tout ça existait. Ils voient que le programme me profite beaucoup mais l’info n’est jamais arrivée jusqu’à eux ». Pour Haikle, le principal obstacle pour les jeunes ce sont les jeunes eux-mêmes. « Il y en a beaucoup qui ne veulent pas s’en sortir il faut le dire. Et en plus quand on vient de Félix Pyat, on nous juge constamment. Je le sais j’ai eu un parcours difficile. Que 200 personnes aient trouvé un boulot je trouve ça incroyable. C’est notre problème en France, on regarde toujours le négatif ». « On mise sur la contagion. Dans les cités tout le monde se connaît, le bouche-à-oreille marche plus qu’ailleurs », explique Julie Landon.
« Booster doit devenir un métier, je vais appuyer cela. Ces trois jeunes ont pu aller chercher cette jeunesse qui a envie mais qu’on ne va pas chercher. J’en ai marre des laboratoires, des tables-rondes… Là on est dans le concret, et je veux orienter le financement dans ce qui marche », affirme avec beaucoup d’entrain Dany Brunet conseillère départementale déléguée à la jeunesse . Le coût d’Impact jeunes s’élève à 1,5 million d’euros pour 2018 et 2019 financé à 40% par l’Etat via le PIA, 40% au titre de la contribution des collectivités – Département, Métropole, Région et CAF – et 20% de fonds privés. Un nouveau modèle économique est en discussion.
Repères
Envie d’en savoir plus ? Impact jeunes convie au Mucem – mardi 25 juin- les chefs d’entreprises et les salariés pour une rencontre avec ces jeunes qui veulent réussir. Seulement 20 places sont encore disponibles. Pour vous inscrire, rendez-vous sur ce lien.
> Gomet’ est associé au programme Impact Jeunes à travers la web série La Jeunesse Active diffusée depuis le début de l’année sur Gomet’. Une nouvelle session d’enregistrement a eu lieu dans notre studio samedi 15 juin en présence de six jeunes des Lauriers et de Julie Landon.
(Photos JY Delattre).