Le géant marseillais du transport maritime CMA-CGM peut-il flancher ? Dans le contexte actuel de crise sanitaire liée au coronavirus, la question se pose, du fait des difficultés économiques vécues sur les cinq continents, avec leurs conséquences prévisibles sur le transport de marchandises. Dans un entretien publié lundi 6 avril dans Le Figaro, le P-dg de la multinationale Rodolphe Saadé se dit confiant en l’avenir, tout en appelant à tirer les conséquences de la crise.
Crise relative pour le transport maritime à l’échelle mondiale
« Nous sommes confiants sur le remplissage de nos bateaux jusqu’à fin avril » : ce sont les mots employés par Rodolphe Saadé dans le Figaro pour dédramatiser la situation du transport au niveau mondial, non sans anticiper les turbulences à venir : « la situation va se tendre en mai. Nous estimons à 30% la baisse du transport maritime mondial ». Résultat : seuls « entre dix et quinze » des 500 bateaux de la CMA-CGM devraient être immobilisés, selon son P-dg, pour qui « les consommateurs continuent d’acheter dans les hypermarchés et sur internet. Il y a toujours des marchandises à transporter ».
Une situation de crise relative donc, que Rodolphe Saadé attribue en partie à la reprise de l’activité industrielle en Chine. « Le confinement chinois a débuté en même que le Nouvel An et a entraîné la fermeture des usines trois semaines supplémentaires. Leur réouverture est arrivée avant le confinement en Europe et aux Etats-Unis » détaille-t-il, tout en indiquant que les ports chinois ont continué à fonctionner normalement pendant la crise. « Il n’y aura pas de pénurie à la fin du confinement » déduit ainsi le patron de la CMA-CGM, pour qui « le problème n’est plus en Chine, où les usines tournent à 100 % ; il vient des clients européens et américains », dont les commandes devraient se tarir. Une baisse à prévoir de la consommation qui devrait peser sur le volume d’activité de l’entreprise.
« La crise sera un catalyseur des développements intrarégionaux »
Interrogé sur sa vision de la sortie de crise, Rodolphe Saadé se fait disert. Plaidant pour un « commerce mondial plus équilibré », il dénonce une « mondialisation à outrance » dont il faudra modifier le cours. « La mondialisation est nécessaire » nuance-t-il, même si selon lui « la crise sera un catalyseur des développements intrarégionaux », qui contribuera à « relocaliser la production de biens stratégiques, tels que les produits sanitaires ». Néanmoins, le P-dg de la CMA-CGM se dit convaincu que la Chine restera toujours plus compétitive sur certains bien de consommation, prenant en exemple les téléviseurs.
Puis, déplorant la guerre commerciale que se livrent la Chine et les Etats-Unis, il anticipe une « reprise hétérogène et inégale ». Pour lui, « l’Europe et les Etats-Unis repartiront vite », tandis que « ce sera plus difficile en Afrique et en Inde ». De fait, Rodolphe Saadé affirme ne pas espérer de véritable redémarrage « avant le troisième trimestre ». Se faisant la voix d’un transport maritime qui fait évoluer ses pratiques, il conclut : « la crise actuelle me conforte dans ces choix stratégiques d’un transport plus respectueux de l’environnement ». Une stratégie qui permettra peut-être à la CMA-CGM d’aborder l’avenir plus sereinement que ses concurrents.
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