Il y a encore deux mois, elles se livraient une guerre sans merci pour conquérir la mairie de Marseille. Aujourd’hui, Martine Vassal et Michèle Rubirola assurent avoir mis leurs querelles de côté pour faire face au retour de l’épidémie de coronavirus : « On s’est souvent opposé politiquement et on le fera certainement encore mais face au virus, c’est notre responsabilité d’être unies pour protéger les Marseillais », affirme la nouvelle maire de Marseille. Et pour signer ce pacte de solidarité, elles ont choisi d’organiser une conférence de presse commune sous le haut patronage du désormais célèbre dans le monde entier, professeur Raoult, qui les a accueillies jeudi 27 août dans l’enceinte de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Méditerranée Infection de Marseille.
Raoult minimise la gravité du « deuxième acte » de l’épidémie
Si comme le rappelle Didier Raoult, « ce n’est pas ma conférence de presse », l’infectiologue est chez lui et prend la parole en premier pour un point chiffré sur la situation locale. Premier constat, la recrudescence du virus à Marseille est réelle. Le nombre de personnes positives détectées par l’IHU est passé d’une quinzaine par jour à la fin du mois de juillet à 106 cas au 23 août. Si le professeur Raoult ne nie l’existence de ce qu’il nomme « le deuxième acte », il en tempère pour autant le risque réel pour la population : « Depuis le 15 juin, les marqueurs de gravité sur les patients examinés sont beaucoup plus bas. Il y a moins de morts et très peu d’hospitalisations », affirme-t-il. Actuellement, seulement sept patients Covid sont accueillis à l’IHU. « Le problème actuel n’est pas quelque chose qui dépasse ce que nous avons connu dans le passé et que nous avons géré alors que nos moyens étaient inférieur », assure le professeur Raoult. A ses côtés, la maire de Marseille acquiesce et profite de ces arguments pour critiquer l’attitude du gouvernement face à la situation sanitaire marseillaise.
Rubirola dénonce le « deux poids, deux mesures » entre Marseille et Paris
« Le gouvernement décide depuis Paris de ce qui serait bon pour notre ville, sans consulter les élus locaux, et surtout sans nous donner les moyens de faire respecter les décisions qui sont les siennes », attaque d’emblée Michèle Rubirola. La nouvelle maire de Marseille n’a pas du tout apprécié les méthodes de Paris pour ce qui concerne les nouvelles mesures de protection sanitaire annoncée en début de semaine. « Marseille n’est pas la mauvaise élève que l’on veut nous faire croire. On fait tout ce qu’il faut pour lutter contre l’épidémie », insiste-t-elle. Michèle Rubirola reproche au gouvernement de faire « deux poids, deux mesures » entre Paris et Marseille. Elle raconte que Paris a envisagé un reconfinement à Marseille « alors que ce n’a pas été le cas pour Paris », dénonce-t-elle. « Pour qu’une décision soit acceptée, il faut qu’elle soit comprise par la population. Alors que dans le cas présent, il n’y a pas plus de morts et un nouveau confinement n’aurait pas été accepté », explique-t-elle. Une position partagée par sa nouvelle alliée de circonstance Martine Vassal.
.@MicheleRubirola « Je l’ai dit mille fois, la force de notre ville est de résister face l’adversité. Nous le prouverons une nouvelle fois !
— Ville de Marseille (@marseille) August 27, 2020
Prenez soin de vous et de vos proches. » pic.twitter.com/z6RR7z0gmh
Vassal sur la même ligne que Rubirola
Dans la foulée de Michèle Rubirola, la présidente du Département commence par remercier la maire de Marseille, insistant sur leur rapprochement du jour en l’appelant par son prénom et la tutoyant : « Tu connais mieux le sujet que moi », lance-t-elle à l’édile faisant référence à sa profession de médecin.
Martine Vassal continue de lui emboiter le pas en fustigeant encore une fois la « stigmatisation de Paris » : « On est toujours montré comme les vilains petits canards mais ce qu’on demande c’est tout simplement de la concertation », renchérit la présidente du Département. Sans s’opposer absolument aux mesures de précautions prises par le gouvernement, elle s’avoue « très inquiète pour les conséquences des fermetures des restaurants à 23h. Ils ne pourront pas faire de deuxième service, c’est un sérieux manque à gagner qui va s’jouter à une situation déjà très compliquée », prévient-elle.
🔴 #ConférenceDePresse | Face à la crise sanitaire, @marseille, @AMPMetropole et @departement13 unissent leurs compétences pour lutter contre la propagation du #virus. Désormais, nous allons agir ensemble et de façon très concertée.@raoult_didier @MicheleRubirola pic.twitter.com/26KsHLP5vy
— Martine VASSAL (@MartineVassal) August 27, 2020
Une action commune entre la Ville, la Métropole et le Département
Au-delà de cette union de façade, la Ville de Marseille, la Métropole et le Département annoncent plusieurs actions communes pour lutter contre la propagation du virus. Par exemple, les trois institutions vont d’ailleurs lancer une campagne de communication commune afin d’inciter les Marseillais à respecter les règles de base face au virus. Ensuite, Martine Vassal et Michèle Rubirola assurent travailler de concert pour fournir le plus de masques possibles aux habitants et surtout aux plus démunis. La maire de Marseille annonce pour sa part la distribution de 500 000 masques supplémentaires à partir de lundi 31 août, tandis que la présidente du Département évoque la fourniture de masques pour l’ensemble des bénéficiaires du RSA du territoire. « Nous faisons ce qu’il faut avec nos moyens », assure Michèle Rubirola qui réclame plus d’aide au gouvernement : « Il doit faire face à ses responsabilités et nous aider pour obtenir encore plus de masques et surtout, plus de forces policières pour faire respecter les règles », demande-t-elle.
Rencontre avec Olivier Véran dans la foulée
Cette conférence de presse tombe à point nommé pour les deux élues. Elles ont pu mettre la pression au gouvernement alors que le ministre de la santé Olivier Véran a annoncé une visite express à l’Agence régionale de santé dans l’après-midi. « Je l’ai déjà eu au téléphone et je lui ai dit ce que je pensais », raconte Michèle Rubirola. Elle a donc pu en profiter pour lui rappeler ces demandes avec en plus, une nouvelle alliée inattendue, son ancienne rivale Martine Vassal qui promet « de continuer de faire bloc, au-delà des questions politiques, pour l’intérêt des Marseillais et des habitants de tout le département ».
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