Le Saf made in Provence, c’est pour très bientôt. Lors de la soirée organisée jeudi 27 février à la Région Sud et consacrée à la décarbonation de l’économie, Jean-Michel Diaz, le directeur régional de TotalEnergies, a confirmé la prochaine mise en place de la production sur le site de La Mède de carburants Saf (pour “sustainable alternative fuel” ou carburant d’aviation durable).
« Nous avons déjà un accord avec Air France pour la fourniture de Saf dans la partie biocarburant », explique d’abord Jean-Michel Diaz. Puis il annonce que la production de Saf « démarrera sur une unité de la bioraffinerie de La Mède, à partir du mois de juin 2025. » Le co-processing de transformation du bio-diesel en bio-kérosène se réalise aujourd’hui dans la raffinerie TotalEnergies de Normandie (lire notre précédent article).
Un accord a aussi été trouvé avec l’Aéroport Marseille Provence pour fournir la plateforme en Saf, rappelle Jean-Michel Diaz. « C’est un modèle de circuit court. Il n’y pas de schéma équivalent en France avec un site de production qui se trouve à huit kilomètres du site de consommation. »
La transition écologique : une question « existentielle » pour Air France
La production de Saf est désormais stratégique pour le secteur. Comme l’a rappelé lors de la même soirée Vincent Etchebehere, vice-président d’Air France KLM en charge du développement durable, le secteur aérien en 2024 au niveau mondial a contribué pour environ 5% au réchauffement climatique planétaire. Et si rien n’est fait, cette part pourrait passer à 30% d’ici 2050. « La transition écologique, elle n’est pas seulement nécessaire pour notre secteur, elle est existentielle. Et au coeur des attentes de toutes nos parties prenantes. »
Concrètement, Air France a pour objectif de réduire de 30% ses émissions par passager-kilomètres d’ici à 2030 par rapport à 2019, en se conformant à la méthode SBTI (« Objectifs fondés sur la science »), en excluant les mesures de compensation. Pour atteindre cette ambition, le responsable d’Air France explique que sa compagnie va s’appuyer sur quatre leviers d’actions :
- le renouvellement de la flotte avec ds appareils de nouvelle génération qui consomment moins de carburants et émettent 20 à 25% de CO2 en moins et réduisant déplus d’un tiers l’empreinte sonore. En 2021, ces appareils représentaient 4% de la flotte d’Air France, aujourd’hui 38% et nous visions 70% en 2030. C’est un rythme sans précédent qui mobilise plus d’un milliards d’euros d’investissements pas an.
- l’éco-pilotage : roulage au sol avec un seul moteur, trajectoire de vol plus directe, utilisation de l’énergie aéroportuaire… Cela permet de réduire de 4 à 5% les émissions de C02.
- l’intermodalité train – avion avec notamment le renforcement du partenariat avec la SNCF.
- les carburants d’avion durable, les Saf. Ces carburants non fossiles produits à partir de déchets organiques ou de C02 captés mélangés avec de l’hydrogène vert. La réglementation européenne impose que leur production n’entre pas en concurrence avec la chaîne alimentaire et n’entraine pas de déforestation.
Passer à 10% de Saf en 2030
Vincent Etchebehere souligne qu’Air France KLM est devenue la première compagnie mondiale à utiliser le Saf depuis trois ans mais celui-ci ne représente que 1% de la consommation totale de carburants de la compagnie. « Notre objectif à 2030 est de passer à 10%, soit fois dix plus en cinq ans. C’est un énorme défi », reconnait le dirigeant. Pour y répondre, il insiste sur l’aspect absolument essentiel du développement des filières de production en France. « Tout est à construire et c’est maintenant que les investissements doivent être fait car la concurrence internationale s’intensifie beaucoup. »
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