La réglementation sur les conditions de démantèlement des grands bateaux de marchandises se durcissent. Une entreprise toulonnaise, Topp Decide, en profite pour pousser un projet de base de recyclage des navires à Fos-sur-Mer.
En juin 2018, la Métropole Aix-Marseille Provence écrit dans son livre bleu : « Un projet se dessine notamment sur le chenal de Caronte, qui pourrait accueillir un site de démantèlement des navires de la marine nationale et marchande et un site de formation dédié aux métiers de la déconstruction ». Un an et demi plus tard, l’idée a fait son chemin auprès des acteurs privés, des collectivités et des pôles de compétitivité. Christophe Avellan, directeur adjoint en charge des projets au Pôle Mer Méditerranée, prédit « une annonce importante pour la création de cette filière à la moitié de l’année 2020, après les élections municipales ».
L’Inde, leader du démantèlement, rentre dans le rang
Depuis des années, les grands armateurs envoient leurs paquebots en fin de vie se faire démanteler en Inde, en Chine, au Bangladesh… « Il n’y a quasiment pas de réglementation sur ces chantiers. Les conditions de travail au niveau humain et environnemental y sont dramatiques », raconte Christophe Avellan. Et les coûts pratiqués ridiculement bas. Dans ces conditions, difficile pour la France d’être compétitive. La seule solution est de mettre en place des contraintes réglementaires au plus haut niveau des États. En 2009, la convention internationale de Hong Kong pour un recyclage sûr et écologiquement rationnel des navires est adoptée.
Son objectif est de s’assurer que les navires en fin de vie ne posent au moment de leur recyclage « aucun risque inutile pour la sécurité et la santé humaine ou pour l’environnement ». Seulement, le texte n’a jamais été appliqué car deux conditions ont été imposées pour son entrée en vigueur : la ratification par 15 États et par 40 % de la flotte mondiale en tonnage. En juillet dernier, la Turquie a ratifié l’accord et le 29 novembre dernier, l’Inde, le plus grand pays au monde en matière de démolition des navires, est devenu le quinzième état à apposer sa signature. « C’est une avancée majeure qui donne enfin corps à la convention de Hong Kong. C’est l’occasion pour notre territoire d’utiliser son savoir-faire et de capter le futur marché de la déconstruction navale qui va enfin pouvoir se développer en Europe », s’enthousiasme Christophe Avellan.