C’était l’un des symboles que l’ensemble des acteurs du territoire étaient fiers de mettre en avant pour démontrer l’attractivité du territoire. Mais l’arrivée de l’industriel chinois Quechen Silicon Chemical, spécialisé dans la fabrication de silice pour la production de pneus verts, maintes fois reportée, ne se fera sans doute pas. L’investissement de 105 millions d’euros devait permettre la création de 130 emplois directs et avait été annoncé en janvier 2018 à l’occasion de la visite d’Emmanuel Macron en Chine. La victoire du territoire avait été acquise après plusieurs années de compétition entre de nombreux sites européens en concurrence. La zone industrialo portuaire de Fos l’avait finalement remporté “en finale” face à Rotterdam.
Cela faisait plusieurs mois que les acteurs impliqués dans le dossier s’interrogeaient sur la réelle volonté de l’industriel de s’installer ici.
Contraint par la crise du Covid, sans doute lassé par les complications réglementaires mais aussi par une offre qui a changé plusieurs fois de sites sur la zone du projet Piicto, le Chinois a finalement écrit au président du Grand port maritime de Marseille (GPMM) pour lui annoncer son renoncement au projet. « J’ai reçu il y a environ deux mois une lettre qui signifiait la suspension du projet d’implantation» nous confie vendredi 2 décembre Hervé Martel, le président du directoire du GPMM appris auprès de ce dernier vendredi 2 décembre.
La mauvaise nouvelle a été confirmée, lundi 5 décembre par le directeur de Provence Promotion, Philippe Stéfanini, qui s’était particulièrement impliqué dans le dossier.« Quechen a renoncé à la réservation des fonciers auprès du port.» Pour ce spécialiste de l’attractivité économique,« la différence entre l’Europe, l’Asie et les Etats-Unis du coût du GNL (gaz naturel liquéfié), source énergétique qui devait alimenter l’usine de Quechen à Fos, est la principale explication de la décision de l’industriel chinois. Cette différence rend quasiment impossible la constrtuction d’une usine utilisant autant de gaz en Europe» affirme Philippe Stéfanini à Gomet’.
Pourtant, l’espoir renaît en octobre 2021
Et de retracer les hauts et les bas de ces 24 derniers mois.« En janvier 2020, il y avait un accord entre le port et Quechen sur le foncier définitif. C’était juste avant le confinement. On devait avoir la signature du bail à construction dans le courant de l’année… Après tout s’est fermé. Et c’est devenu très compliqué d’avoir un projet piloté depuis la Chine» observe Philipe Stéfanini. Pourtant, selon lui, en octobre 2021, le projet retrouve de sa vitalité.« Il y a eu un comité de pilotage à la sous-préfecture d’Istres. M. Que (le PDG de Quechen, ndlr) est intervenu en visioconférence pour relancer le projet. Et puis en février 2022, on est tombé sur la guerre en Ukraine, avec l’inflation sur le gaz notamment, qui rend impossible économiquement l’installation d’une usine au GNL en Europe. »
Le MOU (memorandum of understanding) signé en 2018 est désormais caduc mais le directeur de Provence Promotion dédramatise.« A l’époque nous n’avions que Quechen comme nouveau projet industriel, aujourd’hui, il y en a de très nombreux.» Et last but not the least, l’offre industrielle “plug and play” sur la zone industrielle du port est désormais bien formalisée.« Les choses sont préparées aujourd’hui. Ce n’était pas les cas il y a cinq ans» reconnait Philippe Stéfanini,« car nous sortions d’une période où il n’y avait plus de projets industriels neuf depuis 20 ou 30 ans. Forcément le redémarrage de la machine à aménager a pris du temps.»
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Le dossier Quechen dans les archives de Gomet’