« L’Europe, c’est aussi Marseille ! » s’exclame Alain Dumort, chef de la représentation régionale de la Commission européenne dans la cité phocéenne. Entre l’organisation des Jeux olympiques et l’affluence croissante (2 millions de visiteurs en 2016), le site des calanques est soumis à une pression accrue. « La fréquentation doit être encadrée afin de respecter le littoral », poursuit-il.
Pour cela, le programme Life « Habitats Calanques » a permis de débloquer 3,9 millions d’euros sur cinq ans (2017-2022). Financé à 60% par l’Europe, il bénéficie également d’une subvention de 300 000 € de l’Etat, 100 000 € de la Région et 1,1 million d’euros des autres partenaires. L’objectif : stopper la dégradation des habitats littoraux, renforcer certaines espèces protégées, restaurer les continuités écologiques, limiter les fortes pressions et travailler en partenariat avec les professionnels, les associations et les usagers de loisirs de pleine nature.
« Il s’agit d’un programme d’action de terrain, majoritairement sur Marseille mais également à Cassis », précise Didier Réault, président du parc national. De nombreuses actions sont d’ores et déjà envisagées, comme l’éradication d’espèces végétales exotiques envahissantes, telles que le figuier de Barbarie, les griffes de sorcière, la luzerne arborescente et l’agave, que l’on pense souvent endémiques mais qui empêchent en réalité les espèces protégées de se développer. « Une opération d’arrachage va d’ailleurs commencer dans quelques jours au Frioul », insiste le président du parc.
Les sentiers littoraux, outils de la protection du patrimoine naturel
Ces opérations vont de pair avec le renforcement de deux espèces très vulnérables, l’astragale de Marseille et le plantain, qui souffrent de la fragmentation des sites liée au stationnement et au piétinement. Le parc national veut d’ailleurs aménager une pépinière conservatoire sur les îles du Frioul et mettre en place cinq jardins privés pilotes, sans espèce végétale exotique envahissante. « Nous voulons montrer que Marseille est capable de gérer son patrimoine naturel parfaitement », sourit Didier Réault.
Autre outil majeur de ce programme : le balisage, la restauration et la création de sentiers littoraux. « Un sentier n’est pas qu’un simple chemin mais un outil de protection du littoral, indique Didier Réault. Il contient de nombreuses informations, permet de sensibiliser les promeneurs, de canaliser la fréquentation, de valoriser le paysage en mettant en avant les points de vues remarquables. » De la Pointe Rouge à Callelongue par exemple, il n’existe pas encore de sentier, les promeneurs divaguent et piétinent les plantules sensibles.
Les équipes du parc national planchent également sur une plateforme numérique interactive. « Le but, c’est que les habitants s’approprient le site, et que tous les visiteurs en soient les co-gestionnaires », affirme le président. D’ici le mois de mai, une application smartphone « Info Parc » sera ainsi disponible afin de sensibiliser les personnes et recueillir des informations.
Un deuxième Plan de paysage en préparation
En 2016, un premier Plan de paysage a vu le jour, réalisé par l’agence Coloco, en partenariat avec l’agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (Agam) et soutenu par le ministère de l’Écologie. Le but : améliorer les paysages du parc national des calanques et des espaces urbains qui lui sont proches. Ce document de référence constitue un socle pour les projets de gestion et d’accueil du public pour les espaces naturels du parc national. Pour les espaces urbanisés à proximité et en cœur de parc, il vise à faire progresser les documents d’urbanisme et faciliter l’instruction des projets d’aménagement, le tout dans un plus grand respect du paysage.
Le cahier des charges d’un deuxième Plan, consacré cette fois aux fonds sous-marins, est actuellement en gestation. L’objectif ne diffère guère du premier : révéler la richesse du patrimoine des calanques et tenter de le préserver. « Peu de personnes savent que nous abritons des rorquals, des grands canyons sous-marins, des coraux froids », affirme François Bland, directeur du parc national. Dans les tuyaux, des recommandations sur les schémas de mouillage, la question des déchets rejetés en mer mais aussi la problématique de l’acoustique au large du littoral.