Le communiqué officiel du groupe Société générale (SG) est sans appel à propos de la nouvelle SG SMC: « Le groupe Société Générale annonce avoir réalisé, le 1er janvier 2023, la fusion juridique de ses deux réseaux de banque de détail en France, Société Générale et Groupe Crédit du Nord. SG est désormais la nouvelle banque de détail en France du Groupe. »
Il s’agit en fait de l’aboutissement d’une « restructuration préventive » baptisée projet « Vision 2025 » . Le 12 octobre 2021, le groupe annonçait la suppression de 3700 emplois entre 2023 et 2025 en absorbant le Crédit du Nord et son réseau de banques régionales. Annoncée en septembre 2020, cette fusion aboutit à une banque unique avec un réseau global d’agences, un siège social et un système informatique pour près de 10 millions de clients. L’objectif, salué par un bond de 3% de l’action en Bourse est d’aboutir à un effectif global de 25 000 salariés avec 1450 agences. En 2021 la Société générale avouait sans plus de précision que « la restructuration est une approche préventive face aux multiples défis »
Les spin-doctor de la Société générale habillent grossièrement ce plan social et la suppression de 600 agences au plan national en un progrès de la « proximité ». « La réalisation de la fusion s’accompagne de la mise en place d’un nouveau modèle relationnel, affirme le communiqué, permettant d’améliorer la qualité du service rendu aux clients particuliers, professionnels et entreprises ».
SG SMC : les clients de la Marseillaise de crédit changent de RIB
Concrètement, l’absorption du Crédit du Nord conduit à la migration des comptes Marseillaise de Crédit vers Société générale SG SMC au premier semestre 2023. Les clients vont changer de carte bleue, de RIB et d’Iban. En matière de communication la marque nationale devient SG, soutenue par une campagne de publicité au cours de l’année et le territoire national est divisé en dix sous régions d’administration : SG Crédit du Nord, SG Grand Est, SG Laydernier, SG Auvergne Rhône Alpes, SG SMC, SG Courtois, SG Sud-Ouest, SG Tarneaud, SG Grand Ouest et, en Ile-de-France ainsi qu’en Corse, SG Société Générale. L’acronyme SMC devient la dénomination d’une région géographique (voir carte) avec une direction générale qui panache le management de l’ancienne Société marseillaise de crédit et la Société générale.
Selon nos confrères des Nouvelles publications, Bruno Deschamp, anciennement président du directoire de la SMC, devient directeur régional SG SMC et SG Société Générale (en Corse) avec comme directrice adjointe Isabelle Martinon qui vient de la direction de la Société générale de la région Paca Languedoc Roussillon Corse.
Sur le plan national le nouvel ensemble de retail est piloté par Marie-Christine Ducholet, elle est rattachée à Sébastien Proto, directeur général adjoint en charge des réseaux Société Générale, Crédit du Nord, Banque privée et de leur direction innovation, technologie et informatique. Les regroupements d’agence commenceront au second semestre 2023 pour un premier tiers des agences concernées, l’objectif de la Société générale est d’en réaliser 80 % en 2024 et de clore ce réagencement en 2025.
Malgré nos sollicitations, Philippe Bellemin-Noël directeur de la communication régionale ne nous a pas communiqué l’impact régional et local de cette restructuration sur le nombre d’agences concernées, sur le personnel impacté. La Société marseillaise conservait de plus des activités de siège conséquentes avec une implantation forte rue Paradis et un bâtiment dédié à l’informatique dans la vallée de l’Huveaune. Avec une nouvelle organisation verticale par métiers, avec une offre nationale ces lieux d’activité seront évidemment disproportionnés. Quid de ces bureaux et des équipes ?
SMC : In memoriam
Ainsi disparaît une banque régionale, autorisée par décret impérial le 2 octobre 1852 sous le nom de « Société marseillaise de crédit industriel et commercial et de dépôts » fondée par les grands industriels marseillais du XIX° avec les Rostand, Bergasse, Pastré ou Charles Roux…
Elle fut nationalisée en 1982 mettant fin à la direction assumée par la famille de Cazalet. Et fut ensuite dirigée de façon chaotique par des amis des présidents Mitterrand et Chirac, puis privatisée en 1998. Elle était alors, selon Patrick Careil chargé d’un management de transition « en état de coma dépassé ». La banque était totalement dévaluée et il fallut que l’État la recapitalise pour la céder au CCF. Joseph Perez et Emmanuel Barthélémy la remirent sur les rails en réduisant la voilure de 1800 à 1200 salariés, (en proportion du PNB réalisé), et surtout en changeant les méthodes tout en gardant le lien avec une clientèle résiliente et fidèle. Passée par HSBC qui n’a pas su valoriser ce fleuron régional, elle fut vendue pour 1,1 milliard € au groupe BPCE qui la cède à son tour en 2010 pour 872 M€ au Crédit du Nord (Groupe Société générale) . Fin de l’histoire en 2023.
Le paysage bancaire régional se polarise donc entre des réseaux nationaux SG avec SMC localement, BNP Paribas, CIC, et des banques mutualistes, Crédit agricole, Caisse d’épargne, Banques populaires, Crédit mutuel qui sont les seules à garder une autonomie de management régionale et une réelle proximité de décision.
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