Mention insuffisant… Pour l’instant ! L’offre de transports collectifs au sein de la métropole Aix-Marseille Provence est l’une des plus faibles parmi les métropoles françaises. Conséquence : si plus de 650 000 déplacements sont effectués, chaque jour, au sein de la métropole et de ses 92 communes, les métropolitains ne réalisent que 110 voyages en transports collectifs, contre 323 pour le Grand Lyon. Dans le Livre Blanc des transports métropolitains à Aix-Marseille Provence, publié en 2015 par la mission interministérielle sur la Métropole, on peut ainsi lire qu’à « l’exception de quelques relations majeures Marseille-Aix, à un degré moindre, Marseille-Aubagne, Marseille-Vitrolles et Marseille-Martigues, l’offre de service de transport métropolitain est peu développée et peu adaptée à la complexité des besoins de déplacements ».
Par ailleurs, 94% des déplacements métropolitains supérieurs à 7 kms se font aujourd’hui en voiture, avec une moyenne de 1,3 passager par véhicule. Cet état de fait engendre les situations que tout le monde connaît : axes routiers saturés aux heures de pointe, temps de parcours accru, pollution amplifiée…
Faire mieux pour passer à la mention bien, voire très bien en repensant son réseau de transports publics, c’est aussi l’un des axes majeurs de développement de l’agenda de la mobilité métropolitaine.
Création de 200 kilomètres de lignes de transports collectifs en site propre
Jusqu’à présent, 12 réseaux urbains, un ferré et un par car interurbain, composent l’offre de transports en commun. Pas ou peu connectés entre eux, ils correspondent aux anciennes limites administratives, qui n’ont plus lieux d’être dans une métropole unifiée. Le nouveau maillage proposé dans le cadre de l’agenda de la mobilité métropolitaine devrait être plus efficace et moins coûteux pour la collectivité. Parmi les multiples voies de développement envisagées, l’agenda se fixe entre autres de doubler l’usage des transports en commun d’échelle métropolitaine et d’augmenter de 50% celui des transports locaux, en misant aussi sur des solutions alternatives variées et complémentaires (cars, bus, métros, tramway mais aussi les modes doux comme le vélo ou la marche, et partagés comme le covoiturage ou les véhicules en libre-service), plus respectueuses de l’environnement. Ce développement permettrait d’atteindre l’objectif fixé de faire diminuer de 8% l’usage de la voiture.
Autre projet : créer 200 km de ligne de transports en commun en site propre (TCSP) en ville et sur autoroute. Les investissements importants sur les lignes de TCSP semblent être les plus significatifs car ils ont un impact sur la fréquentation. Si l’on compare Marseille avec Lyon, puisqu’elles sont similaires en termes de population, Marseille compte 30 km de lignes de TCSP. 73 km pour Lyon. L’offre kilométrique par habitant s’élève à 24 km à Marseille, contre 237 à Lyon. Depuis 25 ans, l’offre kilométrique du réseau lyonnais de TCSP n’a cessé d’augmenter et avec elle la fréquentation, quand celle du réseau marseillais stagnait.
Le réseau Premium : 5 ans pour devenir le plus vaste d’Europe
Alors pour booster les transports publics dans la métropole Aix-Marseille-Provence, l’une des actions majeures dans les cinq ans à venir réside dans la mise en œuvre de son réseau de lignes Premium. Une offre présentée comme « l’un des plus vastes réseaux de cars Premiums sur autoroute d’Europe ». Des départs tôt le matin et des terminus tard le soir pour répondre à la demande et mailler le territoire plus stratégiquement. Sur les quinze lignes de bus Premium prévues, sept devraient relier Marseille, Aix, Aubagne, Salon, Vitrolles-Marignane, Martigues et Istres, et ce dès 2020. L’offre prévoit également l’extension du Zénibus (Bus à haut niveau de Service) qui dessert déjà Vitrolles et Marignane, qui sera prolongé vers l’ouest (pôle d’activité des Florides) et l’est (Plan-de-Campagne). Ces lignes seront complétées par un TER modernisé ainsi que par le Val’Tram entre Aubagne et La Bouilladisse.
A Marseille, deux lignes Premium complèteront le réseau de tramway, métro et BHNS en 2020 : une entre Castellane, le rond-point du Prado et Luminy, la seconde entre le futur pôle d’échange Gèze, la gare Picon-Busserine, le centre urbain du Merlan, le métro M2 à Frais-Vallon et M1 à La Fourragère. Justement, concernant le métro, en plus du renouvellement de rames en fin de vie, et de l’extension de lignes existantes jusqu’à Saint-Loup et Château-Gombert, l’Agenda acte la création d’une troisième ligne de métro après 2025, pour les secteurs difficiles à desservir en tramway (Belle-de-Mai, Le Merlan, Endoume ou Bonneveine).
Sur la route, la desserte de la vallée de l’Huveaune, elle, s’appuiera sur le prolongement du tramway depuis Marseille et Aubagne, pour les faire converger à La Valentine. Tandis que la seconde phase du réseau Premium MétroExpress bénéficiera de deux projets routiers : le contournement de Martigues et de Port-de-Bouc, ainsi que le boulevard Urbain sud à Marseille.
Structurer la métropole du rail
Côté rail, la modernisation de 140 km de voies ferrées est prévue avant 2020. Dès 2030, la Ligne Nouvelle Provence-Côte d’Azur permettra doubler le nombre de TER et les rendre plus fiables. « Un projet d’importance régionale et nationale, essentiel pour structurer la métropole du rail ». Dans cette perspective, la nouvelle gare Saint-Charles souterraine, prévue à l’horizon 2030, est très attendue. La seconde phase de la ligne ferrée Marseille-Gardanne-Aix sera effective en 2021 et complémentaire du car Premium. Au nord de Marseille, il est envisagé la création d’une gare à Saint-André connectée au tramway, le renforcement de la gare de Saint-Antoine et la création d’un arrêt de car sur l’A7.
D’autres modes de transports, un peu plus originaux sont évoqués. Des expérimentations avec navettes maritimes sur l’étang de Berre sont envisagées pour 2020, ou encore le téléphérique urbain « qui s’adapte bien au franchissement d’obstacles sur quelques kilomètres ». Un projet de desserte de Notre-Dame-de-la-Garde, avec un financement spécifique, sera la première occasion de tester cette solution. D’autres liaisons seront à l’étude comme entre la gare VAMP à Vitrolles et l’aéroport (une liaison par navette autonome sera également étudiée) ou encore la gare de Saint-Antoine et l’Hôpital Nord.
L’agenda de la mobilité représente un investissement de 3 milliards d’euros d’ici à 2025.
Concernant le financement, la Ligne Nouvelle Provence Côte d’Azur, indispensable à l’essor du réseau ferré, pèse à elle-seule, 2,5 milliards d’euros. Sa vocation est de relier l’arc latin européen de l’Espagne à l’Italie, et devra mobiliser l’engagement de l’Etat mais aussi de l’Union européenne. Le programme routier représente une enveloppe de 2,4 millions d’euros entre 2017 et 2025. Les autres projets de transports en commun représentent, en tout, un budget d’environ 6 milliards d’euros (y compris le renouvellement du métro marseillais et l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite), dont 3,3 milliards d’ici à 2025. Cela représente un engagement annuel de 330 millions d’euros par an, soit le triple des efforts consentis par toutes les collectivités entre 2009 et 2013.
Liens utiles :
[Vidéos] La mobilité métropolitaine : méthode, agenda et grands enjeux avec Jean-Pierre Serrus
[Transports] Agenda de la mobilité métropolitaine : la fin du tout voiture enfin !
Reportage réalisé en partenariat avec la Métropole Aix Marseille Provence.