Pour les entreprises de la chimie, le développement durable est souvent abordé du point de vue environnemental. Produits dangereux, pollution de l’air, rejets liquides… « C’est une première étape de travailler sur l’impact environnemental mais il faut aller plus loin », prévient Jacques Faudin, le président de HTS Bio, une entreprise de chimie basée à Gémenos et spécialisée dans les biotechnologies. Le patron, pionnier de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE) dans sa branche, a commencé à travailler sur le sujet il y a 17 ans. A la tête du réseau RSE & Innovation France, il est venu mercredi après-midi prêcher la bonne parole à la faculté de Saint-Jérôme dans le cadre de la 6e édition de la Semaine Amu-entreprises. « Qu’est-ce que la RSE pour vous ? » a-t-il commencé par demander à des étudiants hésitants et peu habitués à ce concept.
Le patron engagé a illustré cette démarche par des exemples mis en pratique dans son entreprise comme la prise en charge de consultations médicales pour arrêter de fumer ou encore l’installation de deux poubelles pour le tri des déchets à chaque poste de travail : « Ça ne semble pas grand chose mais par de petits actes, on peut influer sur un mode de vie qui va bien au-delà de la seule entreprise », assure-t-il. Un message qui semble être de plus en plus accepté par les entreprises de chimie.
Une collaboration sociétale entre Novachim et l’université
La conférence est co-organisée par le cluster Novachim qui travaille activement avec l’université sur le développement des actions de responsabilités sociétales au sein des entreprises de chimie mais également à l’université. Le cluster a lancé la première action collective RSE de la région avec l’Afnor. Baptisée « Chimie sociétale », cette initiative a provoqué « une réelle réflexion chez les patrons du secteur qui ont entamé une discussion sur les points à améliorer », raconte Bernard Milléliri, le président de Novachim. Une dizaine d’entreprises ont présenté leurs parcours RSE pour partager leurs bonnes pratiques.
L’an dernier, il signé une convention de partenariat avec Aix-Marseille Université qui a donné naissance à un comité de pilotage pour mener des actions communes. Les deux structures travaillent notamment sur les compétences recherchées par les entreprises du secteur et l’évolution des cursus universitaires. « Nous avons besoin de faire évoluer nos salariés pour s’adapter aux nouvelles technologies notamment. C’est typiquement une démarche RSE », insiste Bernard Milléliri. De son côté, l’université travaille aussi beaucoup sur le développement durable et l’égalité homme-femme, « deux questions essentielles sur lesquelles il faut sensibiliser les étudiants. L’université a pour mission de former des futurs salariés mais aussi des citoyens », rappelle Marianne Domeizel, la vice-présidente développement durable d’Aix-Marseille Université.
L’université incite les étudiants à être plus « responsables »
L’an dernier, l’établissement a mis en place un système de bonus attribué pour la pratique d’activités socialement responsables. Certains étudiants ont proposé l’organisation d’un festival sur l’inclusion, un autre développe une encre sans pétrole ou encore un recueil de textes sur les violences envers les femmes. Chacune de ces actions octroie un demi point supplémentaire sur la moyenne du semestre « mais on sent surtout une volonté de s’engager. Les étudiants qui réalisent leur projet aujourd’hui apporteront une vision nouvelle dans leurs futurs entreprises », explique Nolwenn Lécuyer, vice-présidente déléguée à l’égalité femmes-hommes et à la lutte contre les discriminations. Et les deux responsables souhaitent aller encore plus loin dans l’implication des étudiants. Elles proposent que dorénavant l’ensemble des rapports de stage contiennent quelques pages sur la politique RSE des entreprises car « commencer à s’y intéresser, c’est déjà une démarche RSE en soi », estime Marianne Domeizel.
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