Uniper a annoncé vendredi son intention de faire appel de la décision d’annulation de l’autorisation d’exploitation de sa centrale biomasse de Gardanne. Le tribunal administratif de Marseille avait rendu son verdict la veille suivant les conclusions du rapporteur public qui a estimé que son impact majeur sur les forêts du Sud-Est aurait été sous-évalué. Selon les juges, l’étude d’impact n’est pas proportionnée à l’importance et à la nature du projet rappelant que la centrale consommera au moins 25% des ressources forestières locales. Ils jugent également que les dégâts sur l’environnement des camions qui alimenteront la centrale en bois et la pollution atmosphérique n’ont pas été correctement pris en compte.
« Nous rappelons que nous avons répondu à un appel d’offres lancé en 2010 par l’Etat qui a validé notre plan d’approvisionnement. L’exécution de ce plan a fait l’objet d’adaptations prenant en compte les remarques des membres du comité régional biomasse. Une large et constante concertation placée sous l’autorité de l’Etat et à laquelle participent les requérants mais aussi d’autres acteurs », s’est défendu Luc Poyer, président d’Uniper France dans un communiqué.
Un coup dur pour la plus grande centrale biomasse de France
Ce projet de centrale biomasse, la plus grande de France, a été largement soutenu par l’Etat dans le cadre du grenelle de l’environnement. Le site est dimensionné pour brûler 850 000 tonnes de bois par an et l’énergie produite pourrait à terme représenter 6% de la production d’électricité de la région Provence-Alpes Côte d’Azur. Le groupe a misé gros sur ce chantier lancé en juin 2013. Au total, il a investi 250 millions d’euros dans la reconversion d’une tranche de la centrale à charbon de Gardanne. Il y emploie 180 salariés dont près de 80 pour la seule unité de biomasse.
La CGT avait d’ailleurs réclamé la poursuite de l’activité jeudi, peu après l’annonce du jugement. Vendredi, le préfet des Bouches-du-Rhône a donné dans un arrêté un mois à l’industriel pour dire s’il veut continuer d’exploiter le site ou cesser son activité. Uniper se voit offrir, au total, un délai de neuf mois pour constituer une nouvelle demande d’autorisation. En attendant, l’exploitation de la centrale peut se poursuivre, selon le décret.