Dimanche soir, Saïd Ahamada a remporté la 7e circonscription des Bouches-du-Rhône avec 58,39% des suffrages, contre 41,61% pour la représentante du Front national, Sophie Grech. Hier, il faisait ses premiers pas au Palais-Bourbon, avec émotion.
Les yeux comme ceux d’un enfant émerveillé. Saïd Ahamada, sur la réserve tout au long de la campagne des législatives, ose enfin un large sourire. Il ne s’était pas donné le droit de crier victoire trop vite, encore moins celui de montrer un quelconque contentement, de peur que la déception ne soit trop grande. Hier, c’est avec émotion et « surtout heureux » qu’il a découvert l’hémicycle au sein duquel il va désormais siéger en tant que député des Bouches-du-Rhône de La République en marche. Une émotion à la hauteur de l’immense tâche qui l’attend et dont il a pris la pleine mesure.
C’est sous le regard bienveillant de François-Michel Lambert, réélu, quant à lui, député dans la 10e circonscription, que Saïd Ahamada a fait ses premiers pas au Palais-Bourbon. Poignées de main à Richard Ferrand ou encore à Manuel Valls, séance photo, coulisses et conseils avisés de ceux qui ont déjà l’expérience des lieux, la découverte l’enchante. Comme tous, il a également reçu la mallette contenant la réglementation de l’Assemblée nationale, l’écharpe tricolore ou encore le badge sur lequel il affiche une mine rayonnante et qu’il arbore avec fierté ; parce qu’il le sait, s’il est là aujourd’hui, c’est grâce aux électeurs qui lui ont fait confiance, et qu’il n’oublie pas de remercier.
La même fierté qui l’a envahie dès l’annonce des résultats, dimanche soir, suivie d’un sentiment de soulagement. Il a pris, au fil de cette campagne courte mais intense, tout le poids de la responsabilité et ne compte pas y déroger, maintenant qu’il est député. Dans cette 7e circonscription des Bouches-du-Rhône, la bataille était loin d’être gagnée face à la candidate du Front national, Sophie Grech. Elle était arrivée en tête au premier tour avec 23,06% contre 19,86% pour le candidat de La République en marche. « Le score n’était pas très rassurant », commente le fondateur de la chambre de commerce franco-comorienne.
Cette victoire fait « entrer les quartiers nord à l’Assemblée nationale »
Pour refaire son retard, habité d’une grande détermination, Saïd Ahamada et son équipe ont arpenté les quartiers de son territoire, pour aller chercher la moindre petite voix, convaincre les abstentionnistes de se rendre aux urnes. Parce qu’il était tout simplement inconcevable pour lui, de laisser passer les extrêmes. « Le Front national n’a pas sa place ici ». Et il l’a prouvé en le battant au soir du second tour avec 58,39%.
Saïd Ahamada dit avoir mené une campagne difficile. « J’aurais aimé un débat d’idées sur le fond et le projet, mais à aucun moment nous avons eu l’occasion de le faire et cela en a frustré beaucoup ». C’est donc sur les réseaux sociaux qu’il a tenté de faire passer son message. Malgré un fort taux d’abstention (72,36%), cette victoire marque la fin d’un système. Exit les « méthodes douteuses » et les vielles combines politiciennes, une manière aussi de redonner confiance à ceux qui ont boudé les urnes.
Une victoire qui n’est pas seulement synonyme de renouvellement. Elle est symbolique : elle fait « entrer les quartiers nord à l’Assemblée nationale, confie Saïd Ahamada. Et ça a du sens. »
« Ils peuvent se reconnaître dans mon parcours »
Et c’est la raison pour laquelle il se fixe plus qu’un autre « une obligation de résultats ». Il se battra pour ça, lui le gosse de la cité Félix-Pyat, le minot de la Cité de la solidarité qui dès mercredi prochain siègera pour la première fois dans l’hémicycle du Palais-Bourbon. Il y votera ce « qui lui paraîtra pertinent pour le pays », sans perdre de vue « de faire remonter les spécificités de son territoire ». Entre Paris et Marseille, il compte bien être au plus près de la population. Sur son secteur très étendu, il envisage d’ouvrir trois permanences (14e, 15e et 16e), « il me semble que c’est indispensable, nous y réfléchissons donc sérieusement ».
Son histoire, cette ascension : il espère qu’elles pourront inspirer nombre de jeunes qui ont vécu les mêmes choses que lui. « Ils peuvent se reconnaître dans mon parcours ». Marcher sur ses pas…