Le choix que nous faisons à Gomet’ d’organiser les premières Rencontres de la finance verte et solidaire, d’éditer ce hors-série, de traiter au quotidien ces questions nouvelles et complexes vient de notre observation de terrain.
Nous éditons depuis plusieurs années le palmarès régional des levées de fonds. Et nous voyons monter en puissance des financements importants, souvent complexes et hybrides pour les industries de la transformation énergétique, des clean techs, des produits biosourcés. Un seul exemple 120 millions d’euros pour une entreprise azuréenne du solaire, c’est un record des levées de fonds régionales, mais aussi une mobilisation d’un fonds national avec des acteurs locaux et un pari sur le développement du solaire. Les investissements sur les éoliennes en mer qui se construisent en ce moment même à Fos-sur-Mer vont mobiliser des budgets qui se chiffrent en milliards. « Le coût d’un projet éolien en mer est de l’ordre de 1 à 2 Md€ pour 500 MW et d’environ 1,5 à 3 milliards€ pour 1 GW » selon la Commission nationale du débat public.
Nous vivons en région, au niveau microéconomique la grande mutation nécessaire, vitale, urgente de nos industries, de notre agriculture, de nos mobilités… Et pour la première fois dans l’histoire de l’économie, une transformation radicale du mode de production n’est pas due à un gain attendu de rentabilité, qui reste toujours aléatoire, mais à un choix éthique collectif celui de sauver notre planète. Le rapport de Jean Pisani-Ferry et Selma Mahfouz sur « Les incidences économiques de l’action pour le climat » chiffre à 67 milliards d’euros par an en France les investissements en capital nécessaires. C’est la force et la fragilité de cette transformation.
Cette éthique, Paul Ricœur en a donné la définition : « une vie bonne, avec et pour autrui, dans des institutions justes. » Or si l’on peut saluer les choix individuels et collectifs de nombre d’entreprises et institutions pour faire face au réchauffement climatique et aux questions de biodiversité, nous savons qu’ils ne seront rien, s’ils ne se traduisent dans des « institutions justes » donc dans des règles des lois, des contrats, des traités qui mettront tous les acteurs à égalité de droits et devoirs.
C’est dans ce temps que nous sommes et cette journée doit permettre à chacun de saisir les enjeux, pour son entreprise, pour son association, pour son activité personnelle ou politique, de règles qui sont en train de changer et de s’imposer avec des acronymes qui vont devenir banal comme la taxonomie européenne, les nouvelles normes IFRS, l’analyse ESG, les Sustainable finance disclosure regulation (SFDR), le Mif 2 (Directive concernant les marchés d’instruments financiers), le CSRD (Corporate sustainability reporting directive), les ODD, etc.
Regardez comme « l’entreprise à mission » se développe. Lorsque sa définition est apparue dans la loi Pacte en 2019, ce statut paraissait exotique, inatteignable, utopique et
aujourd’hui une grande banque comme le CIC en fait un axe de sacommunication sur France Info. Et les entreprises, les fonds, s’interrogent pour adopter ce statut exigeant.
Pour cette première édition nous avons rassemblé des intervenants de haut niveau qui viennent du niveau régional ou national voire international, merci à eux, pour éclairer cette nouvelle donne de la finance verte et solidaire et pour consolider une démarche collective qui doit faire de notre région un espace d’expérimentation et d’implication, un modèle (pourquoi pas ?), pour un développement durable et soutenable.