La mairie de Marseille projette de céder l’exploitation de la Villa Valmer à un opérateur touristique pour en faire un nouvel hôtel 5 étoiles. Qu’en pensez-vous ?*
Renaud Muselier : La Villa Valmer, c’est l’un des rares lieux magiques dont dispose la Ville. On en a avait fait, quand j‘étais ministre un site où il y avait la Banque mondiale, le FMI, … tous les organismes internationaux qui se posent dans les villes-monde, dans les plus beaux endroits. De les voir partir et de voir arriver un 5 étoiles me pose un problème. Un 5 étoiles, c’est beau mais la perte des institutions internationales, ce n’est pas bien. Et donc, quel est le plan pour récupérer ces institutions internationales, voilà l’enjeu.
Concernant l’offre touristique haut de gamme à Marseille, certains disent qu’il y a désormais saturation. Quel est votre avis ?
R. M : Non. Une ville comme Marseille, compte tenu de sa taille dispose d’un potentiel de développement encore important. Moi je suis pour l’option luxe car on tire vers le haut.
Même si les établissements actuels positionnés sur ce marché sont loin de faire le plein ?
[pullquote]Il faut s’armer et se préparer pour la suite[/pullquote]R. M : On a eu l’impact des grèves, des attentats à Paris, à Nice. Mais ce sont des phénomènes qui ne dureront pas. Il faut s’armer et se préparer pour la suite. Or on a la capacité et le potentiel, avec le hub aéroportuaire, avec le port, avec les croisiéristes, avec la mise en place de la métropole, avec la Provence, avec la mer, avec tout ce dont on dispose en matière de logistique touristique, d’avoir cette clientèle. Et je préfère viser le 5 étoiles que démultiplier le 1 étoile.
Sur la Villa Méditerranée, quelle est pour la vocation idéale du site ?
[pullquote]On avait une solution, elle a été plombée par le maire. [/pullquote]R. M : On avait une solution, elle a été plombée par le maire. Parce qu’en exposant publiquement la piste du casino, sans que l’on puisse ben la présenter, il a entrainé un rejet. Et à partir du moment où il y a eu un rejet, lui-même a dit non à quelque chose qu’on ne lui avait pas proposé… C’est quand même un exploit. Tout en ayant dit « oui » à un casino qui ne place pas. Donc on a vraiment dans une situation ubuesque. Parallèlement, la région Provence Alpes Côte d’Azur a une vraie vocation euro-méditerranéenne. Si dans tout ce qu’a fait Monsieur Vauzelle en son temps, il y a du bien et du moins bien, la vision pour la Méditerranée, comme l’avait le président Sarkozy est une réalité nécessaire. Donc on est en train de repenser à quelque chose orientée sur ce thème.
La Méditerranée, ce n’est pas justement la vocation actuelle ?
R. M. : Non. C’était la vocation initiale mais sa mauvaise conception et son coût, à la construction et à l’entretien, sans savoir comment ça allait marcher, a entrainé un échec. Pour nous, la nouvelle majorité à la Région, on se retrouve avec cet outil qui est mal fait, qui est mal pensé et qui est mal orienté. On ne peut pas changer l’architecture. Donc à nous de repenser son fonctionnement et son avenir.
Sur le thème de la vocation méditerranéenne donc ?
R. M. C’est une des options qui peut être intéressante.
Sous quel délai vous pensez aboutir ?
R. M. On pensait avoir abouti avant que le maire ne parle trop. Donc je ne dirai rien.
Concernant le J1 voisin, il y aussi controverse sur la vocation court et moyen terme, quelle est votre opinion ?
R. M. J’ai été président fondateur d’Euroméditerranée et vice-président de l’association internationale Ville-port. L’espace public portuaire doit être rendu au public de la ville qui y habite. Ce n’est pas le cas. La vision de développement doit se faire comme à New-York, San Fransisco, en Afrique du sud, dans tous les ports du monde. Dans l’hyper centre-ville où l’on crée de la richesse, il faut retrouver une orientation autour de la mer avec cette porosité naturelle qui aurait toujours dû exister. Le port a engagé une démarche à long terme dans ce sens-là. Donc je ne veux surtout pas opposer les institutions avec le port autonome. Il faut fabriquer ensemble le cahier des charges et son avenir. C’est la raison pour laquelle au nom de la Région, je siège au conseil du Grand port maritime.
Pensez-vous qu’un appel d’offre international soit nécessaire comme l’a présenté récemment Jean-Marc Forneri ?
[pullquote]Hangar J1 : J’écoute ce que dit Monsieur Forneri… [/pullquote] R. M. : Quand on a fait Euroméditerranée, en terme d’architecture, nous l’avons ouvert à l’international. Nos locaux sont capables de gagner à l’international. Laissons aussi les autres concourir. On tirera le territoire vers le haut. Et donc la démarche d’internationalisation doit se faire avec des locaux mais avec des cerveaux qui connaissent le monde.
Le projet de la ville baptisé « MJ1 » et annoncé pour 2017 vous parait être une étape vers ce projet ?
R. M. : J’écoute ce que dit Monsieur Forneri…
* Entretien réalisé mercredi 19 octobre.
(Illustration : Renaud Muselier à gauche avec le Premier ministre Manuel Valls en septembre dernier dans Les Docks Village. © Jean Yves Delattre)