Comment se portent les commerces du centre-ville de Marseille ? Les résultats de l’étude menée par la CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence sur la période 2021-2023 diffusés le 21 novembre sont contrastés. Et ils illustrent que le secteur demeure traversé par des multiples mouvements géographiques et économiques, alimentés par des inquiétudes. A la rentrée 2023, la CCI AMP avait d’ailleurs tiré la sonnette d’alarme sur la dégradation de l’attractivité du centre-ville quelques mois avant les JO 2024
La CCI métropolitaine Aix-Marseille-Provence a présenté le 6 novembre dernier aux associations et fédérations de commerçants les résultats de cette étude visant à évaluer l’évolution commerciale du centre-ville de Marseille marquée par la crise du Covid, les émeutes urbaines, la crise de l’énergie et un espoir de sortie de crise.
« Cette étude a consisté en l’analyse de l’évolution de l’offre commerciale sur les principaux axes marchands du centre-ville de Marseille, l’analyse des valeurs locatives et fonds de commerce sur le périmètre ainsi que celle de l’activité commerciale selon le ressenti des commerçants » précise la CCIAMP. Plus de 200 commerçants ont répondu à l’enquête selon la chambre.
Commerces du centre-ville : une évolution à deux vitesses
L’étude a mis en avant une évolution à deux vitesses de l’offre commerciale du centre-ville de Marseille : « La zone commerçante historique peine à se stabiliser, avec des axes commerciaux qui restent encore fragiles voire en déclin ou en pleine mutation (Rome, St-Ferréol, République, Centre Bourse, Canebière) ; Une offre commerciale qui se développe dans les rues transversales grâce à des loyers plus modérés et une belle dynamique sur les secteurs Paradis et Opéra ; Le périmètre du Vieux-Port conforte son positionnement convivial et festif (cafés, restaurants), malgré des signes de faiblesses sur le Quai du Port dû à un turnover important. »
En 2024 sur le centre-ville (zone commerçante et Vieux-Port), on compte 1 288 locaux en activités dont 84% dans la zone commerçante et 16% sur le Vieux-Port. Le taux de vacance moyen est de 15% : 16% sur la zone commerçante historique (hors Vieux-Port) : soit 1 point de plus par rapport à 2021 ; 11% sur le périmètre Vieux-Port : soit – 2 points par rapport à 2019.
Beaucoup de changements d’enseignes post-covid
Sur le secteur « zone commerçante historique », l’étude montre que
: 51% des locaux sont liés à une offre de destination (culture et loisirs, équipement de la personne, équipement de la maison…) qui attire du flux
: en légère baisse depuis 2021 ; 23% des locaux sont liés à la « convivialité » (cafés, hôtels, restaurants, …)
: en légère hausse depuis 2021 ; 14% des locaux sont des commerces de proximité (alimentations, commerces de bouche, coiffeurs, pharmacies…)
: stable depuis 2021 ; la rue Paradis est l’axe commercial qui est le plus dynamique avec le plus faible taux de vacance (6%).
Sur le secteur « Vieux-Port », l’étude révèle que
: 65% des locaux sur le périmètre du Vieux-Port sont des cafés restaurants : stable depuis 2019 ; le Quai du Port (au nord du Vieux-Port, côté mairie) est l’axe qui a le plus faible taux de vacance (6%), mais avec le plus fort taux de modifications d’enseignes et d’activités (turnover important).
L’étude met en avant de nombreuses transactions pour la famille d’activité des cafés restaurants ce qui vient confirmer l’évolution de l’hypercentre avec un effet de rattrapage post Covid (plus de 130 transactions enregistrées sur la période avec une année record en 2022). « On note une tendance à la baisse des valeurs locatives et des valeurs de fonds de commerce et droits au bail, sauf sur les secteurs République et Cours d’Estienne d’Orves qui restent stables sur la période » observe la CCIAMP.
Inquiétudes sur l’attractivité et baisse du chiffre d’affaires
212 commerçants ont répondu à l’enquête relative à l’évolution de la dynamique commerciale du centre-ville. Globalement, cette évolution est perçue comme négative par les commerçants, notamment par ceux qui accusent une baisse de fréquentation et de chiffre d’affaires (52% déclarent une baisse de chiffre d’affaires pouvant aller jusqu’à -30%). Cette tendance semble toutefois moins marquée qu’en 2021. 21% affichent une hausse de leur chiffre d’affaires (ils étaient 19% en 2021). Ces derniers sont principalement situés dans le secteur de l’Opéra, confirmant le maintien de la dynamique commerciale du secteur.
Les commerçants restent globalement inquiets de la dégradation de leur activité et de la perte d’attractivité de leur rue/secteur. Ils identifient 3 causes principales : 72% pointent les grèves, manifestations et violences urbaines, 55% d’entre eux les problèmes de stationnement (tarifs, sécurité, …) 41% l’évolution des modes de consommation (télétravail, e-commerce, …).
Lien utile :
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(*) L’étude réalisée par la CCIAMP a porté sur un périmètre commercial concentré autour des principaux axes marchands de l’hypercentre avec un focus sur 8 secteurs clés du périmètre : République (Vieux-Port – Place Sadi Carnot) Centre Bourse Canebière bas (Vieux-Port – Bd Garibaldi) Rome bas (Canebière – Préfecture) Rome haut (Préfecture – Castellane) Saint-Ferréol (Canebière – Préfecture) Paradis bas (Place Général De Gaulles – Rue Montgrand) Opéra (Rues Glandevès, de la Tour, Davso, Corneille, Molière, Sainte, Saint-Saëns) Ainsi que 3 secteurs autour du Vieux-Port : Quai du Port Quai de Rive Neuve Thiars – Estienne d’Orves.