PLH, PDU, PCAET… Les collectivités croulent sous les acronymes barbares qui restent un mystère pour le commun des mortels. Pourtant, ils sont à l’origine des grandes décisions politiques qui façonnent les territoires. Mardi 12 juin, la Métropole Aix-Marseille a lancé la première conférence sur l’un des documents les plus importants pour son avenir : le Scot. Le schéma de cohérence territoriale doit fixer pour les 20 années à venir les politiques d’urbanismes en matière d’habitat, de développement économique, de déplacements et de préservation des espaces naturels et agricoles : « En clair, il s’agit de décliner spatialement notre projet politique », explique Michel Roux, vice-président de la Métropole en charge du Projet métropolitain et du conseil de développement. Un sujet très délicat à aborder tant les maires du territoire tiennent à garder la maîtrise de l’urbanisme sur leurs communes alors que la loi Mapam impose le transfert de cette compétence à la Métropole qui devient le chef de file en la matière.
Le Scot impose sa loi aux plans locaux d’urbanisme
« Cette première conférence sert à mettre sous tension le processus d’élaboration du Scot. On a commencé à travailler dessus depuis longtemps mais il s’agit aujourd’hui de rassembler tout le monde pour rappeler qu’il faut travailler ensemble si on veut avancer car on a pas le choix », rappelle Henri Pons, le vice-président à la stratégie et à l’aménagement du territoire en charge du Scot. Si le maire d’Eyguières refuse de pointer du doigt l’un ou l’autre de ses petits camarades récalcitrants, il est de notoriété publique que Maryse Joissains, la maire d’Aix-en-Provence, ou encore Gaby Charroux à Martigues figurent parmi les opposants les plus farouches à la nouvelle institution. Il devront pourtant participer à l’élaboration du Scot métropolitain s’ils veulent défendre les intérêts de leur territoire. Ce document dont l’entrée en vigueur est prévue pour 2022 fera figure d’autorité en matière d’urbanisme. En clair, il chapeaute les autres documents comme le plan local d’habitat (PLH), le plan de déplacement urbain (PDU) ou encore le fameux plan local d’urbanisme (PLU) si cher aux yeux des maires. Lors de la création de la Métropole, Jean-Claude Gaudin est parvenu à calmer les élus locaux en trouvant un compromis sur le partage du pouvoir urbanistique. Au lieu de passer immédiatement à l’échelon métropolitain, les PLU doivent désormais s’élaborer à l’échelle du conseil de territoire en collaboration étroite avec les maires. Marseille-Provence a déjà enclencher le processus qui devrait aboutir en 2019. Par contre, les cinq autres EPCI en sont encore loin et ne devraient pas finaliser leurs PLU intercommunaux avant cinq ou six ans, c’est-à-dire après l’entrée en vigueur du Scot prévue pour 2022. La loi les obligera alors à respecter les engagements inscrits dans le Scot métropolitain, d’où l’importance pour tous les élus de participer à la rédaction de ce document. « Transition énergétique et écologique, accessibilité et mobilité, développement économique, réindustrialisation, accroissement et dynamisation démographique… pour faire face à ces enjeux, nous ne pouvons plus nous satisfaire de penser l’avenir dans le cadre des seules vielles ou des anciennes intercommunalités », prévient le président de la métropole, Jean-Claude Gaudin. Avec le Scot, il compte dessiner la stratégie de croissance d’un territoire en perte de vitesse.
Retrouver un solde migratoire positif et le plein emploi
Le mot d’ordre : attractivité ! Les derniers chiffres de l’Insee pointent un solde migratoire négatif pour la Métropole avec la perte de 4 000 habitants chaque année. « Un mauvais signal pour l’avenir », avoue Vincent Fouchier, directeur général adjoint du projet métropolitain. Arlette Fructus, la vice-président déléguée à l’habitat, estime que beaucoup d’habitants quittent le territoire pour sa périphérie moins chère. Elle préconise donc de densifier l’habitat pour faire baisser la pression foncière et créé une offre plus adaptée surtout pour les jeunes. « On doit travailler sur les centres anciens des villes moyennes qui souffrent d’un gros problème de vacance. Il faut développer les services dans ces zones si on veut faire revenir les nouvelles générations », insiste-t-elle. Le Préfet de Région, Pierre Dartout, l’accompagne dans son raisonnement en affirmant la nécessité de construire des logements adaptés à tous mais ajoute également « il faut une meilleure répartition des logements sociaux pour éviter de former des ghettos de pauvreté ». Une critique à laquelle répond sèchement Jean-Claude Gaudin : « On veut bien construire des logements sociaux mais sur certaines communes comme Cassis, c’est impossible sans attaquer les espaces naturels ».
Après la croissance démographique, la deuxième priorité est évidemment l’emploi, « notre grande faiblesse », assume Gérard Gazay, le maire d’Aubagne et vice-président au développement des entreprises à la Métropole. Si la Métropole a su engranger de beaux succès dernièrement avec l’arrivée du chinois Quechen ou du russe SuperOx, les entrepreneurs du territoire pointent encore du doigt les problématiques de foncier et de mobilité. « Les deux sont interdépendants. On a besoin d’espaces rapidement disponibles mais si ils ne sont pas reliés par un réseau de transport efficace, ça ne sert à rien », rappelle Laurent Amar, vice-président à la chambre de commerce. A ces besoins, la Métropole répond par son projet Métro express de ligne de bus sur autoroute : « Les premières lignes démarreront dès l’année prochaine ou en 2020. On espère que le réseau complet sera en service pour les jeux olympiques en 2024 », annonce Yannick Tondu, le directeur général adjoint à la mobilité. Pour y parvenir, Jean-Claude Gaudin rappelle qu’il a besoin de l’Etat : « On ne pourra réussir sans votre aide financière, lance-t-il en s’adressant au préfet. On a besoin de 20 millions en 2018 et de 100 millions en 2020. Des promesses ont été faites par le gouvernement précédent et pour l’instant, l’aide de l’État se réduit à brosse-toi avec un oursin. La parole de l’État doit être respectée ».
Encadré : Les enseignements des 5 Scot existants
Le Scot métropolitain ne part pas de zéro car il va pouvoir s’appuyer sur les cinq Scot déjà existants sur le territoire (Marseille Provence, pays d’Aix, Agglopole, Pays d’Aubagne et Ouest Étang de Berre) « même si il ne s’agit pas de les empiler les uns aux autres », rappelle Henri Pons. L’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (Agam) et l’Agence d’urbanisme du pays d’Aix (Aupa) ont réuni toutes les informations de ces documents pour commencer à esquisser un projet métropolitain.
Lien utile :
[Infographie] Le SCOT et le PLU, c’est quoi ?